Réponse à: CURIEUSE (syndrome de Stockholm)

Surnom: CURIEUSE
Pays: Suisse
Sexe: féminin

Connaissez-vous le syndrome de Stockholm? Si oui, pouvez-vous me donner sa définition.

Merci d'avance.

Bonjour Curieuse,

Vous vous intéressez au syndrome de Stockholm.

Stockholm est la capitale de la Suède. Dans cette ville, en 1973, six bandits ont commis un vol de banque avec prise d'otages. L'aventure dure six jours. À la surprise générale, les employés de la banque, loin de mépriser leurs agresseurs, leurs témoignent au contraire une réelle sympathie.

Le syndrome de Stockholm, c'est la victime qui adopte, au moins provisoirement, les valeurs de l'ennemi. Il ne s'agit pas d'une longue privation sensorielle ou d'une période de désinformation ou même d'un lavage de cerveau. Pour convertir les otages à leur cause, les bandits se montrent simplement compatissants envers eux en leur offrant des sandwichs et des jus et en leur parlant avec respect.

Comment cela se peut-il ?

Nous éprouvons tous le besoin quotidien d'un lieu et d'un espace pour discuter de notre perception de la réalité et pour partager quelques préoccupations. Ces échanges sont des rituels qui nous apportent la satisfaction d'être confirmés dans nos valeurs : «Telle chose est drôle, n'est-ce pas ? Tel accident est terrible, non ?, etc.» On s'attend tous à une confirmation quasi-automatique. Dans une prise d'otage, ces petits moments sont souvent bousculés, sinon absents. Un agresseur qui, à l'aide d'une arme, tient en joue des employés ne parlera normalement ni d'actualité ni de la pluie et du beau temps avec ses victimes ! Ça ne ferait pas sérieux ! Les otages, eux, dans leur panique, ont pourtant besoin de s'en remettre à quelqu'un, de se relier. Lorsque les agresseurs parlent gentiment de «petites choses» avec leurs otages, ils induisent le syndrome chez leurs victimes.

Ce besoin est tellement fondamental que, en situation de crise, les otages adopteront les valeurs et les idées du groupe agresseur (même si elles sont hostiles) plutôt que de se retrouver dans un vide culturel. Mieux vaut des idées hostiles qu'un vide total.

C'est ainsi que lors des résolutions de situations problématiques où il y a prise d'otages, il faut tenir compte de l'existence de ce syndrome chez les victimes. Ces derniers ont parfois endossé, du fond du c ur, des idées nouvelles que pourtant ils ignoraient ou même combattaient la veille. Plus longue est la prise d'otage, plus cette situation risque de se produire et plus l'ancrage sera fort.

Lorsque les otages sont sauvés et lorsque leur environnement habituel s'indigne de leurs «conversion», il en résulte un état de confusion parfois temporaire, mais parfois durable. Il peut en résulter aussi une rigidification des nouvelles valeurs adoptées.

Le syndrome de Stockholm n'a pas fini de faire couler de l'encre !

Merci d'avoir attiré l'attention de nos usagers sur ce point.

Bien à vous,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue