Réponse à: TWISKY (indifférence)

Surnom: TWISKY
Pays: Canada
Âge: 18
Sexe: féminin

Bonjour!

Cela fait plusieurs années que j'essaie de me comprendre, mais je n'y arrive pas, j'arrive toujours à la conclusion que je ne suis pas normale.

Pour vous expliquer, c'est qu'on dirait que je n'ai quasiment pas de sentiment. Je m'ennuie jamais de personne, j'ai jamais vraiment aimer un gars, j'ai aucun intérêt pour les biens matériel (par exemple, si je perds quelque chose de tres dispendieux, cela ne me fait rien, ou si je brise quelque chose que j'utilise fréquemment , je regrette rien). Bref, je suis indifférente à qui ou à quoi que ce soit.

J'essaie de me remémorer des situation dans mon passé qui pourrait me prouver que j'ai déjà eu des sentiments, mais ce n'est pas un succès. Tout ce que je me rappelle c'est que j'ai toujours été une fille silencieuse et très solitaire. De plus, le plus loin que je suis capable de me souvenir c'est lorsque j'ai commencé à être abuser. Par contre, malgré ça, je n'ai aucun sentiment qui remonte en surface. C'est comme si ce n'étais pas moi qui auvait subit ça.

Le seul sentiment que je connaisse (et je ne sais pas si cela en ai vraiment un), c'est la peur. J'ai peur de tout. Lorsque je suis dans un lieu publique, je suis constamment sur mes gardes. Je n'ose pas aller passer mon examen pour avoir mon permis de conduire, par crainte de je ne sais pas quoi. Je n'ai pas d'emploi car j'ai la chienne des lieux publiques. Je m'imagine toujours les pires scénarios. Je n'ai jamais l'esprit tranquille, je réfléchis toujours, tellement que j'oublis tout. On dirait que je vis dans mon propre monde.

Il y a 2 ans, j'ai fait une tentative de suicide, car je croyais que j'étais folle d'être comme ça. Suite à ce geste, j'ai rencontré un psychiatre. Il disait que j'étais en dépression majeur à cause des abus vécus pendant mon enfance. Alors, Il a essayé de me faire parler, mais je n'ai rien a dire, je ne ressens rien, je suis pire qu'un cube de glace. C'est comme si il avait un mur qui me séparait de cette phase de ma vie. Il m'a prescrit des médicaments, mais lorsqu'il m'a dit d'arreter puisqu'ils ne fonctionnaient pas, j'ai cessé ma thérapie.

Aujourd'hui, je suis toujours au même niveau. C'est à dire que je me questionne toujours par rapport à moi, j'ai toujours ces idées noires qui viennent sans prévenir, mais j'essaie de les chasser du mieux que je peux. Je sais qu'il a quelque chose qui ne va pas, car je ne crois pas que mener une vie comme la mienne soit normal, mais je ne sais plus quoi faire.

Bref, je n'ai pas vraiment de question spécifique, mais j'aimerais que vous m'éclairiez s.v.p..

Puis à vrai dire oui, j'ai deux questions : Est-ce que ça vous ai déjà arriver de rencontrer un personne comme moi, qui ne ressens rien face à tout? Si oui, est-ce que la personne a réussi à travailler sur elle-même?

Merci, Twisky

Bonjour Twisky,

Certaines personnes, suite à des abus physiques et sexuels dans l'enfance, expérimentent une souffrance tellement intolérable qu'ils se coupent, ou se «détachent», d'elles-mêmes. C'est un mécanisme de défense, ou un mécanisme d'adaptation, qui permet de continuer à vivre et de faire face aux situations de la vie quotidienne sans ressentir grand chose.

Tu n'es pas folle, Twisky. Tu es «dissociée». Les personnes dissociées vivent dans leur monde et sont coupées de leurs émotions.

Je crois bien que tu as besoin d'aide psychologique. Une psychothérapie individuelle serait tout-à-fait indiquée : elle te guiderait vers le chemin du ressenti, de façon lente et graduelle afin de te permettre de ré-apprivoiser l'émotion. Je reconnais que c'est très menaçant, mais pas dangereux.

J'espère que ces quelques lignes t'éclairent un peu.

Oui, nous avons rencontré (mes collègues et moi) des personnes comme toi qui ne ressentent rien. En apparence. Elles disent ne rien ressentir . mais en grattant un peu la surface, on s'aperçoit vite qu'une immense souffrance est présente et emprisonnée, ne demandant qu'à être libérée.

Oui, plusieurs de ces personnes entreprennent un travail sérieux sur elles-mêmes et réalisent des progrès remarquables. Pas toutes, cependant.

Tes grandes forces sont : ton jeune âge (plus facile de changer à 18 ans qu'à 60 ans !) et ta lucidité (tu sais qu'il y a quelque chose qui ne va pas). Si tu ajoutes à cela une motivation élevée, tu as tous les atouts qu'il faut pour avancer.

Tu ne parles pas de tes parents. Quelle est la qualité de ta relation avec eux ? Sont-ils prêts à t'aider de façon concrète ? Je t'invite à débuter une psychothérapie en consultant un psychologue spécialisé dans ta région.

Bonne chance, Twisky !

Georges-Henri Arenstein, Psychologue