Réponse à: MOUFFE1

Âge: 36
Sexe: féminin
La question concerne un problème que vous vivez ? OUI

Bonjour! J'aimerais avoir de l'information au sujet de la culpabilité...Qu'est-ce que la culpabilité? d'ou vient-elle? comment elle se présente chez l'individu? les moyens pour diminuer la culpabilité?

Merci

La culpabilité est le sentiment d'être coupable, c'est-à-dire fautif, qu'on le soit ou non. Comme toute émotion (ex. l'anxiété, la colère, l'ennui, la joie, etc.), la culpabilité, lorsqu'elle est appropriée, a une fonction adaptative. Elle permet de réajuster le tir. Cependant, lorsqu'elle est démesurée et/ou irrationnelle, elle peut être très mauvais guide et nuire à l'adaptation. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à rendre la culpabilité démesurée et/ou irrationnelle.

Dans la culpabilité, il y a un facteur conditionnement. C'est-à-dire que l'expérience répétée, le plus souvent dans l'enfance, de se trouver fautif suite à certains comportements fait que ces comportements restent associés au sentiment de culpabilité ultérieurement. Ces conditionnements (associations) peuvent s'éteindre graduellement lorsqu'ils n'ont plus leur place. Par contre, il arrive que certains conditionnements soient plus ancrés. Par ailleurs, pour certaines personnes, la culpabilité est associée au sentiment de ne pas être une bonne personne, d'être indigne d'amour et de considération, à la crainte confuse qu'il y ait des conséquences menaçantes et à la croyance de mériter d'être malheureux. Les familles où l'amour est conditionnel à la bonne conduite, où les exigences sont élevées, où les erreurs sont sévèrement punies ou encore où l'enfant doit assumer de trop grandes responsabilités pour son âge favorisent le développement de réactions malsaines de culpabilité. Plus ces sentiments et croyances associés à la culpabilité sont ancrés, moins la personne est capable de remettre en question certains comportements, principes et valeurs appris dans l'enfance et elle a tendance à les utiliser et les appliquer de façon trop rigide. Par exemple, une femme qui s'est fait inculquer dans son jeune âge la nécessité absolue de tenir la maison très propre, peut être incapable de mettre ailleurs la priorité (par exemple ne pas trop s'épuiser pour garder son moral) sans vivre de la culpabilité. Nous observons, dans notre pratique, qu'il est fréquent que les gens qui sont en cheminement pour changer des traits de personnalité rigides et nuisibles vivent de la culpabilité. Par exemples, une personne perfectionniste qui commence à apprendre à doser son énergie se reproche de devenir paresseuse; une personne, qui se remet toujours en question et qui apprend à s'accepter comme elle est, a peur d'être prétentieuse; une personne trop centrée sur les besoins et les attentes d'autrui et qui apprend à gérer ses propres besoins se reproche de devenir égoïste. Ces personnes considèrent les défauts qu'elles craignent de développer comme étant tout à fait inacceptables. La rigidité de cette croyance les empêche de gérer souplement certains aspects de leur vie en tenant compte de diverses priorités.

Un autre facteur qui peut amener à vivre une culpabilité démesurée ou irrationnelle, est la dépendance et le besoin d'approbation. Certaines personnes se sentent coupables dès qu'une personne significative désapprouve leur conduite, ne la comprend pas, est déçue ou fâchée.

Il est important de s'observer pour comprendre d'où vient sa culpabilité. Qu'est-ce qu'on se dit ? Pourquoi juge-t-on son comportement incorrect ? Si l'on se rend compte que la culpabilité a une base irrationnelle, elle ne doit pas guider ses actions et ses décisions. Il faut plutôt la tolérer et elle s'estompe graduellement. Un peu comme lorsque, dans le traitement des phobies, on s'expose graduellement à ses peurs, il y a une désensibilisation qui se fait.

Hélène Lebel
Richard Paquette

Psychologues, M.A.
PsychoMédia