Réponse à: ÉPOUX PERPLEXE (dire non à ses enfants)

Surnom: ÉPOUX PERPLEXE
Pays: Canada
Âge: 51
Sexe: masculin

Je suis marié depuis plus de 25 ans, mon épouse a été diagnostiquée P.M.D. il y a plus de 20 ans à l'arrivée de notre premier enfant. Nous en élevons 3. Ainé 21 an, le deuxième 18 ans et la cadète 15 ans.

Depuis sa maladie, mon épouse est devenue plus fragile. Bien qu'elle soit demeurée fidèle au lithium, elle subit toujours ses haut et ses bas. Elle demeure cependant toujours connectée à la réalité.

Le problème est le suivant. Parce qu'elle est fragile, elle a beaucoup de difficulté à dire NON aux enfants dans quelques domaines que ce soit. Ainsi les NOM à transmettre me sont toujours délégués et ainsi les enfants en sont venus à associer le NOM au père et le OUI à la mère. La relation de la famille en prend pour un coup.

L'épouse comprend la situation et mais se dit toujours incapable d'imposer ses NOM, et ce pour éviter les situations tendues, Voyez-vous le cercle....

Quand aux enfants, eux, je pense qu'ils profitent peut-être (inconsciemment je l'espère) de la faiblesse de la mère.

Qu'est ce que je peux faire dans une situation semblable ?? Me séparer et tout abandonner.... un peu facile à court terme. Tenter d'expliquer aux enfants la situation telle que je la vois, seront-ils acheteurs.... Laisser continuer la détoriation du couple et de la famille en demeurant fruster, je ne crois pas être capable d'endurer encore longtemps.

Comme vous le voyez, j'ai besoin d'aide parce que la situation que je vis est d'autant plus difficile que je ne peux en parler avec mon épouse à cause de sa fragilité...

Peut-être existe-t-il des associations d'époux de PMD qui vivent des situations semblables. Est-ce que ça m'aideraient.

Une écoute SVP, un guide si possible. Dans l'atente de vous lire.

Père perplexe.

Bonjour Époux perplexe,

Je constate que vous avez une vision claire de la situation problématique que vous décrivez. Je comprends très bien l'inconfort qui est le vôtre : être celui qui dit non à ses enfants est une tâche ingrate.

Il est heureux que vous ayez envisagé vous-même quelques solutions; je souhaite vous les commenter.

- Vous séparer et tout abandonner ? Est-ce vraiment la solution qui vous semble appropriée ? Votre lettre ne laisse transparaître aucun indice comme quoi vous souhaiteriez mettre fin à la relation avec votre épouse. Je crois qu'il s'agit d'une réaction momentanée de découragement, et non d'un intention véritable.

- Laisser la famille se détériorer et demeurer frustré ? C'est encore une réaction évidente de découragement ! Je vous invite à vous diriger vers le mieux et non le pire !

- Tenter d'expliquer aux enfants la situation telle que vous la voyez; mais seront-ils acheteurs ?

Eh bien voilà ! C'est l'évidence même ! Vos enfants et vous, vous formez déjà une alliance pour aider votre épouse à mieux gérer sa maladie . mais vous pouvez aussi former une alliance pour vous aider à dissiper votre frustration ! Demandez-leur leur aide ! Dites-leur que vous êtes désolé de leur dire non si souvent ! Priez-les d'éviter les demandes déraisonnables s'ils veulent éviter un non !

Seront-ils acheteurs ? Il n'est pas nécessaire qu'ils le soient ! Vous leur expliquerez la situation telle que VOUS la voyez. Votre point de vue, c'est le vôtre, c'est tout. Ne les forcez pas à "acheter" quoi que ce soit. C'est important qu'ils soient informés. Vous pouvez ensuite faire des demandes. L'information d'abord, les demandes ensuite.

Vous dites que vous ne pouvez pas en parler à votre épouse à cause de sa fragilité . je pense qu'il serait pertinent qu'elle soit informée de comment vous vous situez et de quelle sera votre action. Les personnes atteintes de trouble bipolaire (anciennement P.M.D.) sont souvent capables de gérer leur dynamique psychologique personnelle et familiale. Vous pouvez l'informer sans mettre de poids sur ses épaules.

Il existe à Montréal une association des dépressifs et maniaco-dépressifs (801 Sherbrooke E, bureau 301, Montréal, H2L 1K7, tél. : 514-529-5619) et il existe, dans 7 ou 8 villes du Québec, des APAMM (Association des parents et amis du malade mental). Voici le no de téléphone de leur Fédération : 1-800-323-0474; on vous donnera le numéro de téléphone et l'adresse de l'APAMM le plus proche de votre domicile.

Bonne chance, Époux perplexe !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue