Bonjour. Loin de moi l'idée de disculper les salauds qui tripotent leurs gosses, ou ceux des autres. Que ce soit clair : je les condamne tout autant que vous.

Cependant, il faut accompagner le discours accusateur, si en vogue actuellement, d'un autre discours, tout aussi important à mes yeux.

Pendant des années, des décennies même, on a fermé complaisamment les yeux sur les abus dont étaient victimes les enfants. Divers facteurs sociologiques ont contribué à cette hypocrisie généralisée. Puis la tendance s'est inversée, à tel point maintenant que toute personne dénonçant des abus sur mineurs est systématiquement crue, que la parole des enfants est sacralisée, que toute victime présumée devient de fait une victime ; de même, tout agresseur présumé devient, par une sorte de consensus automatique, un authentique agresseur. Sans qu'il soit besoin de vérifier les dires, ni d'interroger les faits. En clair, on se dirige, pour ces affaires spécifiques, vers une justice d’exception, qui méprise un principe pourtant basique et incontournable, la présomption d’innocence.

Or, il y a à mon avis deux sortes d’accusations d’abus sexuels sur mineurs. Celles qui sont révélées dans un contexte neutre, et celles qui sont révélées au cours d’un conflit, voire d’une séparation.

Qu’un père soit accusé par ses enfants alors que tout se déroule à peu près normalement dans la famille, c’est un compte. Mais lorsque le couple se déchire, lorsque il est question de séparation, n’est-il pas suspect de voir apparaître, à point nommé, des accusations qui vont grandement contribuer à la dislocation de la famille, faire en sorte que le père soit séparé de ses enfants, ce qui arrange bien la mère ?

De plus en plus de séparations conflictuelles donnent lieu à des accusations mensongères. Certes il faut protéger les enfants contre les pédophiles qui les tripotent. Bien évidemment. Mais il faut aussi les protéger contre les mères manipulatrices qui les instrumentalisent dans le cadre de séparations difficiles, car les enfants en sortent non seulement gravement perturbés, mais privés de leur père qu’ils ne reverront que rarement. Et le père, lui, voit sa vie brisée alors qu’il est innocent.

Donc je vous mets en garde : ne laissons pas nos émotions l’emporter sur le raisonnement. Les affaires d’attouchements sur mineurs ne sont pas si simples qu’il n’y parait. Derrière une accusation ne se cache pas forcément un salaud lubrique d’un coté, un enfant victime innocente de l’autre. Parfois, de plus en plus souvent même, se cache une dérive du système, une martingale orchestrée par la mère et qui marche à tous les coups, un processus judiciaire qui broie un homme innocent. Le plus souvent, derrière une dénonciation, se cache une femme manipulatrice et des enfants complices malgré eux, qui ne se rendent pas compte du jeu qu’ils font, ne s’en rendront compte que bien plus tard, peut-être trop tard, alors que le contact sera rompu, alors que la vie d’un innocent aura été brisée.

La parole d’un enfant est à écouter avec une grande prudence. De plus en plus, les experts psychiatres appellent à la modération et la vigilance dans le recueil de cette parole qui se fait l’instrument de buts qui la dépassent. Certes, hélas, il y a des détraqués qui tripotent des gamins. Mais on vient à peine de se mettre à oser en parler que pof, voilà que certaines nanas, pas connes et qui ont vite compris à quoi ça pourrait servir, s'engouffrent aussitôt dans la brèche et utilisent ce sursaut d'indignation populaire pour faire couler leurs mecs à pic.

Ben oui quoi, faut pas sortir de polytechnique pour piger que là, il y a une combine imparable à utiliser. Une martingale qui tue à tous coups ! Suffit de persuader les gamins de bien vouloir répéter quelques histoires, des fois à la limite du n'importe quoi, mais surtout bien salaces et hop, ça passe comme lettre à la poste. En face c'est la dictature de l'émotion, et devant une tête blonde et un regard de victime éplorée, le sang des magistrats et autres auxiliaires de justice ne fait qu'un tour. A partir de là, le principe de précaution s’appliquant, suspension du droit de visite, garde à vue plus ou moins musclée, roule Simone, la mécanique du procès d'exception, de l'instruction à charge et bâclée se met en route, et plus rien ne peut l'arrêter ! Et qui gagne, au final ? Bien évidemment, c'est la maman, qui a le droit de garde plein et entier, qui se débarrasse à bon compte de l'encombrant ex mari, et qui peut même, dans la foulée, le faire coller au trou pour dix ou quinze berges, suivant comment le coup a été monté et suivant comment le malheureux est défendu – tant il est vrai que tous les avocats ne sont ni honnêtes, ni compétents.

Je pense qu’un homme accusé d’attouchements sur mineurs est vu a priori comme coupable, il est souvent catalogué sans qu’on cherche vraiment si les faits ont eu lieu ou pas. Sans se poser la question. Des fois même sans seulement l’avoir rencontré.

Alors mon discours arrive un peu dans le zig alors qu’on vient à peine de négocier le zag, si je puis m’exprimer ainsi. On n’a pas eu le temps d’admettre que oui, la pédophilie ça existe et nos mouflets ne sont à l’abri nulle part ( pensez donc, même des magistrats sont capables d’appartenir à des réseaux, ça la fout mal, faut reconnaître ), et voilà qu’aussitôt il faut bémoliser et se rendre compte qu’à coté des affaires réelles il y des affaires bidon, et pas qu’un peu ! ! ! On commence à peine à oser parler ouvertement de cette horreur que sont les enfants violés, à agir contre ça, et aussitôt certaines personnes opportunistes, sans scrupules et à mon avis un peu BARGES, ou en tous cas franchement LACHES, récupèrent le phénomène pour s’en servir dans le cadre de séparations conflictuelles. Tout ça va trop vite.

Et puis c’est difficile à admettre. C’est déjà dur à avaler que des salauds puissent s’attaquer à des enfants. Dans quel monde on vit, merde ? Mais au moins, on se dit qu’ils sont fêlés, qu’ils ont une case en moins, que ce sont, justement, des salauds. Dans l’histoire, la gentille maman qui vient juste amener ses mouflets au commissariat car elle a eu « des doutes », se tape le beau rôle. Maman poule vient protéger ses petits poussins. C’est touchant, voire noble.

Mais si on commence à prendre conscience que maman poule, avec sa bouche en cœur et son air innocent, n’a peut-être que la bouche en forme de cul ( de poule ) et en même temps la langue fourchue, que cette maman, dis-je, est peut-être une ordure qui cherche juste à coincer son mari et l’écarter de ses enfants, là, la pilule a plus de mal à passer. Elle n’a pas l’excuse d’être fêlée, la maman. Ni travaillée par une déviance sexuelle incontrôlable. Elle est juste tenaillée par la haine, l’envie de vengeance, ou simplement un intérêt matériel, une histoire de conflit, de pension alimentaire, rien de glorieux, quoi. Plutôt sordide, même. C’est juste une froide calculatrice qui est engagée dans un processus de guerre par système judiciaire interposé, c’est juste une personne qui a mis le doigt dans l’engrenage procédurier et qui veut gagner à tout prix. Difficile d’admettre qu’une femme puisse être capable de tant de bassesse, qu’elle en arrive au point de bousiller le mec avec qui elle les a fait, ses mouflets, et de les bousiller, eux, au passage, tant et plus. Et sans se poser du tout la moindre question des fameux « dommages collatéraux ». Seul le but compte. Quel but ? Déjà, écarter le père de ses enfants, comme si elle en était la propriété, comme s’ils lui appartenaient, alors qu’en fait, les enfants n’appartiennent qu’à eux-mêmes.

En plus, si la maman a bien calculé son coup, elle prend l’air de rien. Elle est juste venue montrer ses gamins devant les gentils gendarmes. Elle n’y est pour rien, la pauvre. Elle n’est ni complice, ni diffamatoire, elle ne dit rien, elle laisse parler ses enfants. En fait, elle fait faire son sale boulot par les autres. Par les enfants et le système judiciaire. Et pendant ce temps, elle astique son auréole. Et tout le monde vient la consoler, la féliciter de son courage. Putain de vie !

Ouais, ça fait même salingue. C’est du genre passionnel. On a baisé ensemble, on s’est aimés, on a passé des années à se côtoyer… Le maire l’avait bien dit, « pour le meilleur et pour le pire », mais jamais on n’aurait pensé que le pire pouvait aller aussi loin ! On a vécu ensemble, d’abord à deux, puis à plus avec la naissance du petit premier… Eh oui, on a même participé à la survie de l’espèce, on a porté, senti dans nos entrailles cet enfant qu’on a aimé, on l’a soigné, éduqué, nourri, et maintenant que la relation tourne vinaigre avec l’ex mari, on se sent terriblement mal à l’aise d’avoir conçu avec lui des enfants, d’avoir eu de tels égarements avec ce type qu’on ne peut plus blairer. Ben oui, on a BAISE avec, beurk ! ! ! Et voilà qu’il prétend revoir les enfants, et il va falloir négocier avec lui, des pensions, des droits de visite ? Et puis quoi encore ? Non, le plus simple est de le faire passer pour un détraqué, ça va plus vite et ça marche tellement bien, les magistrats se jettent dessus, ils se disent que ça y est, c’est la grosse affaire, ça va leur faire prendre du galon… Et voilà que de l’amour on passe à la haine - on ne quitte pas, en fait, le registre du passionnel.

En fait, c’est toujours le cul qui est en jeu dans ces histoires. On a eu une histoire de cul avec untel, maintenant tout est fini, ne reste que la gêne, l’embarras, la honte, la rancœur, et pour peu qu’il y ait des dissensions sur la suite à donner à tout ça, ben on judiciarise, et dans la foulée, on pénalise. Si le sexe n’était pas une chose aussi honteuse, aussi mal assumée par homo sapiens, tout ne tournerait peut-être pas autant au vinaigre. Pourtant, au départ, tout s’est passé entre personnes majeures et consentantes, capables de savoir ce qu’elles font. Mais à posteriori, on n’assume plus, on se sent sale. Combien de fois ai-je entendu, une fois le couple brisé, des femmes dire « je me demande ce que je lui ai trouvé », ou « comment ai-je pu me mettre avec ce sale type », etc. J’en ai entendu, des vertes et des pas mures. Réfléchis un peu, Simone. Tu l’as pourtant choisi, à l’époque, et tu as pris ton pied avec. Personne ne t’a obligée, faut pas déconner.

Je suppose que c’est sans doute assez désagréable, assez douloureux, d’admettre le fait QU’EN PLUS des cas de viols avérés, il y a aussi des cas où certaines femmes – et pas une poignée d’isolées, hélas, le phénomène se radicalisant de façon massive – soient capables de se livrer à de telles manipulations, perverses, coupables, cruelles, et si indifférentes aux dégâts causés chez leurs propres enfants. Il est plus commode de tenir un discours unidimensionnel, dans lequel il y aurait les salauds, les pervers lubriques d’un coté ( en plus, des hommes, évidemment, car on oublie que des femmes aussi sont pédophiles, ça existe, hélas )… D’un coté des mecs en rut et capables de s’attaquer à tout ce qui bouge ; de l’autre les pauvres mamans qui cherchent à protéger, tant bien que mal, leurs petiots sans défense. Manichéen, mais si facile à mettre en pratique. Indolore. Il est bien plus désagréable sans doute d’admettre l’idée qu’un enfant peut mentir, piloté par sa propre mère, pour raconter des saloperies dans le but de salir son père, de ruiner sa vie. Du coup, n’est plus le salaud qui on croit. Eh oui, c’est pas reluisant, tout ça.

C’est sur que c’est plus facile, plus confortable, de battre le rappel sur la cause des enfants martyrisés – qui, rappelons-le, est une vraie cause, car cela existe. Bien plus facile de s’en tenir à ce discours unidimensionnel, réductionniste, voire naïf, en tous cas incontestablement daté, obsolète et irréaliste, qui donne le beau rôle aux femmes et assigne aux mecs toujours celui du salaud qui ne cherche qu’à s’assouvir, ne pense qu’avec sa bite et se révèle toujours, à l’usage, un monstre d’égoïsme. Souvent, c’est l’image que se font certaines femmes des hommes en général, surtout les femmes en pleine séparation, qui ont été déçues par leur mec, à tort ou à raison, ce n’est pas le problème.

Pas le problème ? Non, car si la déception est réelle et quelle qu’en soient les raisons, si le couple se déchire alors qu’avant il s’aimait, reste que les enfants, eux, n’ont pas à être les otages de cette situation. Reste qu’ils n’ont pas à se retrouver instrumentalisés dans ce conflit. Ils n’ont pas à salir leur père, le faire passer pour ce qu’il n’est pas, répéter une leçon infamante qui, pour le coup, porte une rude atteinte à leur innocence. Contraindre un gamin à raconter comment son papa l’a sodomisé alors qu’il ne s’est rien passé, n’est-ce pas, à un certain degré, provoquer en lui un malaise, un trouble qui se rapproche, en un sens, de ce qu’il aurait éprouvé si le viol avait eu lieu ? N’est-ce pas jouer en toute inconscience avec la fragilité de son psychisme ?

Peu importe le conflit entre les adultes. Que la maman ait ou non des raisons valables de détester le conjoint, qu’il ait ou non commis des fautes dans le cadre de sa relation avec elle, ce n’est pas le sujet. On n’a pas le droit, parce qu’on veut se venger de l’autre, d’utiliser ses enfants comme armes, car ils sont là, entre le marteau et l’enclume, et ils morflent plein pot. Et puis merde, on n’a pas le droit non plus de faire passer pour un ignoble pédophile un mec qui n’a rien fait, c’est dégueulasse !

A mon avis, une femme qui a recours à un tel procédé est soit aveuglée de haine et déterminée à employer tous les moyens. Même si elle est consciente des conséquences elle s’en fout, elle ne pense qu’à avoir gain de cause ; soit elle est barge et a fini par croire à ses propres salades. Alors, dans ce cas, elle et les enfants complices se renforcent mutuellement, plus ils en ajoutent plus ils s’auto influencent, un peu comme les adeptes de sectes fuient en avant, s’enfoncent plus profondément dans leurs délires, en diabolisant l’extérieur, en se repliant dans une attitude de victimes, en s’enfermant dans leur discours paranoïaque.

Alors oui, je comprends que ce que je dénonce ici mette mal à l’aise. Car c’est clair que dans ce cas de figure, quand l’allégation d’abus sexuels n’est qu’un mensonge, une manip, la femme tient le rôle, incontestablement, de l’ordure finie, ou de la pauvre truffe qui a perdu les pédales. On préfère croire, à tous les niveaux, que c’est une vraie histoire d’abus sexuels, qu’on a affaire, une fois de plus, à encore un salaud, un pédophile, un détraqué, un de plus ! Et c’est là que la justice quitte le terrain de la vérité ( dont on peut se demander si elle a quoi que ce soit à foutre, en fait ), pour s’enfoncer dans l’ornière du conformisme, de la dictature de l’émotion. C’est là que la justice ne juge plus au vu des critères du droit, inaliénables, mais de la morale, sujette à toutes les subjectivités. C’est là qu’on abandonne les preuves, les faits, le tangible, l’incontestable, et qu’on se contente de laisser parler les « intimes convictions », qui sont, en la matière, fortement suspectes.

Mais qu’importe. La machine judiciaire est en route. The show must go on, isn’t it ? Il y a la parole sacro-sainte des enfants d’un coté ; de l’autre, il y a le suspect, désigné à la vindicte, menotté, étiqueté comme tel, dans son box des accusés. Ne reste plus qu’à le broyer, en une cérémonie expiatoire de la mauvaise conscience collective, et à consoler les pauvres petits enfants. Notre brave Simone, elle, quittera le tribunal l’air digne, la larme à l’œil mais soulagée, le monstre ayant été mis hors d’état de nuire. Et une fois à la maison, elle ouvrira la bouteille de cidre et fera des crêpes pour tout le monde. On fêtera la défaite du père, et on souhaitera qu’il reste à l’ombre le plus longtemps possible. Elle est pas belle, la vie ?

Il est encore heureux que certaines femmes, que j'espère nombreuses, soient capables de comprendre le mécanisme de la vengeance féminine et de l'allégation fausse d'abus sexuels. Sinon, les pauvres pères seraient tous foutus ! Alors que là, ils sont dans la merde jusqu'au cou, mais certains peuvent peut-être s'en tirer, sait-on jamais.

Il est heureux, dis-je, que certaines femmes échappent à la mauvaise conscience dont je parlais. D'autant que beaucoup de magistrats sont des femmes !

Je ne fais pas de sexisme primaire. J'essaie juste de comprendre et je veux m'engager à défendre la cause des enfants. Pour moi, défendre cette cause ne consiste pas uniquement à dénoncer les viols et les abus. Cela est bien, louable, noble, mais pour défendre de façon intelligente et éclairée la cause des enfants, il faut être nuancé. Or, verser dans la diabolisation de la gent masculine, gober toutes les histoires et bondir dès qu'on entend une accusation, prendre tout pour argent comptant, ce n'est pas rendre service aux enfants. Car les enfants doivent aussi être défendus, hélas, contre les personnes sans scrupules qui les utilisent, font d'eux des armes - exactement comme dans certains pays en guerre, où on utilisait les enfants kamikazes, bourrés d'explosifs, qui se faisaient sauter dans le camp ennemi parce que l'ennemi les regardait approcher sans se méfier.

Les enfants sont faciles à manipuler, surtout lorsque c'est la mère qui les dresse à raconter des histoires sordides. Mais ce faisant, ils perdent leur innocence. Un enfant qui accuse son père à tort se retrouve, d'après les études, aussi perturbé, si ce n'est plus, que si les faits avaient eu lieu. Tout d'abord, il finit par y croire. Ensuite, au fond il se sent coupable vis-à-vis de son père. Et pour finir, il est l'enjeu, le terrain sur lequel se déroule la bataille. A la fin de celle-ci, il est saccagé. Et cette lutte à mort qui oppose les deux parents le prive de son père. Or, pour se développer, un enfant a besoin de ses deux parents. Bref, pour de nombreuses raisons, l’utilisation, l’implication des enfants dans le conflit qui oppose les adultes est inacceptable et les personnes qui ont recours à ce type de manœuvre devraient prendre conscience de deux choses : d’une, elles détruisent leur enfant, lui portent un grave préjudice. De deux, un jour ou l’autre l’enfant comprendra et là, gare au retour de manivelle !

Défendre la cause des enfants, c'est ma mission. Et la défendre de façon intelligente ne consiste pas à foncer dès qu'on crie au loup.

Défendre la cause des pères injustement accusés. Non pas parce que ce sont des types - on accuserait une nana à tort, je réagirais pareil. Simplement parce qu'ils sont INNOCENTS et que l'injustice me révolte. C'est trop facile, sinon. Vous voulez ruiner la vie de quelqu'un ? Pas de problème, suffit d'avoir un gosse prêt à dire n'importe quelle connerie, et le tour est joué. Quand on sait l'ascendant que peut avoir une mère sur son enfant, quand on sait à quel point les questions de certains policiers ou gendarmes peuvent être inductrices, voire franchement orientées, quand on sait à quel point joue l'effet d'attente, avec quelle facilité se répand et s'enfle la rumeur, quand on sait que l'immense majorité des clampins qui n'y comprennent rien se disent qu'il n'y a pas de fumée sans feu... Non, il n'est pas acceptable de laisser de tels procédés envahir la vie publique, engorger nos tribunaux et détruire l'innocence des enfants, détruire des adultes innocents.

En fait, il conviendrait de circonvenir avec prudence la signification de cette fameuse expression, "la vérité sort de la bouche des enfants". Cela ne signifie nullement qu'ils ne mentent jamais, puisque le mensonge apparaît très tôt chez l'enfant, d'après des gens comme Piaget ou Cyrulnik, si mes souvenirs sont bons. Je crois qu'en fait, cette expression traduit le fait que souvent les enfants gaffent, qu'ils sont spontanés EN TEMPS NORMAL et qu'ils crachent la vérité au moment où on l'attend le moins, alors que les adultes, eux, par hypocrisie, disent autre chose. Mamie veut se pointer à dîner, les parents ont décidé d'aller au cinoche, et du coup envisagent de lui raconter qu'ils ont un gros problème avec la machine à laver et qu'ils sont dans les soucis, ne peuvent pas l'inviter, etc. Mamie téléphone, et voilà que le petit Julien, en lui disant bonsoir, lui balance que ce soir, on est de sortie et qu'on va bien s'amuser. Ben ouais, c'est la gaffe, bien gratinée. Je crois que cette expression, "la vérité sort de la bouche des enfants", veut simplement dire qu'à certains moments, ils balancent la vérité sans réfléchir, parce qu'ils ont un coté spontané. Mais à coté de ça, ils mentent, comme des arracheurs de dents, quand ça les arrange. L'école les dresse à acquérir cette capacité d'apprendre des leçons par coeur. Alors, quand la mère leur dicte ce qu'ils doivent dire devant les juges d'instruction ou les gendarmes, pas de pet, les petits savent faire. Surtout s'ils sont en pleine aliénation parentale et qu'ils détestent le père, avec qui ils n'ont plus eu de contact depuis des mois. Ils n'entendent qu'un seul son de cloche, ils sont manipulés du soir au matin, et voilà, ils font ce qu'on attend d'eux, car au fond, ils aiment leur maman, QUI EST TOUT CE QUI LEUR RESTE.

Les enfants mentent. Pour avoir des cadeaux. Pour pouvoir jouer aux jeux vidéo, ne pas finir leurs devoirs ou aller chez leurs copains. Ils truquent leurs bulletins scolaires, ils refont la signature des parents, ils... Attention, je n'ai pas dit qu'ils font tous ça, ni qu'ils font tout ça. Je dis qu'ils ont la capacité à mentir, qu'elle est directement proportionnelle à leur intelligence et que certains enfants sont particulièrement convaincants, pour peux qu'ils soient émotionnellement investis dans l'histoire qu'ils racontent.

Les vrais experts psychiatres, ceux qui sont spécialisés dans ce genre d’affaire, le disent clairement : le recueil de la parole d’enfants doit se faire avec une extrême prudence. Quand à la fameuse crédibilité, ce n’est pas parce que les allégations d’un enfant sont crédibles qu’elles sont vraies. Le fait qu’elles soient crédibles veut simplement dire que l’enfant ne raconte pas des choses impossibles d’un point de vue matériel, que ça pourrait s’être produit, qu’il n’y a rien dans les faits CONNUS qui soit incompatible avec ce qu’il dit, jusqu’à preuve du contraire. Cela ne prouve aucunement que les allégations en question renvoient à une vérité. Rappelons que dans le droit pénal Français, pour condamner une personne, il faut établir la PREUVE que les faits ont eu lieu, et que le moindre doute, aussi léger soit-il, doit profiter à l’accusé.

C’est là que l’affectivité à fleur de peau joue son rôle : la maman et les petits enfants, pauvres victimes, ne sont pas crus ? On ose mettre leur parole en doute ? Ah vraiment, ce papa, quel salaud ! Non seulement il les viole, mais en plus il les fait passer pour des menteurs ! Et voilà que les esprits s’obscurcissent, que le paléocéphale éclipse le néocortex, que l’émotion remplace l’analyse. On n’est pas sortis de l’auberge, je vous le dis ! Parce que lorsque rien ne vient confirmer la version des uns ou de l’autre, alors c’est parole contre parole, et là, qui préfèrera-t-on croire ?

Voilà ce qui fait de l’allégation mensongère d’abus sexuels une martingale redoutable. Seulement, comme je le disais, un jour ou l’autre, les enfants comprendront, et là, il n’est pas du tout certain qu’ils pardonneront à leur mère de les avoir utilisés de cette façon. Il n’y a pas eu viol par le père, certes, mais il y a eu par la mère une sorte de viol psychique, une souillure, et ils ont détruit un homme innocent. C’est lourd à porter, n’est-ce pas ?

Les femmes qui emploient cette martingale savent qu’elles vont gagner, presque à coup sur. Mais elles gagnent à court terme. Elles feraient bien de réfléchir à long terme. Et puis elles feraient bien de se regarder dans la glace, aussi. Moi, si je faisais une telle chose à mes enfants, je ne pourrais plus jamais croiser mon propre regard.

Le plus pervers des deux n’est pas toujours celui qu’on croit.