J’ai vécu 15 ans avec le même homme. Nous avons grandi ensemble. Lui et moi nous sommes rencontrés et mis en couple à 18 ans. Nous avons bâti une famille en ayant deux enfants merveilleux. Mais pourquoi durant ces 15 ans je ne me suis pas rendue compte combien cet homme pouvait être désagréable, imbus de sa personne,

auto satisfait, violent moralement ?

Mais l ‘expression « se rendre compte » est-elle bien appropriée ? N’ai-je plutôt pas voulu occulter le fait qu’il était invivable pour me rassurer ? Comme si mon confort moral importait plus que mon bien être. En refusant d’admettre la réalité j’ai tout simplement négligé ma personne et la personne de mes enfants. Faut-il que nous ne soyons pas impliqués pour que nous restions objectif ?

Un adage dit : « l’amour rend aveugle. »
Dans ce cas l’amour rend-il aveugle ? Et sommes nous vraiment aveugle ?
Oui, sommes nous vraiment aveugles ou faisons nous comme notre cerveau ? Notre cerveau a la capacité de filtrer certains sons afin de rendre notre vie vivable. Nous ne pourrions vivre normalement si nous entendions continuellement battre notre cœur. Alors je me demande si nous n’arrivons pas à faire comme notre cerveau. Je me demande si nous ne filtrons pas les bruits gênants de notre vie pour continuer à vivre en faisant abstraction du pire.

Il est tellement plus vivable, sur l’instant, de se dire que tout va pour le mieux. Ca évite de prendre des décisions qui nous pousserait à être franc vis à vis de nous même. Moi la première. Et devoir dire à celui que j’ai choisi que j’ai menti durant des année :
Je t’aime

Je t’aime ? Mais pourquoi lui ai-je dit je t’aime toutes ces années alors que je n’y croyais plus, que je savais que c’était fini mon véritable amour pour lui, qu’il m’avait profondément déçue ? Sans doute pour faire comme tout le monde. Vivre en couple toute ma vie avec celui que mon cœur avait choisi. Quand je l’ai quitté, je croyais que mon cœur avait fait erreur en l’ayant choisissant lui. Tout ça parce que je m’étais fixé l’objectif de partager sa vie jusqu’à ce que la mort nous sépare. Sur l’instant mon cœur était amoureux mais avec le temps plus rien ne correspondait aux attentes de mes 18 ans. J’ai changé et lui aussi. Nos routes se séparaient et je ne voulais pas l’admettre. J’ai donc fait comme bien des gens : la politique de l’autruche.

Mais irrémédiablement, un jour ou l’autre nous sommes confrontés à ce qui nous tourmente. Et bien souvent on attend que ça devienne invivable pour exprimer ouvertement la haine. Je n’ai pas fait ainsi. Notre séparation fut calme et ordonnée. Mais voilà, c’est des mois plus tard que tout prend forme, que la haine fait son apparition car on voit l’ex partenaire de vie d’un point ce vue extérieur. Et c’est là que je vois vraiment, ou plutôt que j’accepte de voir qui il est. Je suis étonnée chaque jour par sa personnalité et pourtant il n’a pas changé. Autant je m’en veux de n’avoir jamais réagi avant pour le quitter autant j’estime que ce que j’ai vécu avec lui est un bienfait car sans cette vie avec lui je ne serais pas ce que je suis et je ne serais pas avec l’homme qui partage ma vie actuellement et que j’aime.

Finalement nous concoctons une filtre d’amour pour mieux vivre. Nous filtrons les données afin de ménager notre petite vie bien confortable au risque de donner un goût si amer à notre cœur qu’il n’ose plus aimer quelqu’un d’autre.