Réponse à: KAREN (viol et inceste gardés sous silence)

Surnom: KAREN
Pays: Canada
Âge: 32
Sexe: féminin

Bonjour quand j'avais 9 ans j'ai été violée par un monsieur qui habitait près de chez moi.Mes parents n'ont pas voulu porter plainte car nous vivions alors dans une petite ville et je pense qu'ils croyaient qu'on oublierais tous cela plus vite si on enterrait l'affaire.Ils n'en ont jamais reparler! Par la suite, j'ai subi l'inceste de la part de mon frère de l'age de 13 à 17 ans.Pas besoin de vous dire que je n'en ai jamais parlé à mes parents!On étouffe ça chez nous les choses comme ça!Sauf que moi je n'ai jamais oublié et je n'ai jamais cesser de me demander si c'est moi qui avait provoquer tout ça et comment j'avais fait pour le provoqué.Croyez vous qu'il est possible que j'oublie tout ça un jour et que je puisse enfin me sentir libre car je me sens emprisonnée dans mes secrets et dans ma tête.J'ai parfois l'impression d'aller mieux mais quand les images me reviennent c'est toujours plus pesant à chaque fois et ça me fais étouffer aidez moi s'il vous plait à comprendre ce qui m'arrive.C'est loin tout ça et je ne comprend pas pourquoi ça me hante autant.Devrais je couper les ponts avec mon frère (il ne m'en a jamais reparlé et on fait tout les deux comme si de rien n'était)? Merci de votre attention

Bonjour Karen,

Les enfants victimes d'abus sexuels, soit par un tiers, soit par un membre de la famille (et vous avez connu les deux) sentent très souvent que c'est leur faute et qu'ils ont provoqué l'événement. C'est une réaction normale et compréhensible chez un enfant, mais elle est erronée.

Ce sont les adultes qui sont responsables et non les enfants.

Lorsqu'on dit qu'un enfant est irresponsable, ce n'est pas une critique ni une insulte. C'est un fait. La responsabilité s'acquiert et se développe avec la conscience et la maturité. Elle devrait, en tout cas !

Vous ressentez une vive souffrance à cause de ces événements et c'est normal. Un enfant n'est pas un partenaire sexuel et ne peut assumer une relation sexuelle avec un adulte.

Est-il possible pour vous d'oublier tout ça ? Pas vraiment. De tels souvenirs s'oublient difficilement, d'autant plus que les événements se sont produits à répétition. Par contre, il est très réaliste de penser que votre souffrance puisse s'apaiser et que vous arriviez à vivre en paix avec vous-même.

Tantôt vous allez mieux et tantôt c'est pesant et étouffant. La majorité des personnes ayant vécu ce que vous avez vécu expérimentent l'alternance de mieux-être et de souffrance, Karen.

Vous rencontrez votre frère et tous les deux vous faites comme si de rien n'était. Cette attitude démontre bien que l'inceste fait partie des secrets et des tabous qu'il est dangereux et menaçant de dévoiler. Couper les ponts avec lui ne vous apportera certainement pas la guérison. Je vous invite plutôt à consulter un psychothérapeute (psychologue ou sexologue cliniciens) qui vous guidera afin de vous débarrasser des séquelles de ces abus.

Quant à parler à votre frère, les opinions sont partagées à ce sujet. Selon moi, il est préférable que vous lui disiez que vous vous souvenez de ce qu'il a fait et que vous en souffrez encore. Ce qu'il fera de cette information le regarde.

Bonne chance, Karen !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue