Aile sud.

Là-bas tout est très facile.


Immobile face à une porte blanche d’où s’échappent quelques pleurs, on peut tout prévoir.


Le pas inquiet sera celui du visiteur, impatient d’arriver, dévoré par l’envie de repartir.


Arrivé à votre hauteur, il appuie un regard interrogateur sur votre corps raidit d’indignation, un corps qui hurle « Non je n’en suis pas, je suis NORMAL. »


Réponse en poche, l’inquiet reprend sa course au rythme de ses spéculations sur les raisons de votre présence, oubliant de se ressouvenir ce que lui-même vient chercher ou plutôt emporter avec lui à jamais.


Le pas silencieux, concerné mais jamais ému des chevaliers blanc souriant, le regard trop honnête et trop grand pour être sincère, si près qu’il pourrait vous toucher, ils le font même pour marquer la dépestification de votre personne. Il ne faudra jamais qu’ils insinuent votre différence à l’égard des gens qui ne se hâtent pas dans l’aile sud pour rencontrer…


Les chaussons, le sol reste accroché à leurs semelles tant ils s’enfoncent et se traînent, accablés sous le poids de l’amour des inquiets et des chevaliers blancs trop soucieux pour être humain.

Là-bas tout est très facile.


Dehors, entre les taxis empressés et les bancs désolés de n’accueillir que les inquiets, on peut reconnaître les chaussons étendus dans l’herbe, confortablement avachis, manifestant la plus grande satisfaction d’être chez eux.


Immobiles, cloisonnés dans leur colère les inquiets comprennent alors qu’eux aussi un jour seront ici comme à la maison.