J'aurais dû


Parti vers ce pays lointain
Trop court était mon bras et trop petite était ma main
Je n’ai pu te sauver de ce secret bien garder
Le secret de l’abus qui selon moi t’a fait craquer

Suis-je la première responsable de ton mal
Suis-je la première coupable
Suis-je la raison de ton acte indélébile
De ce geste violent qui est ton suicide

J’ai voulu voir ton dossier médical
Pour m’assurer que j’étais point la cause de ton mal
Tout ce que j’ai eu a été accès refuser
Je n’ai pu y accédé

J’ai questionné tes amis, ton patron
Je voulais absolument connaître les raisons
Tout ce qui en est ressorti
La cause était ta femme Sylvie

Oui je le crois
Mais à tes amis t’aurais jamais parler de moi
Jamais t’aurais oser parler des abus nocturnes
Donc, l’option était que tu restes taciturne

À qui t’aurait bien pu livré ton secret enfoui
Ce lourd secret qui sans aucun doute nuisait à ta propre vie
Tel ton psychologue qui de longues heures t’a écouter
Qui maintenant refuse de me téléphoner, de me rencontrer pour en parler

Suis-je en quelque part dans un dossier
Un dossier professionnel qui sous silence ce retrouve bien garder
Si seulement on voulait m’ouvrir la porte et m’informé
M’informé du pourquoi tu t’ai suicidé

Tout ce qui me reste sont des peut-être, des si, des pourquoi et des raisons inconnu
Puis, en héritage il me reste l’image de mon cher frère pendu
Comment vivre avec de telles séquelles
Sans pensée d’aller à mon tour le rejoindre au ciel

À cause de moi, à cause de ce secret bien garder
Je t'ai perdu toi, toi mon frère tant aimer
Je vais m’en vouloir pour ce silence qui était une grave bévue
Car oui, j’aurais dû

J’aurais dû lui parler
J’aurais dû lui confier que mon but premier était de le protégé et non le blessé
Mais voilà que par mon silence les ailes de mon frère se sont brisées
Par ce silence je n'ai pu le sauver

Le seul moyen qui a su découvrir pour s’en sortir
C’était de fuir, de s’offrir l’avidité d’en finir
Et voilà que chaque jour, chaque nuit, dans ma tête résonne le mot pourquoi
Et bien que j’essaie de comprendre, je ne comprends pas

J’ai besoin de savoir
Mais je crains que cela soit sans espoir
Même s’il m’arrive de vouloir abandonner
Je me retrouve dans l’impossibilité car je suis obnubilé par cette idée

Je suis rendu au point ou je me sens coupable de respirer, d’aimer
Je me sens coupable de dormir, manger, rigoler
Je suis rendu au point ou j’ai peur de la tendresse
Peur des caresses

Peur de parler, de me confier
J’ai peur de pleurer
Peur de sourire, peur des souvenirs
J’ai peur de l’avenir

J’ai peur du combat
Peur de moi
J’ai peur de souffrir
J’ai peur du mots finir

J’ai vraiment, vraiment besoin de connaître les raisons
Pour que moi ta petite sœur puisse te demander pardon
Car même si l’on me dit que j’ai tord, tord de vivre avec ses remords
Moi ta petite sœur, je me sens coupable de ta mort.

Ce poème est véridique.
Mon frère à mis à sa vie à la fin du mois de juin 2004.
Pardon mon frère.
Ta petite soeur Cathy