Posté par Pauli

Suisse
masculin
31

Bonjour.

Récemment, sur un chat relatif à l'inceste, j'ai discuté avec une fille de 17 ans qui m'a fait part de son expérience

qui fait que je m'interroge. Elle m'a dit avoir eu des relations sexuelles avec son beau-père depuis l'âge de 10 ou 11 ans. Elle disait en être heureuse. Comme je croyais qu'une telle chose était physiquement impossible pour un enfant, je lui ai demandé si cet homme la pénétrait complètement dès cet âge là. Elle m'a dit qu'au bout de quelques essais, oui. Elle m'a aussi dit qu'elle y prenait plaisir et qu'elle était l'initiatrice de la chose. Ils prenaient des bains ensemble.

Je dois dire que cela me perturbe un peu car je croyais (suite à divers témoignages) que la pédophilie était quelque chose de traumatisant pour un enfant.

Je pensais aussi que, physiquement, un enfant n'était pas prêt à être pénétré par un sexe d'adulte.

Pensez-vous que de telles expériences peuvent être agréables pour un enfant ?

Je dois ajouter que je pose cette question uniquement par curiosité et que je ne ressens pas de désir personnel pour des enfants.

Selon moi, un enfant, même s'il communique à son entourage une certaine forme de désir, l'adulte doit toujours lui dire que c'est trop tôt et que son corps (et son mental) n'est pas prêt à faire des choses réservées aux adultes.

C'est pourquoi le vécu de cette fille vient en contradiction avec ce que je pense.

Pourriez-vous m'éclairer un peu sur ce sujet ?
Merci d'avance.

Réponse à Pauli, 31 ans (Enfants-adultes)

Bonjour Pauli,
Votre question est intéressante en ce sens que plusieurs témoignages rapportent que la victime d'inceste ou de pédophilie peut ressentir, et ressent effectivement parfois, du plaisir lors de ces expériences. Les agresseurs s'empressent de souligner la chose et de brandir cet argument pour justifier ou légitimer leur action.

C'est là se leurrer complètement et faire preuve d'ignorance en matière de développement de l'enfant. Un enfant est, sans aucun doute, apte à ressentir du plaisir. Mais tous les plaisirs ne sont pas nécessairement bienfaisants ! Le plaisir de la stimulation des parties génitales ou tout simplement des parties sensibles du corps est un plaisir " mécanique " ou réflexe. Il en va de même pour l'érection chez le jeune garçon, ou l'excitation chez la jeune fille. Mais ce plaisir étant aussi de nature sexuelle, les jeunes enfants ne sont pas aptes à l'assumer dû, entre autres facteurs, à l'inégalité des partenaires. Ainsi, la capacité à ressentir du plaisir survient bien avant l'aptitude à l'assumer.

En résumé, le plaisir que peut ressentir un enfant à un contact sexuel ne peut constituer un passeport pour l'entraîner dans des activités à caractère sexuel. Un enfant n'est absolument pas un partenaire sexuel.

Vous avez tout à fait raison d'affirmer que même si un enfant manifeste un désir de nature sexuelle ou érotique, c'est bien à l'adulte que revient la responsabilité de dire non au passage à l'acte, tout en légitimant la présence du désir de l'enfant. C'est justement la présence de ce désir qui permettra à l'enfant de " désirer " être un adulte.

J'ajoute que les adultes qui se souviennent avoir ressenti du plaisir lors des abus sexuels précoces vivent le plus souvent une immense culpabilité face aux événements dans lesquels ils ont été impliqués. C'est malheureux, mais cela fait partie du processus.

Comme les abus ont forcément cessé un jour, ils vivent également un sentiment de " discontinuité " ou d'abandon ou de rejet, le plus souvent très pénible à vivre.

Merci, Pauli, d'avoir attiré l'attention de nos lecteurs sur ce sujet.

Bien à vous.
Georges-Henri Arenstein
Psychologue