Réponse à: PINOTTE (avortement, rupture, perte)

Surnom: PINOTTE
Pays: Canada
Âge: 27
Sexe: féminin

Bonjour,

À l'age de 16 ans je suis tombée enceinte. J'ai eu beaucoup de difficulté à faire un choix. Mon problème, c'est que mon chum de l'époque était amoureux de ma meilleure amie. Je savais qu'il était sur le point de me quitter. J'ai attendu quelques jours avant de lui dire. Je ne savais pas comment. J'avais peur de sa réaction. Un soir il m'a appelé pour me quitter. Je n'ai pas eu le courage de lui annoncer la nouvelle.

Mon choix de ne pas garder l'enfant était presque prise (malgré une incertitude constante de regret après (ce n'est pas une question facile à répondre) Je savais qu'il sortais maintenant avec ma mailleure amie. Ceci a été très douloureux. J'ai alors décidé de ne pas lui dire. J'ai décidé que j'allais faire tout mon possible pour qu'il soufre le moins possible (en même temps je n'avais pas le courage de lui dire). J'ai eu un avortement, accompagnée d'une autre amie. Je me suis sentie soulagée après, j'ai eu l'impression d'avoir pris la bonne décision. Je me sentais incapable de surmonter ces responsabités.

Cependant j'ai perdu le contrôle par la suite. Le gars en question m'a rappelé. Il n'était plus certain. J'ai finit par lui dire, il le fallait bien. Je savais que je voulais lui dire un jour. Il est revenu avec moi. Il devait se sentir coupable. Mais ce n'est pas moi qu'il aimait. Moi je continuais de voir mon amie à l'école, mêmes cours . Mais j'était très agressive envers elle. Ce fut le bordel total. J'étais détourné de ma démarche première qui était de les laisser tranquille. Je partait maintent en guerre pour rechercher mon dû, mon trophée. J'ai perdu.

Au bal des finissant, il était supposé m'accompagner, mais il a fait son choix, sans me le dire. Il n'est jamais venu me chercher. Ça a gaché mon bal, croyez moi. Un fort sentiment de rejet, d'humiliation. Ce fut une période très difficile. Nous ne nous sommes reparlé, lui et moi, que quelques années après. Il m'a appelé pour s'excuser d'avoir été aussi indécis. Il voulais qu'on reste amis et que je le rappelle. Je ne l'ai pas fait, même si je le voulais profondément. Je ne l'ai pas fait, je n'ai pas osé, car appeler chez lui (chez lui et chez elle) était à mes risque. Il ne fallait pas qu'elle le sache. Je ne voulais pas interférer dans leur couple. J'essaie de revenir à ma première idée de les laisser tranquille. Mais au fond j'aurais bien aimé. J'aurais aimé rester ami avec lui.

Mon problème est le suivant. Ça fait maintenant 10 ans de tout ça. Même si j'ai une maîtrise, une bonne job Je revis ce sentiment de stress, d'angoisse et de frustration à répétition. Je ne suis pas guérie de cette blessure. Je suis encore frustrée. J'ai encore de la difficulté à retrouver ma joie de vivre. J'ai des période de réflexions à ce sujet, toujours. Je me suis rendue compte que j'aimerais le rappeler, pour m'excuser de ne pas lui avoir dit, pour m'excuser à mon tour. Je me sens très coupable d'avoir foutu le bordel.

Est ce une bonne chose de tenter de lui envoyer un message par un de ses amis? Est ce moi qui doit apprendre à vivre et à guérir cette échec. Peut être que je veux juste avoir l'impression qu'on ne me déteste pas ? Je suis aussi très jalouse de leur bonheur. Pourquoi je ne suis pas capable de l'oublier et de regarder en avant. C'est presqu'une obsession. Je n'ai jamais consulté de psychologue, je n'ai pas envie, je n'aime pas pleurer devant les gens. Si il y avait un service anonyme de consultation, j'embarquerait. Je voudrais me sentir mieux. Perdre ce mal de vivre constant. Je voudrais perdre cette obsession. J'ai peur de les rencontrer au centre d'achat, je m'invente des scénarios...

Une réponse, un commentaire, des conseils seraient grandement apprécié.

Bonjour Pinotte,

Il me semble que vous êtes une personne qui pense davantage aux autres qu'à elle-même : vous avez décidé que «vous alliez tout faire pour qu'il souffre le moins possible». Plus tard, «vous ne vouliez pas interférer dans leur couple» et vous «vouliez les laisser tranquille». Vous êtes très généreuse, Pinotte, de leur avoir épargné des surprises désagréables . mais j'ai l'impression que vous vous êtes oubliés dans le processus : vous êtes jalouse de leur bonheur . et vous portez un mal de vivre . depuis vos 16 ans (stress, angoisse, frustration) !

Ce que je constate, c'est qu'une partie de votre mal de vivre est due à cette sorte de «valse-hésitation» : vous voulez appeler et en même temps vous vous retenez, et cela dure depuis longtemps.

Le mieux serait de décider quelque chose : dire ou ne pas dire. Une fois décidée, vous allez très certainement vous sentir mieux.

Quant aux conséquences de votre décision, je vous invite très fortement à les travailler en psychothérapie. Même si vous n'aimez pas pleurer devant quelqu'un, je vous assure qu'un moment de gêne est bien vite passé. En regard des bienfaits que vous en retirerez, il ne comptera pas pour grand chose, croyez-moi.

Un service anonyme de consultation ? Ce ne serait ni bénéfique ni efficace. La force de la psychothérapie réside principalement dans la qualité du contact humain. Sans cela, il peut y avoir, certes, un certain soulagement de courte durée, mais pas de changement en profondeur.

Lui envoyer un message via un de ses amis ne m'apparaît pas une très bonne idée. C'est encore une approche indirecte qui en plus implique une tierce personne totalement étrangère à l'affaire.

Finalement, vous le formulez très bien : vous voulez avoir l'impression (ou la certitude ?) qu'on ne vous déteste pas et c'est donc à vous de ré-apprendre à vivre et finalement guérir, comme vous dites. J'ai enlevé le mot échec de votre phrase : j'ai beau chercher, je ne vois pas d'échec de votre part.

Bonne chance, Pinotte !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue