Réponse à: LIMBES (destruction du dossier psychologique)

Surnom: LIMBES
Pays: Canada
Âge: 41
Sexe: féminin

Quelle est la procédure pour faire détruire mon dossier psychologique?

J'ai consulté un psychologue et il y a deux mois, la thérapie s'est très mal terminée. En fait, elle n'est pas terminée, mais le psychologue s'est fâché devant mon peu de coopération et il a posé des conditions à la poursuite de thérapie, conditions auxquelles il savait que je ne pourrait souscrire.Tout s'est donc arrêté là.

Je ne suis pas une cliente facile. Je souffre d'une grave carence affective dans laquelle la confiance est touchée. Je fonctionne généralement sur le mode de la méfiance. Je ne sais même pas ce que veout dire "faire confiance". J'essaie d'apprendre, mais ça ne va pas très vite. De plus, j'ai été élevée dans un milieu où la loi du silence était de rigeur. "Obéis et tais-toi. Ce que tu penses et ressens est mauvais, Les adultes savent ce que tu dois penser et sentir" décrirait bien la règle d'or de mon milieu familial. Si bien qu'aujourd'hui, je ne sais pas parler de ce qui loge en moi.

Je m'exprime très bien sur les choses extérieure et mes fonctions cognitives sont tout à fait ajustées, mais au niveau affectif c'est tout autre chose. Je ne sais ni pleurer, ni dire ce qui me trouble. Je n'ai pas de mots pour nommer ce qui me fait peur et m'angoisse. C'est comme un piège dont je ne peux sortir. Souvent, je n'ose même pas essayer de formuler ce qui se passe en moi tant je crains d'être ridiculisée et d'être effectivement ridicule. Je pense parfois que je fais du mutisme élitiste.

Ma seule porte de sortie depuis l'âge de huit ans c'est la pensée que le suicide existe et que je peux y recourir. En thérapie, ce n'est pas facile. J'ai tendance à m'exprimer surtout par l'acting: retrait, position foetale, écriture, envie puissante de quitter le local, où je me sens prisonnière, avant l'heure etc...

De plus, pour le psy, il était clair que je me situais dans le type des personnalités dissociatives. Ce qui m'apparaît très ajusté. Je fus même soulagée qu'enfin quelqu'un puisse nommer ce que je prenais pour des pertes de mémoires qui me fatiguaient beaucoup.

Ce n'était pas la première fois que j'essayais de faire thérapie et je peux dire que dans celle-ci je fonctionnais mieux que dans les autres. Je considérais que ces autres thérapies m'avaient permis de faire de petits bouts de chemin malgré tout.

Mais maintenant, je ne veux plus chercher d'aide. Il est trop douloureux de supporter la rupture faite de cette manière. Il est trop douloureux d'essayer de faire confiance. D'ailleurs on ne peut faire confiance personne dans la vie. De plus, je n'ai plus beaucoup d'énergies à déployer pour ce genre de problèmes. Cette fois-ci, j'étais allée consulter parce que mon mari et décédé très récememnt et que je voulais un lieu d'écoute pour tenir le coup. J'ai de jeunes enfants à la maison.

Je suis très fatiguée de la vie. Un de mes jeunes, maintenant adulte est en prison. A l'adolescence, des psychiatres ont diagnostiqué chez lui un trouble de la personnalité antisociale. Ce furent des années d'enfer. Il a même agressé sexuellement notre bébé fille qui est maintenant prépubère et vit difficilement le deuil de son père. Elle refuse la réalité de la mort. Elle ne se comprend plus. Elle développe des troubles obsessifs-compulsifs...Un pédopsy la suit. Heureusement que maintenant on peut faire certaines choses dans ces cas-là...

Oh! mais qu'est-ce que je fais. Ma lettre est bien longue! Ça suffit de m'apitoyer sur moi-même! Je m'excuse...plus ou moins puisque je vais l'envoyer quand même. Si je m'excusais vraiment, je n'aurais qu'à couper!

Ce que je demande, c'est: Ma thérapie s'est mal terminée. Je ne comprend pas toujours pas ce qui s'est passé. Actuellement, je ne suis même pas capable de retracer ce qui est arrivé dans l'ordre chronologique. Je dois simplement accepter que les psy sont humains. Or, je sais qu'on ne peut faire confiance à aucun humain. Parfois je me trouve stupide de ne pas me fier à mon expérience et d'essayer quand même de faire confiance!

Cette fois je devrais être domptée. C'est à moi de vivre avec mes questionnements et avec mes problèmes. Ce sont les miens. J'en ai assez,

je ne veux plus en rajouter, je veux juste en enleve.

Je n'aime pas beaucoup savoir que mon dossier traînera quelque part dans des classeurs. Il se pase et se dit des choses en thérapie qu'on ne laisse pas voir et entendre ailleurs. Maintenant que ça ne sera plus utile, je voudrais que ce soit détruit. Quelle est la procédure à suivre? Je ne peux entrer en contact avec mon psy si je ne me plie pas à ses conditions, mais il m'est possible de communiquer avec les responsables de l'organisme où il travaille.

La longueur de ma lettre me dit que je n'ai pas encore saisi le premier mot de cette affaire. Mais est-ce vraiment nécessaire de comprendre? Je dois plutôt être simplement très patiente envers moi-même et juste m'occuper à refermer tout doucement le couvercle sur le presto. Ma vie est en danger si je ne fais pas cela.

Merci

Bonjour Limbes,

Votre dossier psychologique ne vous appartient pas. Il appartient au psychologue et/ou à l'organisme qui l'emploie.

Vous ne pouvez donc commander la destruction d'un dossier qui ne vous appartient pas.

Cependant, soyez sans crainte, il se trouve sous clé dans un classeur nommé «Archives» ou «Dossiers fermés». Le secret professionnel est une chose sérieuse et rien ne sera dévoilé à personne. Votre dossier sera détruit automatiquement au bout de . x années (?). Téléphonez au service des archives pour demander la politique de l'établissement.

Bien à vous et bonne chance, Limbes !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue