Réponse à: DÉPASSÉE (fille de 15 ans repliée sur elle-même)

Surnom: DÉPASSÉE
Sexe: féminin

Je suis la mère d'une adolescente qui a mon avis est pleine crise dépressive. Voici les faits, déménagement en juin 98 vers une région éloignée, depuis ce temps elle pleure sans arrêt, n'a plus le goût de rien, se trouve laide, a de la difficulté avec ses relations interpersonnelles, se dit rejet car elle n'accepte pas son corps, bref quand bien même nous lui mentionnons que nous l'aimons et que nous voulons que son bonheur, elle ne veut rien savoir et nous accuse d'avoir pensés qu'à nous dans ce déménagement. Il faut dire qu'Émilie est une jeune fille de 15 ans très ouverte normalement mais depuis l'été dernier elle se replie de plus en plus sur elle même. J'ai peur de son comportement anormal. Après plusieurs tentatives de sa part nous avons céder à sa demande d'aller pendant la semaine de relâche chez des amies qu'elle avait avant. Nous nous demandons jusqu'à quel point cela peut-être bon puisqu'elle ne fait aucun effort d'intégration dans sa nouvelle école et elle ne veut jamais rien faire en famille non plus.

Alors y a t-il raison à s'inquiéter, et comment devons nous agir avec elle? Je dois préciser ici qu'il y a 1½ an j'ai moi-même fait une dépression majeure et je me sens encore très vulnérable par le chantage émotif que mes ados me font endurer. J'aimerais bien recevoir une réponse à ma question bientôt, merci à l'avance et bonne fin de journée à vous.

Bonjour Dépassée,

Il est possible que la crise de votre fille soit due au passage parfois difficile, de l'adolescence; il est possible qu'elle soit due à ce déménagement qu'elle semble ne pas avoir souhaité (dès lors, il est normal qu'elle ne fasse aucun effort d'intégration dans sa nouvelle école); il est aussi possible qu'elle vous imite dans votre dépression d'il y a un an et demi.

Dans les trois cas, il est important que vous et votre conjoint soyez à l'écoute de sa souffrance. Vraiment à l'écoute.

Lorsque vous lui dites "que vous l'aimez" et que "vous voulez son bonheur" (ce qui est légitime et vrai, sans nul doute), vous adoptez un langage d'adulte et un point de vue de parent (ce que vous êtes, bien entendu). Cependant, l'écoute de sa tristesse aurait intérêt à se faire à partir d'un angle différent, le sien.

Par exemple : Elle se trouve laide et n'accepte pas son corps; vous pourriez dire "Oui, c'est difficile de s'accepter, parfois". Elle pleure sans arrêt; vous pourriez dire "Oui, c'est très triste, très dur". Elle a de la difficulté avec ses relations interpersonnelles; vous pourriez dire : "C'est pas évident de se faire des amis". Plus que les mots et les expressions, c'est l'attitude (le c ur ouvert) qui compte. Ces exemples de réponse montrent que vous êtes à son écoute à elle.

Il serait sage, aussi, que le psychologue de l'école rencontre Emilie pour favoriser sa meilleure intégration dans l'école.

Vous avez accepté, à sa demande, d'aller pendant la semaine de relâche chez des amies à elle. À la bonne heure ! Vous êtes à son écoute !

Je vous invite, finalement, à lire le livre de Jacques Salomé, "T'es-toi quand tu parles" aux Ed. Albin Michel.

Bonne chance avec vos ados, Dépassée !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue