Le boomerang de ma vie. Comme le jour et la nuit, comme les saisons, comme le beau temps... Les leçons de ma vie reviennent et m’obligent à me regarder. Ma date d’anniversaire arrive dans quelques jours, je suis triste et heureux à la fois. J’aurai atteint 48 ans, il n’y pas si longtemps de cela, j’en doutais sérieusement. Me voilà devant le miroir, celui qui me suit depuis toujours. Je n’ai pas envie de me voir, je voudrais plutôt en finir avec mes « bibittes », souvent seule, la mort, me semble la seule solution. La dernière fois que je me rappelle d’avoir été heureux, j’avais oublié que troubles existentiels existaient toujours, quelque part, au fond de moi. Sans drogues, sans alcools, sans médicaments, depuis 11 ans, je m’étais quand même leurré moi-même, j’avais occulté mes déficiences, mes troubles de comportements, mes défauts de caractère. Je portais à nouveau mes masques, mes déguisements, les habits d’un quelqu’un d’autre que j’avais créé de toutes pièces. J’étais bien dans ma peau! Tout finira par passer. Je vais oublier! Je m’en étais convaincu et cela me donnais le courage de continuer à vivre, espérant sans doute devenir meilleur avec le temps. Les choses s’arrangeront d’elles-mêmes. Mais aujourd’hui, la réalité frappe à ma porte. Je ne peux plus continuer de me mentir. Les derniers mois ont été troublants, j’ai à nouveau perdu la maîtrise de ma vie. Mon côté sombre a ressurgit et j’ai de nouveau démolit tout autour de moi. Certes, cela s’est fait progressivement et j’arrive à peine à « voir » ce cheminement. Pourtant, c’est ma façon de faire depuis ma (tendre) enfance, ma carte de visite : l’autodestruction.

Maintenant, je vis dans la détresse, j’ai perdu la femme que j’aime comme je n’avais jamais été capable d’aimer avant. Avec elle s’envole mes rêves les plus chers, je perds ma sécurité affective, mon confort qui était pourtant modeste, mon équilibre mental et le peu de paix spirituel que j’avais.

Dans ce chaos, ma seule réaction est de me permettre d’être en colère contre elle. Perdant la raison, j’en rajoute, je continue de frapper sur le clou qui fait mal en s’enfonçant. Je vis dans la plainte continuelle, pauvre moi, je ne mérite pas ça, je suis un « bon » gars! Je me lève avec de l’amertume, je nourris des ressentiments, je vis dans le regret, essayant de changer le passé avec des « si, je n’aurais pas fait ça, si elle n’aurait pas fait ça... » Puis, je trouve d’autres coupables : c’est la faute d’untel, et d’untel...

J’appelle au moins 5 à 6 personnes par jour, amies et amis, travailleur social, thérapeute, etc. Je me plaints, je pleure, je m’écroule, je cris à l’aide... Mais les choses ne vont pas mieux, sinon mon calme revient à peine quelques heures. Puis, j’essaie de ne plus penser à ça, je travaille, je construis des projets, des scénarios. Je rêve, je m’illusionne... Mais, mes pensées reviennent et je déprime. Je m’en veux ! Un point c’est tout! Je ne peux pas me cacher cette vérité, je sais bien qu’il faut que j’arrête de me frapper sur la tête. Je sais bien que je ne peux pas changer le passé. Mais, je n’ai pas de réponses qui viennent m’apaiser. J’arrive d’une session de 8 thérapies consécutives avec une psychologue. Nous avons ensemble trouvés des « clefs ». Nous avons sortis de la garde-robe les vieux vêtements que je porte encore à l’occasion : « les fausses croyances ». Mais ce n’est pas suffisant, je ne sais pas par où commencer.

C’est le boomerang de ma vie. Je suis revenu à mes misères d’enfant, d’adolescent, de jeune adulte, d’adulte... Toujours les mêmes histoires, les mêmes troubles, déguisés mais les mêmes. Lorsque je trouve assez de courage pour les regarder bien en face, je n’ai qu’une seule envie... me sauver de moi! Je ne sais pas comment m’en débarrasser ni même apprendre à vivre avec. La seule chose qui me vient à l’esprit, c’est de me geler la tête, chercher à nouveau à les renier.