Pour moi, la vie commence il y a 19 ans, j'avais 3 ans à peine. Cette année là, mon père s'est enlevé la vie en sautant du haut d'un pont. Depuis ce temps, je le cherche partout au travers d'homme beaucoup plus âgé que moi. Malheureusement, ces hommes ne m'aimaient pas d'un amour paternel... je ne suis plus une petite fille mais une femme. Naïve comme je suis, l'un d'eux me manipula en douce et un soir me drogua et me viola... j'avais 18 ans à l'époque.
Étant donné que mon père est décédé, ma mère a eu d'autres conjoints, tous des imbéciles. Le dernier était manipulateur, violent et contrôlant selon Accord Mauricie et ma mère resta à ses côtés pendant 12 longues années. J'ai donc passé une partie de mon enfance et toute mon adolescence à me faire engueler, rabaisser et taper dessus quand monsieur était de mauvaise humeur, ce qui était assez fréquent. Heureusement, j'ai une soeur jumelle extraordinaire, on a donc pu compter l'une sur l'autre pour s'en sortir. La dernière fois que cet imbécile m'a touché, il m'a littéralement rentré dans l'mur! J'ai crié pour la première fois en 12 ans. Il croyait que j'étais folle. Ma mère s'est finalement décidé à réagir. Nous sous sommes donc ramassé, ma mère, ma soeur et moi, dans un centre d'aide pour femme victime de violence. C'était bien, sauf qu'après 3 semaines, ma mère à décidé de retourner à la maison après les excuses platoniques de son conjoint.

Ce qui me trouble le plus dans cette histoire, c'est que ma mère a eu le choix, cette journée là, entre ses enfants ou son conjoint et elle a choisi son conjoint violent. J'ai mal digéré cette décision, j'ai donc fait une tentative de suicide...overdose de médicaments. Je suis une rescapé du royaume des morts, une miraculée de la vie quoi! Après quoi, on m'a mise dans une famille d'accueil où j'ai commencé à me droguer et à me mutiler le soir. Je passais mes journées dans une clinique peudo-psychiatrique...ça passait le temps. Je n'allais pas très bien, on m'a donc envoyé dans un gros hôpital psychiatrique à Québec pendant 3 mois. J'y ai fêté mes 17 ans. Là-bas, j'avais de grosses tendances anorexiques: je mangeais 56 calories par jour et je courrais comme une défoncé dans ma chambre d'hôpital. On m'a donc traiter pour anorexie et j'ai finit par sortir de là. Ensuite, on m'a placé dans une nouvelle famille d'accueil ( pas génial, je déteste quand il y a trop de règlements).

Les années ont passé, je me suis inscrite au Cégep, puis à l'université. À 19 ans, j'ai fait ma 2e crise, je ne me souviens même pas pourquoi, mais je recommençais à me couper. Retour à l'hôpital, avec les adultes cette fois. On fouille mes bagages, on me fouille également, mais je réussis tout de même à dissimuler quelques lames de rasoir et sur 18 lames, les infirmières en retrouvent une quinzaine. Je me suis donc ouvert les veines, dans mon bain à l'hôpital. J'étais à environ 2 mm de l'artère principale, ça faisait mal, je n'ai pas réussi, point de suture, isolement à l'hôpital, cicatrice que je porterai à tout jamais pour éterniser mes vieilles blessures d’enfance.

J'ai passé 4 mois à l'hôpital, ma mère est venu m'y rencontrer 2 fois seulement en 4 mois et ce, bien qu'elle passait devant l'hôpital tout les jours pour aller travailler.

Je pense qu'en sortant de l'hôpital, j'étais encore plus malade. Je venais de me faire un nouveau copain, presque parfait. On sort encore ensemble malgré toutes les épreuves que je lui ai fait vivre. Il est toujours là, tel un ange rempli d'amour inconditionnel.

Je m'explique, en sortant de l'hôpital, j'étais frustré parce que je n'avais pas d’argent à dépenser et j'ai un tempéramment de dépensière compulsive lorsque je suis déprimé. Qu'est-ce que j'ai fait? La plus grosse bêtise de toute ma vie, quelque chose qui ne me ressemblait pas du tout, quelque chose qui a blessé mon conjoint pour toujours: je me suis coupé de moi-même et j'ai fait de l'escorte. Je me suis vendue et j'ai passé mon trip de dépenses...j'ai dépensé 6000$ en un seul mois! Mon conjoint est toujours près de moi, malgré tout ça, puisse-t-il un jour me pardonner pour tout le mal que je lui ai fait.

Aujourd'hui, j'ai 22 ans, je suis étudiante en psychologie, je ferai ma thèse de doctorat sur le trouble de personnalité limite, je veux aider les gens. Je veux avoir une famille et vivre pleinement. Malgré tous ces beaux projets, j'ai de la difficulté à trouvé des attraits à la vie, à la saisir comme il se doit, à l'embrasser avec passion. Je ne me sens pas enraciné dans le monde, tellement que je me sens prête à mourir à chaque instant, laissant la vie derrière moi. Je ne peux pas m'empêcher de penser à Maria Callas qui disait tout les soirs en s'endormant "Dieu merci, une journée de moins à vivre". J'ai seulement 22 ans et je me sens fragile, faible, usée par la vie.

Chaque jour est un combat maist tout de même, je vie encore, je suis en psychothérapie et j’avance au lieu de reculer, je prends chaque jour à la fois.