Réponse à: FLOW (faut-il dire à sa famille l'inceste subi ?)

Surnom: FLOW
Pays: France
Âge: 37
Sexe: féminin

Mon père m'a toujours aimée plus que l'on ne peut aimer son enfant :amour passion, amour admiration, amour destructeur..

Veuf de sa seconde femme (ma belle-mère) lorsque j'avais 10ans, il a transféré son affection d'homme sur moi-même,redéfinissant ainsi son couple par définition perdu..

J'ai de plus eu la charge de m'occuper de ma fratrie et ai du dormir longtemps, trop longtemps avec mon père, nu.La "loi" dit qu'il n'y a pas viol s'il n'y a pas pénétration, quelle folie !A 10 ans, une nuit -LA nuit- j'ai senti le sexe de mon père en érection dans mon dos.Anorexie, dépressions : 10 ans de thérapie m'ont permis de m'en sortir (ne pas mourir).Aujourd'hui mère de 2 enfants (de 2 pères différents, séparée...) je demeure dans l'incapacité d'être une femme.

Dire à mes frères et à ma soeur ce qu'il s'est passé peut-il m'aider?

Merci d'avance.

Bonjour Flow,

Vous avez raison, le point de vue légal et le point de vue psychologique diffèrent sur ce point. La situation que vous avez vécue est une forme de viol et l'inceste n'a pas besoin de pénétration pour porter ce nom.

Vos frères et votre s ur étaient probablement plus jeunes que vous. N'ont-ils jamais rien vu ou rien su des escapades nocturnes de leur père ? On a raison de dire que l'inceste est vraiment «le secret le mieux gardé» (titre d'un livre). Flow, face à votre question (Dire ou ne pas dire à vos frères et à votre s ur), je ne sais trop quoi vous répondre. Je ne les connais pas et je ne sais comment ils vont réagir. Ce n'est pas tant le fait de dire qui est important . c'est ce qu'ils feront avec cette information qui peut faire toute la différence. Seront-ils scandalisés ? Vont-ils prendre votre parti et blâmer ou condamner votre père ? Où chercheront-ils à minimiser l'événement (« Ecoute, c'est pas si grave . franchement . il ne t'a rien fait»). Vous saisissez ? Tout est là. S'ils choisissent cette deuxième option . vous risquez d'avoir très mal et de vous sentir très isolée. Mais s'ils choisissent la première option, vous trouverez appui et consolation, tardifs certes, mais solides et chaleureux. C'est ce que je vous souhaite, Flow.

Aussi, pourquoi ne pas dire à votre père que vous vous souvenez très bien de ses agissements, qu'ils ont freiné votre développement et qu'à 37 ans vous éprouvez encore des difficultés à vous sentir femme (le tout dit sans animosité, mais en toute lucidité).

Flow, persévérez dans vos efforts pour vous libérer. C'est une tâche ardue, je le sais, mais réaliste.

Bien à vous.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue