Réponse à: Marilyne

Âge: 40
Sexe: féminin
La question concerne un problème que vous vivez ? OUI
Considérez-vous ce problème comme étant grave ? TRÈS GRAVE

J'ai cru comprendre que la production de sérotonine avait une influence majeure en ce qui concerne l'adaptation au stress, la dépression, les phobies. Comment de façon naturelle peut on favoriser la production de celle-ci (alimentation, produits naturels, millepertuis, etc.).

Je souffre depuis toujours d'hypocondrie e j'ai l'impression que malgré tous mes efforts (thérapie congnitive, lectures, relaxation, etc.) aucune amélioration ne s'est produite.

Les années qui défilent et les avertisse- ments de toutes sortes en ce qui concerne les risques de maladies et la prévention, ne font qu'augmenter mon hypocondrie.

C'est pour cette raison que je me questionne au sujet de la production de sérotonine. N'existerait- il pas des facteurs héréditaires et physiologiques à l'hypocondrie.

Cela expliquerait la prédisposition de certaines personnes d'une même famille, mais non élevés par les mêmes parents à souffrir des mêmes sympômes.

Cela expliquerait que la prise d'antidépresseurs a un effet bénéfique dans le traitement de l'hypocondrie selon certaines études. Études qui prétendent même que seul la prise d'anti-dépresseur est efficace en ce qui concerne l'hypocondrie.

J'aimerais avoir votre opinion sur le sujet. Car j'ai l'impression d'avoir perdu la partie en ce qui concerne mon état. Et que le pire est à venir.

Merci à l'avance

Maryline

Effectivement les spécialistes considèrent de plus en plus qu'un facteur biochimique serait en cause dans les troubles anxieux. Différents mécanismes ont été identifiés (dont, le recaptage de la sérotonine par la membrane pré-synaptique lors de la transmission de la sérotonine d'une cellule nerveuse à l'autre et la sensibilité des récepteurs du neurotransmetteur CCK). Certaines médications, dont certains antidépresseurs, donnent souvent de bons résultats, par exemple dans le trouble panique. Selon des collègues médecins, les résultats de la médication sont plus mitigés dans le cas de l'hypocondrie. Elle peut atténuer le trouble mais ne suffit pas à l'enrayer.

Si un trouble anxieux a une origine biologique, cela veut-il dire que le travail au niveau psychologique soit inutile? Au contraire, une personne qui présente une vulnérabilité physiologique a besoin, plus que d'autres, surtout si la médication ne suffit pas à contrôler complètement le trouble, d'apprendre à utiliser des stratégies pour gérer ses états de la même façon, par exemple, qu'une personne atteinte de diabète a besoin, plus que d'autres, de contrôler son alimentation. On parle davantage de soulager l'hypocondrie que de la guérir.

Vous dites avoir essayer différents moyens (thérapie cognitive, lectures, relaxation) qui n'ont pas fonctionner. Voici quelques point concernant ces moyens:

Dans le cas de l'hypocondrie (Voyez la question fréquente "Comment se développe l'hypocondrie et comment la surmonter?"), les recherches semblent indiquer que la thérapie cognitive seule, dans sa définition la plus stricte (révision des croyances et des pensées automatiques concernant les douleurs, les malaises et les maladies), ne donne que très peu de résultat. Ce qui s'avère efficace, tout comme dans le cas de l'obsession-compulsion, c'est de cesser les comportements de recherche de réassurance concernant sa santé (aller voir le médecin, passer des tests, raisonner et argumenter pour se convaincre) et d'apprendre à gérer autrement cette anxiété. Il faut d'abord accepter de tolérer l'anxiété et, ce faisant, se permettre de découvrir et de mettre en pratique, graduellement, des stratégies qui réduisent l'intensité et la durée de cette anxiété. Il s'agit de se contenter d'observer ses pensées anxieuses (sans tenir à les éliminer) et d'orienter son attention vers autre chose. Avec l'expérience, on découvre différentes façons de réussir à le faire.

Nous voyons des clients faire des progrès de cette façon. Par exemple, l'une de nos jeunes clientes réussit à réduire la durée de son anxiété (qui allait jusqu'à la crise de panique) lorsqu'elle se produit au travail en allant discuter quelques minutes avec un collègue afin de se changer les idées. Ayant observé que ses peurs concernant la santé se manifestent souvent avant de s'endormir, elle a décidé de s'occuper préventivement l'esprit en écoutant de la musique, ce qui a diminué la fréquence de ses peurs. Elle a aussi décidé, pour l'instant, d'éviter de lire les articles de revues sur les maladies des personnalités connues. Il lui est encore difficile de ne pas aller discuter de ses symptômes et de ses peurs avec sa mère pour se faire rassurer mais elle a cessé de le faire. Avec le temps, elle découvrira d'autres façons pour moins se laisser envahir par ses peurs. Nous voyons aussi d'autres clients qui, parce qu'ils ne comprennent pas, ou qu'ils n'y croient pas ou qu'ils ne sont pas prêts à faire de tels efforts, ne cessent pas de chercher de la réassurance et qui choisissent de s'en tenir à l'idée qu'ils ne peuvent s'en empêcher. Ils n'ont pas de résultats. De la même façon, toutes les lectures et la compréhension que l'on peut acquérir ne donneront pas de résultat tant que l'on ne décide pas de cesser la recherche de réassurance.

Pour ceux qui choisissent de faire l'effort d'apprendre à tolérer et à gérer leur anxiété. Il y a différents moyens de développer des habiletés pour le faire. Ce sont les techniques de relaxation, notamment parce qu'elles entraînent à laisser passer les idées tout en revenant à un objet de concentration et parce qu'elles favorisent un état physiologique de détente incompatible avec l'anxiété. Cependant, il ne s'agit pas d'un travail d'apprentissage de quelques semaines mais de plusieurs mois (que l'on poursuit à travers les années pour améliorer et maintenir les résultats). Voyez la question fréquente "Comment relaxer" et dans la section Suggestions de lectures "Relaxer. Des stratégies pour apprivoiser notre stress."

Voici un autre point important. Il ne faut pas évaluer le problème en terme de tout ou rien (faire ou non de l'hypocondrie) ce qui empêche d'apprécier les progrès(en faire moins souvent, moins longtemps et moins intensément). Par ailleurs, le niveau de contrôle obtenu fluctue dans le temps. Il y a des périodes où, pour diverses raisons (ex. période prémenstruelle, stress), le contrôle peut devenir plus difficile. Il est important alors de ne pas conclure à l'échec.

Malheureusement, si l'on souhaite éliminer complètement le trouble, en peu de temps et peu d'efforts, il n'y a effectivement aucune méthode qui fonctionne.

Bon courage

Hélène Lebel
Richard Paquette

Psychologues, M.A.
PsychoMédia