L'insertion ou la réinsertion sur le marché du travail pour les personnes atteintes du trouble bipolaire affectif, n'a rien d'évident.

Je suis atteint de ce trouble. J'ai 38 ans et fus diagnostiqué en 96. J'ai une femme et deux jeunes enfants.

Je ne puis me résoudre à prendre du lithium ou de l'Epival sur une base constante. Je ne crois pas en ces produits, et n'y croirai jamais. Par contre je dispose d'un plan d'urgence ainsi que de tout un éventail de moyens ou techniques, incluant la médication, pour prévenir et traiter mes sautes d'humeurs, lorsqu'elles arrivent (en particulier les highs). Je n'ai été hospitalisé que 2 fois, depuis 96, pour de très courts séjours (10 jrs max)... La dernière fois remontant à 1999.

L'élément le plus étrange dans mon cheminement, c'est que j'ignore encore la part de ce qui relève de la maladie, de ce qui relève de ma personnalité, de l'innée ou de l'acquis... dans mes mésaventures...

Ce ne serait pas si dramatique, si je n'étais pas en famille...

J'ai dû perdre environ 8 emplois, bien rémunérés, depuis l'année de mon diagnostic. Et, je ne parviens toujours pas à contrôler ou endiguer cet état de faits.

Aujourd'hui, disposant d'une maîtrise en administration, j'occupe un emploi alimentaire, payé au salaire minimum, et je me fais presque vivre par ma conjointe...
Ça m'épuise. Je sens quelques fois que j'ai fait le tour de la question à plusieurs reprises. L'orgueil en prend un coup.

Il n'y aurait pas vraiment de solution toute faite, autre que celle que m'a procuré le boudhisme depuis le début de mon trouble.

Non, je ne suis pas entré en religion, mais certains préceptes du boudhisme me sont encore d'une aide précieuse, et m'empêche, il est vrai, de faire le grand saut, quelques fois.

J'ai en tête cette histoire de témoin qui aurait entendu un homme dire, pendant qu'il faisait une chute de plusieurs étages: "jusqu'ici tout va bien"!

Dieu que c'est précaire, mais l'instant présent est une clé dans le quotidien du maniaco-dépressif que je suis.

Oui. Le désespoir rôde. Et je sens que presque tous les thèmes et toutes les avenues ont été abordés.

Le souffle, le toucher, l'ouïe, l'odorat, brefs les sens... me supportent au-delà de la pensée et des idées négatives...

Dans le fonds, je suis venu m'exprimer sur votre site. Et, je ne sais pas vraiment si quelqu'un entendra ma musique...

Pour une rare fois, je partage un morceau... Car, dans le fond, je crois qu'il n'y a vraiment rien d'acquis...

Je ne sais plus qui je suis, qui je dois suivre et qui me suit...

Salutations.

Ishmaël.