Je suis tombée par hasard sur le forum du deuil alors que je cherchais des éléments concernant la dépression, vos témoignages sont très vrais et en cela très touchants.

J'ai vécu plusieurs deuils (un de mon mari par accident puis quelques années après un de mon ami du moment qui est mort dans mes bras d'une crise cardiaque).

Il est certain qu'une séparation ante mortem ne favorise pas un travail de deuil simple. Dans les deux cas, je n'ai pas eu à subir cela avant la mort de l'être aimé. Je me rend compte maintenant de la "chance" que j'ai eu. La paix est tellement difficile à trouver après un deuil !

Personne ne peut vous aider ou vous conseiller même avec les meilleures intentions du monde, et les "amies" sont souvent les pires conseillères, surtout si elles n'ont pas elles-mêmes vécu ce genre de drame.

Vous verrez que dans quelques mois ou plutôt années, vous vous en sortirez plus fortes, plus humaines, avec une compréhension de soi et des autres, une sérénité plus grande aussi.
Vous aimerez à nouveau... et souffrirez à nouveau...

Mais vous ne vous laisserez jamais dicter votre conduite par les autres. S'il vous arrive de vous

confier, et que l'on vous dise des choses que vous ne voulez pas entendre, vous fermerez la porte doucement, pour un temps ou pour toujours, aux personnes trop sentencieuses.

Aujourd'hui, j'aime un dépressif, il me quitte tous les six mois, me reprend, ou se laisse reprendre, je me sens impuissante à l'aider. Il m'admire pour ma force, et se trouve indigne de moi souvent, alors il s'arrange pour me mépriser, me mettre plus bas que terre. Je sais que je ne devrais pas accepter cela, accepter ensuite de revenir quand même, mais vos témoignages me font aussi penser que sa propre souffrance occulte parfois ses sentiments, que je dois être forte, être là, tout en le persuadant doucement d'aller mieux.
Actuellement, nous sommes séparés depuis un mois et demie à son initiative. Hier, il m'a rappelée et veut me revoir, je ne lui ai pas fermé ma porte mais lui ai simplement dit que je le reverrais quand il ira mieux. Je ne sais pas si c'était bien de dire cela car depuis, il m'a adressé un mail, me disant qu'il ne veut embêter personne avec ses problèmes.

Il se renferme sur lui-même de nouveau. Moi, je vois des amis, je fais de longues marches qui me font du bien, je me prépare à tout. Mais je ne peux me battre à sa place.

Je passe parfois pour quelqu'un de distant, ce que je ne suis pas, je souffre beaucoup de voir ceux que j'aime malheureux, mais je sais aussi que je n'ai pas de responsabilité dans leur malheur, ou alors si peu. C'est la maladie la seule responsable, qu'elle soit physique ou psychique. Dans le cas de maladie psychique, on peut en guérir avec beaucoup de volonté mais les personnes proches sont les moins bien placées pour aider. Dans le cas de maladie physique (c'était le cas de mon ami décédé d'une crise cardiaque), il est vrai que l'on est souvent aveugle, on refuse de voir l'autre affaibli, on ne voit pas qu'il lutte contre le spectre de la mort et ses réactions violentes à notre égard sont vécues comme une atteinte à notre amour alors qu'elles ne sont que la manifestation de sa propre souffrance et de son impuissance....qu'il soit conscient ou non de sa mort prochaine d'ailleurs.

Il ne sert à rien de culpabiliser, nous sommes tous des aveugles, et ce qui nous aveugle le plus, c'est notre égo. En prendre conscience, c'est la voie vers la sagesse et la tolérance.

Prenez soin de vous, aimez-vous beaucoup, et pardonnez-vous surtout. Vous êtes humaines.

Je vous embrasse fort.