Réponse à: Megane (difficulté à rompre)

Surnom: Megane
Pays: Canada
Âge: 28
Sexe: féminin

Je suis présentement étudiante à l'université, en fait c'est ma dernière année de bacc. Mon problème va peut-être avoir l'air ridicule, mais pour moi il est très problématique, en fait il me fait souffrir de plus en plus. Voici donc la situation: J'ai énormément de difficulté à faire la coupure lorsque les cours se terminent ou lorsque la session tire à sa fin. Je suis prise de nostalgie, je déprime et de plus j'ai l'impression de me retrouver toute seule. Ceci m'arrive quelques semaines avant la fin soit: 1 mois avant que la session finisse. J'ignore ce qui met met dans cet état, mais c'est vraiment quelque chose d'insupportable et en plus tout ça m'enlève ma concentration pour finir ma session. Je suis tellement à l'envers que j'ai de la difficulté à fonctionner adéquatement dans la vie de tous les jours. Le fait d'avoir aussi nouer des relations satisfaisantes avec mes profs me font du mal lorsqu'il est temps de les quitter. Je ne sais plus quoi faire pour remédier à tout ça. Présentement, je suis dans cet état puisque la fin de session approche à grand pas, alors je veux trouver un moyen de vivre cette coupure sans trop de difficulté. Puisque mon bacc. se termine bientôt j'aurais à faire face encore une fois à cette problématique, peut-être pire puisque je vais quitter la ville où je suis présentement, donc je ne reverrai plus nécessairement les profs que j'ai aimé, juste le fait de penser à tout ça, me déprime.

Alors, j'aimerais avoir de l'aide pour pouvoir survivre à cette séparation qui risque de m'affecter énormément.

Merci, énormément de cet attention, et j'espère reçevoir de vos réponses sous peu puisque le problème arrive très vite.

Bonjour Megane,

Tu sembles être une personne sociable et liante; établir un contact avec des étrangers et créer des liens est une chose facile pour toi. Quitter, par contre, te paraît insupportable.

L'angoisse de séparation ou l'angoisse d'abandon est un phénomène connu et assez répandu. Je ne te surprendrai pas en te disant qu'il existe même chez les mammifères (par exemple chez le chien). En termes psychologique, je crois qu'on pourrait dire sans se tromper que tu as de la facilité dans le "contact" mais de la difficulté dans le "retrait". Les psychologues disent que c'est grâce à une harmonie dans l'alternance du contact et du retrait qu'une personne ressent un "continuum de conscience", c'est-à-dire qu'elle peut voir sa vie se dérouler en lui trouvant un sens, un fil conducteur. Ce processus est altéré chez toi : tu mets le paquet sur le contact (tu noues des relations satisfaisantes avec les profs, tu les aimes, etc.) et tu crains le retrait (nostalgie, déprime, difficulté à fonctionner).

Une si grande faim de contacts significatifs provient sans doute d'une privation précoce de contacts dans ton enfance. Une si grande peur du retrait provient sans doute de retraits traumatisants ou brusques dans ton enfance. Tu ne dis rien de ton enfance dans ta lettre mais il est très vraisemblable que c'est là que s'est joué le scénario "amour du contact vs peur du retrait".

Demande-toi si tu as vécu un abandon ou un rejet dans ton enfance ou si tu as été privé de liens significatifs.

Si c'est le cas, il faut que tu saches que cette blessure peut être guérie en psychothérapie. En effet, la blessure a eu lieu dans un contexte relationnel; la guérison, pour être efficace, doit donc aussi avoir lieu dans un contexte relationnel.

Enfin, tout ce qui précède est l'explication du phénomène mais pas encore le remède ! Évidemment, il est impossible de te fournir un remède efficace par écrit, à quelques semaines de l'échéance de la session universitaire ! Mais je peux te fournir quelques pistes de réflexion pour atténuer ton angoisse de séparation.

Première piste de réflexion : Il faut savoir qu'une des raisons pour lesquelles un moment est important, c'est parce qu'il a une fin ! Si un mo-ment n'avait pas de fin, ce ne serait plus un moment, ce serait une éternité ! Imagine que tu serais coincée dans une session universitaire pour . toute ta vie ! Ce serait insupportable ! Tous les moments ont nécessairement une fin : un concert, un film, un cours, un repas, une vie. Toute chose a une durée de vie limitée : un crayon comme un être humain ! C'est justement cette fini-tude qui donne un sens véritable au quotidien.

Deuxième piste de réflexion : Si tu as de la difficulté à lâcher-prise, je t'invite à lire les premières pages du livre " Illusions " de Richard Bach où il est question de créatures au fond de l'eau. C'est sublime ! Et je suis sûr que ce sera aidant pour toi.

Et finalement quelques trucs pour ta fin de session d'automne et ta fin de programme :

- Prends rendez-vous avec les personnes les plus importantes que tu as connues et donne-leur un mot d'appréciation (en quoi ont-elles été importantes pour toi, ce que tu as appris, sur le plan humain, à leur contact, etc). Il faut que ce soit bref, bien entendu. Tu peux aussi leur laisser un petit message écrit qui résume ta pensée. Laisser une trace est important quand on quitte.

- Constitue-toi une "feuille de rappel" avec les qualités que tu désires développer et le nom d'une personne que tu connais et qui l'a déjà.

Par exemple, Joie de vivre : Marie-Josée Fonceur : Mathieu Enrichissement humain : Site psychomedia :o)

Tu pourras relire ta feuille de temps en temps ce qui réactivera tes souvenirs de façon positive et créatrice.

- Tiens un journal dans lequel tu consigneras tes émotions de plaisir et/ou de peine. C'est excellent pour canaliser les émotions.

Voilà; je te laisse maintenant puisqu'il faut bien finir, en te souhaitant une fin de session nourrissante et stimulante. :o)

Georges-Henri Arenstein, Psychologue