2011 - C'est un tableau peu rassurant, bien que se présentant comme le contraire, que dresse l'Agence nationale française de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) sur les substances chimiques toxiques dans les aliments.

Les risques apparaissent « bien maîtrisés » selon l'Anses qui a analysé quelques 20 000 produits, préparés tels qu'ils sont consommés, et le risque toxicologique de 445 substances chimiques calculés à partir des modèles d'habitudes alimentaires de différentes populations de Français établis par une étude précédente de l'Anses.

Les risques sont considérés bien maîtrisés car pour 85% des substances chimiques polluantes, le niveau d'exposition reste en deçà des seuils réglementaires et des valeurs toxicologiques du référentiel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). C'est le cas notamment des contaminants inorganiques comme le baryum, le cobalt, le nickel, des polluants organiques persistants comme le PFOA des poêles anti-adhésives, de certaines mycotoxines et de la plupart des 254 résidus de pesticides évalués.

Or, ont fait valoir le Réseau Environnement Santé (RES) et Générations futures en réaction à cette étude, ces seuils sont souvent beaucoup trop élevés et ne protègent pas suffisamment les consommateurs (en ce qui concerne les pesticides par exemple). Ils ne tiennent pas compte des expositions croisées à différents polluants, ni des expositions par voie autre qu'alimentaire.

Pour ce qui est de l'autre 15 %, moins rassurant, l'Anses indique que pour une douzaine de substances ou familles de substances, le risque de dépassement des valeurs de référence "ne peut être exclu". Il s'agit parfois d'aliments "pas nécessairement très contaminés mais très consommés". Les aliments suivants, notamment, peuvent présenter un risque:

- le pain, qui contient du cadmium, du plomb et des mycotoxines
- les pâtes, qui contiennent de l'aluminium
- le café qui contient du cuivre, de l'arsenic inorganique, acrylamide (composé formé lors de la cuisson à haute température d'aliments riches en glucides)
- le lait chez les enfants en raison de sa teneur en plomb et en arsenic inorganique
- les frites qui contiennent des mycotoxines et trop d'acrylamide
- le vin qui contient trop de sulfite, ce qui représente un risque pour les gros consommateurs
- les poissons gras qui contiennent des polluants organiques persistants (dioxines et PCB) dans 86 % des cas (bien qu'en diminution depuis 5 ans)
- le thon qui contient méthylmercure
- les crustacés et mollusques qui contiennent du plomb
- les cerises qui contiennent le pesticide diméthoate

L'Anses recommande, pour limiter l'exposition à ces polluants, de varier les aliments et de ne pas dépasser les recommandations nutrionnelles (ne pas manger trop de pain, de pâtes, de céréales, de frites, de chips - les adolescents notamment peuvent cumuler une grande consommation de tous ces aliments - ne pas abuser du café et du vin, ne pas consommer de poisson plus de deux fois par semaine, en variant les espèces et les provenances, et en limitant la consommation de certains d'entre eux.

Générations futures regrette que l'étude de l'Anses n'ait pas étudié certains contaminants comme le bisphénol A (et autres perturbateurs endocriniens), l'aspartame et les antibiotiques.

De son coté, le Dr Laurent Chevallier, nutritionniste du Réseau environnement santé (Res), regrette que le rapport de l'Anses ne fasse pas suffisamment de recommandations pour encadrer les pratiques des industriels de l'agro-alimentaire.

Psychomédia avec sources: Anses, Le Figaro, Doctissimo.
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