Réponse à: NINOUKI (adolescente de 16 ans difficile)

Surnom: NINOUKI
Pays: Canada
Âge: 38
Sexe: féminin

Je vous écris au sujet de ma fille qui aura bientôt 16 ans. Elle est de plus en plus difficile à vivre. Elle est la 2ième de 3 enfants (donc l'enfant "sandwich"). Toute petite, on voyait déjà qu'elle avait "du caractère". En 2ième année, elle était dans une classe à double niveau et a perdu beaucoup d'intérêt à l'école "car le prof. s'occupait en majorité des 1ere année". Vers cette période, je suis retournée sur le marché du travail à temps plein. C'est aussi pendant cette année qu'elle s'est mise à prendre du poids et ça n'a pas arrêté depuis.

Après écoute, démarches, encouragements... sa motivation pour l'école a remonter (en 4ième année)(elle fait cette année son 5ième secondaire, sans grand enthousiasme, mais tout de même avec des résultats très convenables). Cependant, son estime d'elle-même diminuait à mesure qu'elle prenait du poids... À sa demande (depuis l'âge de 12 ans), nous avons consulté médecins et autres pour l'aider à changer ses habitudes alimentaires... sans grand succès. Elle ne semble pas reconnaître la satiété et mange autant, sinon plus, qu'un homme faisant un travail physique).

En discutant avec elle, elle a même dit qu'elle avait été blessée par les remarques d'un autre élève (2ième année) et qu'elle avait décidé que plus personne ne lui ferait de mal. Je considère qu'elle a une très belle intelligence et une capacité à identifier ses sensations, mais seulement lorsqu'elle le veut...

J'ai essayé de lui aider de toutes les façons possibles (écoute, encouragements, relation d'aide, maintes et maintes discussions...), mais son estime d'elle-même continuait à descendre et son caractère devenait de plus en plus imprévisible.

Voici l'objet de ma demande. Elle semble s'est faite une carapace et semble prête à exploser à tout moment. Plusieurs sujets sont devenus tabous, elle "pogne les nerfs" à rien, se sens injustement traitée (et c'est pourtant pour elle que nous avons fait le plus...), prend à peu près tout de travers, est sur la défensive, réagit à tout ce qu'on dit même si elle n'est pas en cause, elle crie après nous ou va s'enfermer dans sa chambre, refuse souvent de faire ce qu'on lui demande (ex: aide au ménage) ou alors calcule tout comme si c'était quelque chose d'énorme. Même sa soeur aînée qui a quand même une bonne relation avec elle passe maintenant des remarques sur son mauvais caractère. En passant mon ado rebelle envie et admire sa soeur autant qu'elle la jalouse, car elle a tout ce qu'elle voudrait(minceur, ami(e)s, excellentes notes, talents...). Elle voudrait la liberté d'un adulte, mais refuse les responsabilités en plus de dire que nous ne la comprenons pas et que je la laisse! seule (quand elle voudrait que je fasse à sa place, parce que trop timide, ne veut pas apprendre ou essayer...).

Elle a certains ami(e)s qui sans être mauvais ne sont pas vraiment stimulant pour sa vie. Elle rechigne souvent contre ceux-ci, mais dit que s'est mieux que de ne pas en avoir (elle se croit incapable de s'en faire d'autres et/ou n'ose pas s'avancer pour en connaître). D'ailleurs elle semble avoir une attitude différente avec les autres (du moins je le crois), qu'avec nous. J'ai essayé de l'observer sous cet angle afin de m'aider à voir le beau d'elle. Malgré cela, il est de plus en plus difficile de "dealer" avec elle, mais de plus en plus, bien souvent malgré nous, nous entrons également en réaction, car nous ne savons plus par quel bout la prendre.

Elle refuse d'entendre parler d'aller chercher de l'aide ou consulter. Elle a été suivie pendant un an en relation d'aide, mais j'ai l'impression qu'elle est restée avec une mauvaise impression. L'aidante n'était peut-être pas suffisamment habilitée pour accompagner une enfant.

Jusqu'à ce que je lise la définition du trouble oppositionnel avec provocation, j'aurais dit qu'elle souffrait d'un symdrome de persécution... J'y reconnais la plupart, sinon tous, des symptômes; même si je n'y reconnais pas les signes liés à la famille... mais on est souvent bien mauvais juge...

J'aimerais donc savoir: comment vérifier si elle souffre de ce trouble, comment l'amener à accepter une évaluation et/ou un suivi, comment et si ça se traite et surtout, quoi faire avec. Comment ne pas perdre tous nos moyens et quels moyens prendre. Si vous avez d'autres conseils ou idées, n'hésitez pas. Je suis ouverte à tout même si j'ai l'impression d'avoir tout essayé et de ne plus savoir par où "la prendre".

Je souhaite ardemment que ma question soit sélectionnée, car j'ai vraiment besoin de savoir comment m'enligner pour ne pas perdre pied et surtout pouvoir aider ma fille que j'aime beaucoup dans mon coeur de mère.

Je vous remercie encore beaucoup de votre collaboration.

Merci à l'avance.

Bonjour Ninouki,

Votre adolescente de 16 ans souffre peut-être d'une trouble d'opposition, mais ce diagnostic devrait être posé par un psychologue, spécialisé dans les adolescents.

Vous dites que votre fille a été suivie pendant un an en «relation d'aide». vous ajoutez que l'aidante n'était peut-être pas suffisamment habilitée pour accompagner une enfant. Peut-être est-ce là une des causes de l'échec du traitement.

Je vous recommande de consulter un(e) psychologue, membre de l'O.P.Q. et qui soit spécialisé(e) dans le traitement des ados. Vous pouvez consulter seule en premier, ensuite demander la collaboration de votre fille («Je n'y arriverai pas toute seule, j'ai besoin de ton aide» me semble une bonne approche).

L'attitude rebelle et défensive de votre fille peut se traiter avec de la bonne volonté et la collaboration de plusieurs membres de la famille.

Vous pouvez aussi fréquenter le groupe de support Parentraide (numéro central : 514-288-5555) qui existe dans plusieurs villes du Québec.

Pour un support scolaire, vous pouvez essayer d'obtenir un mentor à son école via les services de Prométhée (numéro à Montréal : 514-282-6633). Ce service existe aussi dans plusieurs villes du Québec.

Enfin, parmi les meilleures lectures sur le sujet, je vous recommande les ouvrages de Jacques Salomé sur la communication («Papa, Maman, écoutez-moi vraiment» et «T'es toi quand tu parles», publiés chez Albin Michel).

Bonne chance Ninouki !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue