Réponse à: LAURE (troubles de la personnalité)

Surnom: LAURE
Pays: Suisse
Âge: 16
Sexe: féminin

Bonjour.

Je dois avouer que j'ai longtemps hésité avant d'écrire car il n'est pas facile d'exposer ses problèmes même anonymement. Je vais essayer d'être la plus claire possible pour m'exprimer.

Vers l'âge de 5 ans, on a abusé de moi(attou et

...). Puis, un jour cela s'est arrêté et j'ai enfoui ce souvenir en moi. Vers l'âge de 9 ans, ces images me trottaient dans la tête le soir et je cauchemardais la nuit. Mais je ne voulais pas m'avouer ce qui s'était passé. Comme j'étais d'un naturel rêveur, et que la nuit je ne faisais que des cauchemards, j'ai commencé à rêver le jour.

Quand j'allais en voiture, la musique me faisait rêver. Je fermais les yeux et rêvais d'une autre vie. Jusque là, rien d'anormal pour une petite fille. Mais petit à petit, je ne voulais plus vivre que dans ce monde de rêve où les gens étaient forgés selon mon envie. Ce qui fait que j'ai commencé à mettre la musique très fort dans ma chambre et à tourner. Puis, j'ai commencé à parler toute seule. Et j'en suis arrivée à un point où je passais des journées entière à parler tout seule dans ma chambre. Mes amis ne m'intéressaient plus. J'ai vécu ainsi, dans la solitude, pendant 4 ans. Puis j'ai raconté à mes parents ce qu'on m'avait fait, croyant que ça pourrait m'aider. Ca m'a effectivement soulagée mais nous ne sommes allés voir aucun psychiatre et mon trouble a continué pendant 3 ans.

J'en ai parlé à mon père et ai arrêté. Je ne cours plus dans ma chambre après mes hallucinations. Je me retiens. Mais à présent, je mélange le réel avec le virtuel. Je n'arrive plus à faire la part de ce qui s'est réellement passé et de ce que j'ai inventé. Il m'arrive tout le temps de laisser vaquer mon imagination et de reproduire les gestes que je fais dans la pensée (un peu comme Ally Mc Beal...(rire)).

De plus je refuse toute relation avec un garçon quelle qu'elle soit. Le pire est qu'il y a des moments où je me sens tellement mal que je suis obligée de me taper la tête contre les murs pour me soulager, sans parler de mes problèmes quotidiens avec la nourriture: vomissements, refus de manger, perte de 10 kilos, prise de 15 kilos en peu de temps et sans suivis médical.

Je ne sais plus quoi faire, je pense sincèrement au suicide car je suis seule et cela fait maintenant 11 ans que je fiche ce qui devrait être les plus belles année de ma vie en l'air.

Désolée de ne pas avoir fait dans le bref.

Bonjour Laure,

Merci de nous avoir livré ton témoignage; il est vrai que cela n'a pas dû être facile pour toi (écrire et exposer tes problèmes).

Les abus sexuels que tu as subis vers l'âge de cinq ans semblent avoir produits ces cauchemars. Tes tentatives d'évasion, ton repli dans la solitude semblent avoir été des refuges utiles et bienfaisants pour toi. Cependant, à la longue, le réel et l'imaginaire risquent de se confondre; la confusion qui peut en résulter risque donc de devenir problématique. Tu nous rapportes aussi ton refus de contact avec les garçons, des gestes d'auto-mutilation, l'anorexie et la boulimie.

Je trouve très sain que tu aies parlé de tes difficultés à tes parents. Heureusement qu'ils étaient là pour toi et que cela t'a soulagée. Cependant, je trouve dommage qu'à ce moment, ils ne t'ont pas amené voir un psychiatre ou un psychologue pour initier une psychothérapie. En effet, lorsqu'on a vécu un tel traumatisme, il est souvent nécessaire de se faire aider pour s'en sortir.

Il n'est pas trop tard pour consulter un spécialiste, Laure. Insiste auprès de tes parents, ou demande conseil auprès d'un professeur de ton école. Tu peux aussi m'écrire et je te donnerai des ressources dans la région de Lausanne (si c'est là que tu habites). Ne reste pas seule avec ces difficultés : il est réaliste de vouloir se dégager d'un traumatisme sexuel. C'est ce que je te souhaite, Laure !

Bien à toi,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue