Réponse à: QWERT (malaise)

Surnom: QWERT
Pays: Suisse
Âge: 21
Sexe: féminin

Bonjour

Je vis actuellement une merveilleuse histoire d'amour depuis environ 3 ans. je suis tres amoureuse de mon ami et nous revons tout les deux de nous marier et d'avoir des enfants dans quelques années...

Cependant j'ai un certain mal-etre intérieur, qui n'est pas permanent mais qui me tombe dessus assez régulierement, et je sais que mon ami en souffre autant qur moi, ce qui me perturbe beaucoup. J'ai envie de profiter entièrement de notre belle histoire sans que celle-ci soit gachée par mes problèmes.

Entre 9 et 11 ans environ j'ai été abusée sexuellement par mon père, il m'a caressée, mais sans jamais me forcer à lui faire quoi que ce soit, et sans pénétration. Je sais que ça a du arriver assez régulièrement mais je ne me souvient que de quelques images... j'en ai parlé à mon compagnon de vie et à quelques amis, mais jamais à la famille et je n'ai aucune intention de le faire: je sais que mon père n'a jamais voulu me faire de mal et qu'il regrette vraiment ce qu'il a fait et qu'il en souffre lui-même beaucoup...

Il a toujours été extrêmement gentil avec moi et je l'aime énormément. De plus je sais qu'il a souffert dans son enfance (violence parentale) et par la suite dans sa vie de couple avec ma mère. Je crois lui avoir pardonné ce qu'il m'a fait, mais je me demande tout de même si je ne souffre pas à cause de ce qui s'est passé...

Je me dévalorise beaucoup dans ce que je fais et dans mes relations avec les autres, je me trouve souvent moche, insignifiante, inutile... Je n'arrive pas à aller au bout de mes ambitions, de ce que j'ai envie de faire pour me réaliser.

De plus, je me demande si je n'ai pas un peu moi même chercher ce qui s'est passé, car je n'ai jamais repoussé mon père et j'ai toujours cherché à lui

plaire, et je me demande même si je n'ai pas sur le moment tiré du plaisir à ce qu'il faisait! J'y repense d'ailleurs souvent lorsque je fais l'amour... Pourquoi??

J'ai beaucoup de plaisir à faire l'amour avec mon partenaire, mais je n'ai jamais d'orgasmes lors de la pénetration, même si je peux en avoir par d'autres moyens...

Je vous supplie de m'éclairer sur ce qui se passe chez moi, je sais que je pourrais vivre beaucoup mieux, car j'ai souvent des moments de grosse déprime...

Merci d'avance.

Bonjour Qwert,

Vous semblez avoir une vision très lucide sur la situation qui vous préoccupe.

Vous avez subi des caresses incestueuses de la part de votre père. Celui-ci le regrette et il en souffre beaucoup. Vous lui avez pardonné mais vous sentez confusément que vous souffrez à cause de ce qui s'est passé.

Oui, dans un certain nombre de cas, les victimes d'inceste ressentent un certain plaisir. Il faut cependant s'entendre sur le sens de ce mot : si les caresses sont faites dans un contexte de douceur et de gentillesse, il peut y avoir excitation et même orgasme, donc du plaisir. Mais il ne s'agit pas d'un plaisir approprié ou adéquat pour l'enfant. Celui-ci est biologiquement prêt à le ressentir, mais il n'est pas psychologiquement prêt à l'assumer.

La capacité qu'à l'enfant a recevoir du plaisir ne signifie pas que ce plaisir soit bienfaisant. Au contraire, on sait que les caresses sexuelles représentent un envahissement pour l'enfant puisque les développements psychosexuel et psychoaffectif ne sont pas complets. Il est possible que ceci entraîne une anorgasmie lors de la pénétration.

Vous craignez «avoir cherché» ce qui s'est passé parce que vous n'avez pas repoussé votre père ? Croyez-vous vraiment qu'un enfant peut repousser son père ? Surtout un père si gentil ? Il est si facile d'obtenir le «consentement» d'un enfant de dix ans ! Pouvez-vous considérer que les enfants sont vulnérables et malléables et que votre responsabilité dans cette affaire est . nulle ?

Je vous invite à consulter un(e) psychothérapeute à ce propos. Il est réaliste de penser que votre estime de vous-même peut remonter et que vos moments de grosse déprime vont s'apaiser.

Si vous demeurez dans la région de Genève ou Lausanne, vous pouvez m'écrire directement et je vous donnerai les coordonnées de quelques psychothérapeutes.

Mes bonnes pensées pour vous.

Georges-Henri Arenstein, Psychologue