Réponse à: CONFUS (vider son sac)

Surnom: CONFUS
Pays: Canada
Âge: 42
Sexe: masculin

Au cours de ma trentaine très difficile (insomnies, dépressions, mal de vivre, burn out, séparation, dépendance affective, problèmes de santé, etc.), j'ai dû recourir à de l'aide professionnelle pour m'en sortir. Durant cette période, j'ai également senti le besoin de m'éloigner de mes parents. J'ai ressenti comme un dégoût sur à peu près tout de ce qu'ils m'avaient transmis comme valeurs et tout ce qu'eux mêmes représentaient.

L'éducation que mes parents m'ont donnée est, je crois, la source des problèmes que j'ai vécus. En gros, ce sont des gens qui ne se respectent pas et qui "s'écrasent" devant les autres. En tant que bon catholique, il ne fallait surtout pas s'affirmer et faire valoir ses droits car ça risquerait de déranger son voisin, son ami, son prochain. Leur conduite de vie et les remontrances qu'ils nous faisaient étaient presque toujours basées sur le "qu'est-ce que les autres vont penser"...

Nous, les enfants, on ne manquait de rien matériellement, mais on ne s'est jamais sentis importants à leurs yeux. Leurs amis, par contre, eux, semblaient très importants. Et il était primordial de tous bien paraître devant eux. Ce que les amis, les relations et M. ou Mme Untel allaient penser était sacré et hyper important. Dans la famille, il n'y avait presque pas d'affection, pas de communication, pas d'amour. Même pas entre mes parents. Sans être alcoolique, mon père buvait régulièrement, désirait toutes les femmes sauf ma mère et la prenait pour une servante.

Ma mère, elle, jouait à la victime, au martyre, se plaignait tout le temps, pleurait et voulait se faire prendre en pitié. Mon père était très sévère. Ils insistaient beaucoup (subtiles pressions) pour que l'on réussisse à l'école, au travail et dans nos activités. Il fallait qu'ils puissent être fiers de nous et qu'ils puissent épater la galerie devant leur famille et leur amis.

Ma question est la suivante. Maintenant que j'ai pris conscience de tout ça, devrais-je leur "vider mon sac comme il faut" pour tout le tort qu'ils m'ont fait ? Est-ce nécessaire pour "guérir" ? Car je suis loin d'avoir régler tous mes problèmes, je manque encore beaucoup de confiance en moi. Je m'interroge. Ils sont passablement vieux (lucide et en santé, mais 79 ans) et je ne voudrais pas "faire ça pour rien" (on sait bien ! je ne dois pas déranger les autres !)

Au cours des dernières années, je me suis tout simplement éloigné d'eux, repoussant discrètement les appels, les visites et les invitations. Je sais qu'ils en sont très frustrés et ils ne comprennent pas pourquoi leur "bon petit gars" d'autrefois ("à qui ils ont tout donné", diront-ils) ne vient pas prendre soin, prendre des nouvelles et visiter ses parents comme il se doit. Ils ne lâchent pas prise, talonnent toujours et tentent de se faire prendre en pitié. "On s'ennuie, on est abandonné par nos enfants", disent-ils.

Pour ma part, je les ignore et fais semblant de rien. Je sais bien que cette attitude est encore plus frustrante pour eux. C'est comme si elle permettait de me venger et de leur faire payer leur manque de compétence comme parents et le mal qu'inconsciemment ils m'ont fait.

Mon attitude est-elle correcte ? Votre avis svp.

Merci beaucoup, votre site je crois aide beaucoup de gens.

Bonjour Confus,

Je comprends bien les raisons qui vous ont poussé à vous éloigner de vos parents durant quelques années.

Je comprends moins les raisons qui vous font vous interroger sur la « pertinence de vider votre sac » et leur « faire payer le manque de compétence » à votre endroit. Vider votre sac sur eux, c'est les considérer comme un dépotoir. Une telle attitude démontrerait que vos habiletés relationnelles sont aussi nulles que les leurs. Leur faire payer leur manque de compétence est une attitude vengeresse qui d'abord ne les rendra pas plus compétents et ensuite ne vous rendra en rien plus heureux.

Sachez que je peux comprendre votre colère et votre manque d'empressement ou de sollicitude à leur égard. Mais c'est votre problème à vous et c'est donc à vous seul qu'il appartient de le régler.

J'ai pour hypothèse qu'ils ont fait ce qu'ils ont pu (c'est-à-dire pas grand chose) avec les moyens qu'ils avaient (leurs propres blessures d'enfance).

Videz plutôt votre sac auprès d'un psychologue (eh oui, encore !) qui vous aidera à gérer votre colère sans déranger les autres, comme vous le dites si bien. Il y a des façons symboliques de le faire qui dépassent en efficacité toute attitude de vengeance.

Je vous souhaite le meilleur, Confus !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue