Réponse à: PERPLEXE (une psy qui prend trop de place)

Surnom: PERPLEXE
Pays: Canada
Âge: 32
Sexe: féminin

J'aimerais savoir si c'est normal qu'une psy parle beaucoup de sa vie et de ses autres clients pendant une thérapie.

J'ai été en thérapie avec une psychologue pendant un an et demi. Surtout pour un problème de dépression.

Avec le recul je me rend compte que ma psy parlait beaucoup de sa vie, ses clients,sa famille,ses croyances religieuses, même ses voisines, etc. pendant la thérapie. Je lui disait souvent d'arrêter de parler de ses patients, mais elle ne respectait pas mes demandes. Je lui disait souvent aussi que j'avais besoin d'écoute (je crois que c'était ma façon polie de lui dire d'arrêter de parler), mais elle disait que c'était une méthode démodée et qui coutait trop cher.

J'arrive même à penser que toute sa thérapie et sa façon d'agir avec moi servait surtout à remplir son besoin de parler. Elle utilisait une méthode qu'elle appelait cognitive. Mais en pratique, cela consistait à toujours dire le contraire de ce que je disais. Comme je considère que mon plus gros problème est mon manque de confiance en moi (et je crois que ce n'était pas vraiment difficile à diagnostiquer), ça ne m'a pas aidé du tout. Ça m'amenait plutôt à encore plus douter de moi et à ne pas parler parce que j'avais peur de me faire dire que ce que je pensais n'était pas correct.

Avec le recul (ça fait un an et demi que j'ai arrêté ma thérapie), je me sens plutôt manipulée et exploitée. Elle a profité du fait que j'avais de la difficulté à m'affirmer pour prendre toute la place et se faire du bien à elle-même. Je payais soixante dollars de l'heure pour être son oreille à elle.

Ai-je raison de penser qu'une psy vraiment professionnelle doit mettre sa propre vie et ses propres préoccupation de côté afin de se consacrer totalement à sa cliente. Et j'aimerais savoir si j'ai le droit de demander un remboursement partiel de ses honoraires. Après tout, je trouve ça cher de l'heure pour l'écouter parler de son jardinage, de ses nièces et de la vie de ses clients (elle citait au moins deux clients par session). Il ne me restait plus beaucoup de temps pour moi.

Je vais mieux maintenant, et je ne laisserais plus personne me traiter avec si peu de respect pour mon temps et mes idées. Je me rend compte maintenant que la meilleure solution aurait été de changer de thérapeute. Malheureusement, on consulte souvent lorsqu'on est fragile, et certaines personnes peuvent en profiter.

Si vous trouvez que j'ai raison de me plaindre. J'aimerais savoir quelles démarches je pourrais entreprendre pour être remboursée.

Bonjour Perplexe,

Il est vraiment inhabituel qu'un(e) psy parle à son client de sa propre vie et de ses autres clients. Vous avez parfaitement raison : son jardinage, ses croyances religieuses, ses voisines, ses nièces, et à plus forte raison la vie de ses autres clients, tout cela n'a pas sa place dans des séances de psychothérapie où le client doit demeurer le centre d'intérêt.

Je comprends que, mécontente, vous lui avez fait la demande d'arrêter de parler d'elle et de ses autres clients, mais vous n'avez pas obtenu satisfaction. Je suis surpris qu'à ce moment vous n'ayez pas décidé de mettre fin aux rencontres quoique cela peut se comprendre aussi : vous doutiez de vous et vous aviez peur de son jugement négatif. Il reste que la psychothérapie est un lieu de confiance et si vous aviez peur de vous faire dire que ce que vous pensiez n'était pas correct, la confiance ne devait pas être optimale.

Un an et demi après l'arrêt de votre psychothérapie, vous vous sentez exploitée et manipulée. Peut-être pourriez-vous écrire à votre psy pour lui faire savoir comment vous vous sentez et pourquoi. Peut-être pourriez-vous lui demander en guise de dédommagement quelques rencontres sans frais pour mettre les choses au clair avec elle.

Si vous n'obtenez pas satisfaction, il vous reste toujours la possibilité de porter plainte au bureau du syndic de l'Ordre des psychologues du Québec.

Bonnes pensées pour vous, Perplexe !

Bien à vous,

Georges-Henri Arenstein, Psychologue