Réponse à: MICMILA (contre-expertise)

Surnom: MICMILA
Pays: Canada
Âge: 28
Sexe: féminin

Bonjour!

Tout d'abords, Félicitations pour votre site.

Je suis mère de deux jeunes enfants, un garçon et une fille. Leur père et moi nous sommes séparés il y a 3 ans. La raison principale pour que je sois partie est le constat du dépérissement de notre couple, de la confiance et l'amour qu'il y avait entre nous. Mon mari consommait de la bière et des drogues douces régulièrement. J'ai consulté à l'époque pour tenter de comprendre et de faire les efforts à faire pour me corriger moi...

Bien entendu, je ne suis pas une femme, épouse et mère parfaite. Cependant, j'ai compris aussi que l'alcoolisme ne se soigne pas; elle se contrôle. En autant que la personne concernée admette son problème. Il ne l'a jamais admis.

Pour plein de raisons de circonstance (incluant manipulation, violence psychologique, etc.)... mon mari m'avait convaincue de lui laisser la garde des enfants. J'avoue que j'étais à la fois épeurée à l'idée de me retrouver seule avec 2 jeunes enfants et aussi, j'avais peur que mon mari ne sombre dans une profonde dépression ou autre. "Ces enfants sont toute ma vie; si tu me les enlèvent, je n'aurai plus de raison de vivre." Je lui ai donc laissé la garde des enfants tout en gardant un oeil sur ces faits et gestes. Son problème de boisson l'avait déjà poussé à laisser seuls les enfants pour aller boire.... J'étais à la fois inquiète, confuse. Il m'avait alors promis qu'il arrêtait de boire et consommer... qu'il consulterait.

Voilà que ce printemps, mon ex-mari est tombé dans une profonde dépression, il m'a avoué qu'il avait recommencé à consommer, que ces problèmes de consommation le poussait maintenant à une faillite personnelle. Mon nouveau conjoint avec qui je vit depuis 2 ans et moi lui avons offert notre aide. Afin de lui permettre de se reposer et se soigner, nous lui avons proposer de nous confier les enfants le temps de se remettre sur pieds. Il n'a vraiment pas aimé. La "bonne" relation que nous entretenions devant les enfants était à l'eau. Il a commencé à me niaiser, à changer les temps de garde, à envoyer les enfants avec des vêtements tâchés ou déchirés, à parler en mal de moi devant les enfants. Voulant sortir mes enfants de cette situation (qui se déteriorait), j'ai finalement pris entièrement mes responsabilités sans crainte de mon ex et j'ai fait une demande en changement de garde. Le juge a suggérer une expertise psychosociale. Ce qui a été fait. 3 belles heures passées avec le psychologue. 3 belles heures à lui relater mes peurs. Lui... 3 belles heures à nier son problème et "faire le beau" et me caler.

Résultat de l'expertise; Monsieur est un excellent père parfait en tout point... et moi je suis une mère qui vit avec des regrets car je n'ai pas su prendre mes responsabilités (c'est à dire dans mes mots à moi que je n'ai pas su contrôler ma peur devant mon ex) et en plus, j'ai des lacunes maternelles qui se définissent en gros comme une mère qui ne fait pas les repas et le ménage tout le temps.... évidemment puisque je travaillais et que mon mari étais souvent "l'homme au foyer". Fallait-il alors qu'il se contente de boire sa bière et que moi, en plus de veiller au bien être de chacun, tant au côté matériel que pour les soins (rendez-vous chez le médecins etc), je sois une bonne à temps plein.

Excusez-moi l'expression mais nous sommes en l'an 2000 (ok à l'époque nous étions dans les années 90).. La femme qui travaille à temps plein, qui étudie pour améliorer sa carrière car elle est le principal revenu de la famille, qui court chez les gardiennes, les médecins, les psychologues ou Alanon, ne peut-elle pas un peu espérer le soutient de son mari pour les tâches ménagères sans qu'elle soit considérée comme une mère "indigne" qui a des lacunes maternelles???

Je ne suis pas satisfaite du résultat. La psychologue a semblé me juger sur mon passé et ne pas tenir compte de problème de mon ex-mari. Je suis encore plus craintive qu'avant; car maintenant je sais qu'en plus, il est bon manipulateur. La psychologue suggère que je me rapproche de ma fille. Que nous ne sommes pas aussi "complices" qu'elle l'est avec son père. Mais je me demande comment je peux devenir complice avec ma fille que je ne vois que 6 jours par mois... avec laquelle je ne vis pas le quotidien et qui par dessus tout, n'entends que des mauvais commentaires à mon égard dès qu'elle va chez ses grands-parents paternel (donc tous les week-end qu'elle n'est pas avec moi)... car son père, mon ex-mari, est très dépendant de ses parents, il n'a jamais sorti d'en dessous de la jupe de sa mère et a d'ailleurs un appartement pour sa famille à même la maison de ses parents pour qu'ils puissent aller y passer TOUTES leurs fin de semaine avec eux..... ils sont tellement loin; à 1heure de route!... enfin ça c'est un autre problème.

Finalement ma question est: Je suis épuisée, découragée.... J'ai le goût de demander une contre-expertise mais je sais qu'en plus des frais qui s'ajoutent... la situation va encore rempirer entre leur père et moi puisque comme il m'a dit souvent.... Ce sont mes enfants, et jamais tu me les enlèvera...

"Que ça te coute ce que tu voudras je m'en fous; mes parents m'appuie et s'il le faut ils vendront même leur maison pour me défendre." Son père d'ailleurs qui m'avait confié les problèmes de son gars, s'est parjuré en cours.

Pour moi, mes enfants sont plus important que tout l'or du monde. Plus important que les frais d'avocats ou d'expertise. J'ai toujours payée la pension alimentaire car je sais qu'il est essentiel qu'il ne manquent de rien.... pourtant.... il leur manque leur mère ! Je les sens s'éloigner de moi.... et j'ai peur de les perdre. Ils n'ont que 4 et 7 ans et je me demande ce que ce sera lorsqu'ils seront adolescents. Je ne suis pas une mère frustrée parce qu'elle veut ses enfants à tout prix. Je suis une mère appeurée qui veut vivre avec ses enfants des moments intimes et familiaux normaux. Même si ce ne serait que les fins de semaine (si leur père se soigne)... mais une relation mère-enfant.

Dois-je abandonner ma requête afin de "préserver" une relation ex-conjoints "convenable"?

Ou dois-je continuer mes démarches afin d'appronfondir ma relation avec mes enfants et surtout, les sortir d'un milieu qui selon moi n'est pas sain; étant donné que c'est un milieu de cachetterie et de mensonge. Certaines gens me disent qu'il ne sont pas battus.... mais est-ce que la violence physique est la seule forme de violence valable pour justifer une crainte? Je ne crois pas....

Merci de votre réponse pour ma question; bref, mon récit !!

Bonjour MicMila,

Il s'agit malheureusement d'une de ces trop nombreuses situations déplorables où le parent non gardien vit un éloignement de ses enfants et ce à son corps défendant. Je peux comprendre votre déception, votre amertume, qui résultent de cet état des choses.

J'observe en premier que vous semblez avoir cédé au chantage de votre ex-mari : vous lui avez laissé la garde pour des raisons "de circonstances".

Il vous aurais dit "Si tu m'enlèves les enfants je n'aurai plus de raison de vivre". D'abord ce n'est pas vous qui "enlevez" les enfants, c'est le juge qui a le pouvoir de les déplacer. Ensuite, vous n'êtes pas responsable des bonnes ou des mauvaises raisons de vivre de votre ex-mari.

Vous prétendez avoir "gardé un il sur ses faits et gestes". Je me demande bien comment vous avez fait ça : il est impossible de "garder un il" sur quelqu'un avec qui vous ne cohabitez pas.

Permettez que je continue mes remarques. Une expertise psychosociale de trois heures, c'est très peu. Il existe aussi des expertises psycholégales, plus approfondies et plus longues, comportant le plus souvent des tests.

Vous nous dites ensuite, évoquant les années passées avec Monsieur : "La femme . ne peut-elle pas espérer un peu le soutien de son mari pour les tâches ménagères .. monsieur se contentait de boire sa bière". Oui, je suis d'accord avec vous, la femme peut espérer cela, elle peut s'y attendre (à de l'aide) . mais si cette aide ne vient jamais, elle peut aussi tirer les conclusions qui s'imposent.

Vous envisagez d'abandonner votre requête pour préserver une relation convenable avec votre ex-conjoint. Votre description ne donne pas à penser que votre relation avec lui est convenable. Advenant une requête en contre-expertise de votre part, je vous invite à demander une expertise "psycholégale" et de tenter d'en faire une requête conjointe (si l'avocat de Monsieur y consent), ceci afin d'éviter les interminables défilés d'experts et de témoins de fait, toujours coûteux en énergie et en argent.

N'hésitez pas à communiquer vos craintes au psychologue-expert. Comme vous le dites très justement, la violence physique n'est pas la seule forme de violence : il existe aussi la violence psychologique, moins visible et tout aussi néfaste. Courage, MicMila.

Bien à vous.

P.S. La menace de votre ex-mari "ce sont mes enfants et jamais tu ne me les enlèveras" est sans objet. Ces enfants sont tout autant les vôtres et c'est le juge qui décide où iront les enfants.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue