De tout mon corps, je tremble
De tout mon corps, je pleure
De tout mon âme, j’assemble
Les pièces fracassées de mon cœur
Envahie par une crainte ravageuse
Envahie, je suis rageuse
Pleine à rebord, j’explose
Pleine, toujours je m’y oppose
Se fracassent mouvements et pensées
Sur les murs du sucrier
Puis de nouveau l’accalmie
Faute d’avoir succombée à l’envie
On s’assied ou on s’active
On bouge ou on vogue à la dérive
On cri ou on se tait
Qu’importe la solution, on s’y connaît
Défilent les années
Au bord du sucrier
Défilent les pensées
Au fond de l’encrier
Puis un jour, faute de n’avoir vécu
On se retrouve seule au milieu de nulle part
Seule, sans un brin d’espoir
On se retrouve à pleurer, l’âme et le corps déchus
On pleure à notre vie perdue
On cri à notre corps corrompu
On se révolte à l’âme qui n’est plus
On tombe sur le sol, l’esprit à nu
Puis, les spécialistes défilent sous nos yeux
Ils nous disent que l’on prend du ‘mieux’
On ne croit en ces affirmations
Car on sait que ce n’est que bidons
Après quelques temps on reprend les kilos
Que nous avons tant voulu éviter
On reprend ces ‘kilos en trop’
Sans même qu’ils daignent nous en aviser
On reste à la maison
On s’accroche à notre prison
Peur de sortir et de se faire critiquer
On aime mieux s’emprisonner
Le miroir redevient notre pire ennemi
Et la balance ,notre meilleure amie
On ne fait que penser et on se prive
Faute de n’avoir un corps filiformes
On s’empiffre alors on s’active
Pour ne pas reprendre ces cruelles formes
On perd , perd et perd encore
On ne veut plus aller dehors
On regarde à la télé
Des émissions pour nous aider
Nous aider à quoi direz-vous?
Nous aider à demeurer dans notre trou
On fait nos exercices à la perfection
Mais nous ne sommes que des pions
Nous sommes les pions de la maladie
Nous sommes les pions de la vie
Nous somme les pions d’une société
Qui ne fait que juger
Je parle à la première personne du pluriel
Car je considère que je fais partie d’ ‘elles’
Ces femmes qui passent leur vie à chercher
Quelque chose qu’elles ne pourront jamais trouver
Je fais partie de ces femmes qui , un jour
N’en peuvent plus de toutes ces privations
Ne veulent plus demeurer seules, à la maison
Tentent de sortir du trou pour renaître à la vie, l’amour
Je fais partie de ces femmes qui font tout
Tout pour que les autres soient heureux
Tout pour être aimées dans un monde où il pleut
Mais qui repartent en croyant à une erreur de parcours
Aujourd’hui je voudrais n’avoir succombé
À la tentation immense de tout manger
Aujourd’hui j’aurais aimé pouvoir dire
Que je me suis fait vomir
Mais, je ne peux affirmer cela
À la place, j’écris sur ce bout de papier
Juste avant de m’activer
Afin d’éviter d’observer le résultat
Le résultat de la famine assouvie
De ma privation étourdie
De mon âme malhabile
Et de mon cœur si fragile
Faute de ne manger comme tous et chacun
De ne jamais trouver le moment opportun
De ne renaître à la vie
J’attends toujours et encore le jour où je serai guérie