Réponse à: E (abuseur)

Surnom: E
Sexe: masculin

Ma réflexion sur le sujet peut peut-être soulevé bien des réactions devant certains mais que voulez vous. Il y a une théorie qui dit qu'un abuseur qui a vécu de l'abus sera a son tour un abuseur. Or il y a des études qui démontre qu'il y a beaucoup de femmes qui sont victimes d'agression sexuel que les hommes qu'en pensez-vous ? Pour ma part je crois que cette théorie ne tient pas debout puisque si on croit cette théorie il y aurait plus de femmes qui abuseraient que les hommes. Et si les victimes de vampire deviendront-ils à leur tour des vampires et les personnes victimes d'enlèvement seront-ils des kidnappeurs à leur tour et les victimes d'un incendiraire seront-ils des piromanes à leurs tour ?

Bonjour e,

L'énoncé qui dit qu'une personne qui a vécu un ou des abus sexuels dans son enfance deviendra à son tour un abuseur n'est pas à proprement parler une «théorie». Il s'agit d'une idée assez répandue, qui a surgi suite à plusieurs recherches sur le sujet.

On l'énonce comme suit : un agresseur sexuel a été lui-même victime d'agression sexuelle dans son enfance. Dans quelle proportion ? Les données varient considérablement d'une étude à l'autre : la présence d'un traumatisme sexuel dans l'enfance des agresseurs se chiffre à 23 % dans certaines recherches et à 90 % dans d'autres recherches. Un chiffre de 40 % semble constituer une donnée valable. Ceci revient à dire que sur 100 agresseurs, 40 d'entre eux ont eux-même subi un traumatisme sexuel.

Si on parle de femmes agresseurs (il y en a moins), la proportion monte à 100 %. Ce qui revient à dire que sur 100 femmes ayant agressé des enfants, toutes ont été victimes d'abus sexuels dans leur enfance. Il importe de faire attention au raisonnement suivant : l'agression sexuelle dans l'enfance ne peut être considérée comme un facteur causal de délits sexuels futurs. Elle ne représente qu'un facteur de risque parmi plusieurs autres. On ne sait pas encore avec exactitude sous quelles conditions une agression sexuelle dans l'enfance mènera ou non à des délits sexuels futurs. Il est vraisemblable que ces conditions soient variables et fluctuantes selon les individus et ne suivent pas de constante établie. C'est sans doute la raison pour laquelle elles ont échappé aux chercheurs.

Autrement dit, un agresseur sexuel a peut-être été abusé dans son enfance. Mais les enfants victimes d'abus ne deviennent pas forcément des abuseurs eux-mêmes.

Par ailleurs, les victimes de vampires ne deviennent pas des vampires ! Si vous parlez des morts qui sortent des cercueils pour sucer le sang des vivants, ces vampires-là n'existent que dans les films et non dans la réalité. Si vous parlez des chauves-sourie, leurs victimes (des mammifères) ne se transforment pas en vampires : elles se font mordre et survivent assez bien à leurs morsures.

Les victimes d'enlèvement ne deviennent pas des kidnappeurs et les victimes d'un incendie ne deviennent pas des pyromanes. Kidnapper et allumer un incendie sont des comportements d'exception par opposition à l'activité sexuelle qui est un comportement naturel et spontané chez l'être humain. Ils ne sont donc pas comparables. Et même si vous les compariez, vous ne trouveriez aucune corrélation significative.

Bien à vous,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue