J’aimerais vous dire à vous les psys
Que la route que vous avez choisie
N’en est pas une simple et banale
Que ça prends beaucoup de don de soi
Pour offrir tant aux autres.

J’aimerais vous dire cependant
Lorsque vous croisez sur votre route
Des gens semblable à moi
Qu’il est préférable selon moi,
De rayer de votre vocabulaire les mots toujours et jamais

Ces mots sonnent faux, en tout cas pour moi
Cela crée une tension indiscible en soi
La partie blessée qui veut tant y croire opposée
À la partie saine qui sait ce qu’il en est réellement
Et qui se charge avec violence de nous le faire savoir

Personne ne peut prétendre, psy ou autre,
ne jamais porter de jugement de valeur
Personne ne peut oser dire
qu’il ne prends jamais la fuite
ne serait-ce qu’une fois de temps en temps

Et surtout, personne au monde ne peut promettre
De ne jamais abandonner
Certains le font plus souvent que d’autres,
mais le croire est une illusion, un leurre
Qui ne fait qu’alimenter un mythe de solidité à toute épreuve

Devant l’idéal, la vision de grandeur et de toute puissance
On se sent si petit et l’autre si grand
Qu’on souhaite se faire porter par lui,
et qu’on refuse une fois de plus de grandir
Alors lorsqu’il nous pousse, on panique, on se débat et on frappe

Mon expérience interne est par moment trop intense
Mais c’est pour le moment comme ça qu’elle est
Et à travers mes douleurs, mes joies
Je n’ai pas besoin d’entendre dire qu’on ne juge pas
Qu’on n’abandonne pas
Je le sens lorsque c’est vraiment comme ça

L’abandon étant la première blessure, il ne faut pas jouer avec ça
Car frapper à cet enfroit c’est frapper dans « la » zone à vif,
au coeur de la pire douleur qu’il soit de vivre
Parce qu’archaïque et dévastatrice
Aucun être humain n’est à l’abri d’abandonner ou de se faire abandonner,
Et ce, parce que c’est tout simplement humain.

J’aimerais maintenant vous dire à vous les borderlines
Que la route que vous avez choisie
N’en est pas une terne et simple
Elle est somme toute riche, intense, par moment souffrante
Qu’on marche parfois de longs moment sur le fil de fer
Dans un entre-deux inssuportable
Mais un jour, il faut savoir choisir entre passer ou casser

Vos psys et vos aides, ne sont pas des tout puissants, des sauveurs
Ni de grands méchants destructeurs
Ils sont juste et simplement humains
et en connaissent assez pour bien vous encadrer
Et vous guider lorsque plus rien ne va
Il faut accepter et savoir utiliser cette ressource
Jusqu’à ce qu’on arrive à assurer le relais, seul.

On peut choisir de s’arrêter au diagnostique
Et se convaincre qu’on est tellement usés, souffrants et incapables
Se plaindre indéfinimment que les autres ne nous comprennent pas
Les envoyer promener en hurlant : « comprenez-moi je suis souffrant »
Souffrant ou pas, cela n’est pas une excuse valable
Pour avoir le droit d’insulter, de blesser et d’attaquer l’autre
C’est beaucoup trop simple

Il existe une autre option, une autre route
Celle de partir à la quête, pas simple du tout qu’est celle
De chercher qui on est véritablement, profondémment
Poursuivre ce projet jusqu’au bout sans abandonner
Ni s’abandonner en cours de route
Cela est ardu, essouflant parfois même épuisant

Mais si on veut sortir du borderline, c’est pourtant là, le seul chemin
La route qui nous mène à être, à être soi.

Maintenant j’aimerais dire aux autres
Que si vous avez choisis de cotoyer, de vivre avec ces personnes
Parfois souffrantes, exaltées, parfois extrêmes dans leur intensité
Que le chemin n’en est pas un simple
Qu’on est parfois tenté de prendre en charge ou de prendre la fuite
Face à autant de douleur, de rage et de peur
Mais que ni un ni l’autre n’est véritablement une solution
Il ne faut surtout pas ni tout rejeter, ni tout endosser
La mesure n’est pas simple à trouver
On peut se retirer un moment lorsque c’en est trop
On peut aussi soutenir, être là, tenir la main de temps en temps
Cependant, c’est primordial de se rapeller une chose :
C’est la personne qui doit faire ce qu’il faut, seule
Pour elle, sa santé, sa vie.

Quoi qu’il en soit, la personne aux prises avec ces difficultés, demeure d’abord et avant tout une personne
Et si il y a une chose que je puisse vous promettre
C’est que ce chemin est rempli de surprises, d’inusité
Et qu’il est aussi riche que passionné.

Pour terminer :
La route que j’ai choisie, n’en est pas une simple
Elle est par moment complexe, difficile et douloureuse
J’ai décidé que j’en avait marre de vivre dans une discrétion sans substance
Et que je ne souhaite pas vivre dans un excacerbant envahissement
Je désire vivre mon intensité,
autant dans l'intimité que dans les échanges aux autres,
En étant moi

Un ami m’a dit récemment quelque chose comme ceci :
Tu es une fille à éclipse
Parfois heureuse comme le soleil et parfois triste comme la lune
Alors j’ai souris car cette image porte en elle-même
La dualité profonde qui me rends visite, souvent

Parfois j’en arrache, j’en arrache tellement
Il m’arrive d’avoir mal, mais tellement mal
Je suis encore par moment à me demander : vais-je casser ou passer?

Mais aujourd’hui je sais que demain sera différent
Parce que là, maintenant, j’ai mis tout en place :
Mes cadres, mes aides,
Ma ligne à vif rouge douleur que je dirige maintenant au bon endroit

Maintenant quand ça brasse, je reviens tout simplement là où ça passe
Et ce sera comme ça, le temps que j’en ai besoin pour compléter mon projet
Indépendemment du temps et de l’investissement personnel que cela prendra
Celui de me trouver, de me construire solidement
Jusqu’à ce que je sois MOI.