Réponse à: NATHALIE (deuil du conjoint après 10 mois)

Surnom: NATHALIE
Âge: 45
Sexe: féminin

Je suis Nathalie, de retour dans ce site qui m'a vraiment aidé l'année dernière suite au cancer et finalement au décès de mon conjoint de 17 ans de vie.. Ma question est maintenant la suivante: Est-ce normal de me sentir bien dans ma peau, en ayant l'impression d'une grande satisfaction intérieure face à ce que j'ai véqu avec mon conjoint, de l'avoir accompagné jusqu'à la fin de sa vie, lui tenir la main à l'instant délivrant de sa mort, car sa maladie a été un enfer le cancer sans espoir de guérison c'est très spécial à vivre car nous avons tellement partager la dernière année de sa vie, ah c'était tellement spécial à vivre, est-ce normal d'être bien après 10 mois de deuil et en même temps il me manque profondément, je lui

parle à tous les jours mais je garde l'espoir ça aussi est-ce normal de garder espoir de refaire ma vie avec quelqu'un d'autre car j'ai infiment peur de l'avenir, serais-je capable d'aimer encore je ne sais pas, ÇA été une expérience tellement de rêve dû au partage que nous avons eu peut-on avoir autant d'intimité avec quelqu'un d'autre après avoir véqu pendant 1 an avec quelqu'un de mourant, Je ne sais pas, je n'ai personne dans ma vie car je me laisse encore du temps de récupération suite à son décès mais je me pose la question sérieusement. j'aime l'amour mais ÇA fait tellement peur. Merci de m'avoir lu et j'espere une réponse

Bonjour Nathalie.

Est-ce normal, après dix mois de deuil, de ressentir d'une part un certain bien-être très profond, une très grande satisfaction intérieure de ce que vous avez vécu avec votre mari, en même temps qu'une très grande peur face à la vie qui s'annonce?

Eh bien oui, Nathalie.

Est-ce normal de vouloir se laisser du temps afin de se sentir prête à accueillir autre chose lorsque ça viendra?

Eh bien oui, Nathalie.

Est-ce normal de ne pas savoir si vous pourrez aimer encore?

Et bien oui, Nathalie.

Un deuil, bien qu'il puisse se diviser dans la théorie en étapes très distinctes, est néanmoins soumis aux différences individuelles. Ce deuil, dans tous les cas non pathologiques, aboutit à une certaine restructuration de sa vie. Il n'aboutit pas à l'oubli de l'autre mais à l'adaptation à sa perte. Ce que vous avez vécu avec votre mari fait désormais partie de votre héritage de vie. Il est à vous et restera à vous pour toujours. Le deuil ne consiste pas à oublier cet héritage, mais de faire en sorte qu'il ne nuise pas à votre bonheur futur.

Après dix mois de deuil, vous commencez à ressentir, outre la peine qui est peut-être encore lourde parfois, le bonheur d'avoir été là, pleinement présente, dans cette page de votre vie qui vous appartient. Et vous commencez à vous tourner lentement vers un futur qui ne sera jamais comme ce que vous avez vécu. Ce que vous avez vécu est à vous, le restera mais ne reviendra pas. Votre futur sera simplement autre chose. Pas nécessairement plus ou moins intime que votre relation avec votre mari. Simplement autre chose. Et ça pourra aussi être beau. Et c'est cet « autre chose » qui commence à faire peur car il est inconnu.

Ne cherchez pas la normalité, Nathalie. Cherchez simplement à être bien avec vous-mêmes. Lorsque vous ressentez ce bien-être que vous décrivez, accueillez-le simplement comme un cadeau. Lorsque vous ressentez cette peur de l'avenir, continuez à vous donner le temps de voir venir.

Si dans quelques mois, vous avez l'impression d'être bloquée dans votre peur, vous pourrez peut-être alors envisager de consulter quelqu'un.

Pour l'instant, accueillez simplement ce qui vient.

Bonne vie, Nathalie.

Jean Rochette, Psychologue

Voir également le dossier dépression.