Réponse à: DÉJÀ MORTE (veut se suicider très bientôt)

Surnom: DÉJÀ MORTE
Pays: Canada
Âge: 41
Sexe: féminin

Bonjour, je crois sincerement etre rendue au bout de ma vie. J'ai parfois envie de faire des démarches pour essayer de m'en sortir mais c'est difficile n'ayant pas de médecin par- ticulier et trouvant trop impersonnel les cliniques sans rendez-vous pour exposer ma vie. Apres avoir été des années à être incapable de pleurer, voilà que depuis environ 5,6 mois, je pleure presque tous les jours. J'ai aucune estime de moi ce qui me fait reculer pour ce qui est de demander de l'aide. Je pense au suicide continuellement mais je ne veux pas que mes 3 enfants en souffre comme moi-même j'ai souffert et souffre encore du suicide de ma mère (par pendaison) alors que j'avais 16 ans. Mon mari croit que mon problème est hormonal, moi je ne sais plus, mais je sais que je finirai sûrement mes jours très bientôt dans un accident de voiture peut-être, seule,seule.....

Bonjour, chère personne toujours vivante.

Je me refuse à utiliser ce surnom de déjà morte que vous avez employé parce que ce n'est pas vrai. Vous n'êtes pas déjà morte mais toujours vivante.

D'accord, si vous regardez le peu de vie qui reste en vous, cela peut donner l'impression que vous êtes déjà morte, pourtant vous avez écrit cette lettre. Au sens strict, vous êtes donc toujours en vie. Et même si la plus grande partie de vous ne veut pas de cette vie, il reste encore un petit bout de vous qui s'accroche éperdument à la seule vérité que vous connaissez encore : il ne faut pas pour les enfants.

Et vous avez raison sur ce point. Vos enfants en souffriront comme vous en avez souffert. Peut-être même plus puisqu'ils auront l'impression qu'une sorte de sort les destine eux aussi à mourir par suicide. J'imagine même la lettre qu'un d'eux pourrait écrire un jour : «Ma grand-mère et ma mère se sont suicidées. Je n'ai plus le goût de vivre et c'est mon destin de mourir ainsi »

Il est vrai que la lutte, actuellement, vous semble impossible. Vous n'avez pas la force de consulter. Vous avez l'impression que vous ne pouvez pas vous mobiliser pour vivre, que c'est trop dur, que vous n'y arriverez pas.

Je vous propose une chose. Une seule.

Appelez dans le centre de prévention du suicide le plus près de chez vous et dites-leur simplement : aidez-moi, je n'ai plus d'énergie, je ne suis plus capable. Et laissez-vous porter par ce qu'ils vous diront. Il n'y a que sept chiffres à faire. La petite partie de vous qui tente désespérément de vous sauver la vie et qui a écrit cette lettre est certainement capable de faire ces sept chiffres.

N'attendez-pas. Composez le numéro aujourd'hui. L'heure n'est plus à se demander si votre problème est psychologique ou hormonal. L'heure est à reconnaître que vous n'avez plus d'énergie pour vous battre et que vous devez faire du pouce sur l'énergie des autres.

Composez le numéro maintenant. Faites-le pour vos enfants si vous êtes incapable de le faire pour vous.

Allez-y

Bon courage.

Jean Rochette, Psychologue