"Une équipe de la Faculté de médecine signe, dans l'édition du 16 février de la revue scientifique Neuron, un article qui pourrait marquer l'histoire de la recherche contre la maladie d'Alzheimer. Alain R. Simard, Denis Soulet, Genevieve Gowing, Jean-Pierre Julien et Serge Rivest y décrivent un mécanisme naturel de défense déployé par l'organisme pour contrer la dégénérescence des cellules nerveuses observée chez les personnes souffrant de cette maladie.
La maladie d'Alzheimer est caractérisée par l'accumulation de protéines amyloïdes dans le cerveau.

Ces protéines forment des dépôts ou plaques autour desquels s'agglomèrent des microglies, les cellules de défense du système nerveux central. Les microglies du cerveau semblent toutefois incapables d'éliminer ces plaques, ce qui a conduit certains chercheurs à postuler que l'action des microglies contre celles-ci provoquait une inflammation qui causait la mort des neurones. La prescription d'anti-inflammatoires aux personnes souffrant d'Alzheimer découle de cette conception de la maladie.

Pour Serge Rivest et son équipe, les microglies ne font pas partie du problème, mais bien de la solution. Dans l'étude qu'ils publient dans Neuron, les chercheurs du Centre de recherche du CHUL constatent que si les microglies du cerveau semblent effectivement peu efficaces contre les plaques d'amyloïdes, il en va tout autrement pour un autre type de microglies provenant de cellules souches de la moelle osseuse. Grâce à des tests menés à l'aide de souris transgéniques exprimant la maladie d'Alzheimer, les chercheurs ont démontré que, une fois le développement des plaques enclenché, des cellules souches de la moelle osseuse empruntent la circulation sanguine pour se rendre jusqu'au cerveau où elles se transforment en microglies voraces. Ces nouvelles cellules de défense sont attirées spécifiquement par les protéines amyloïdes les plus toxiques pour les cellules nerveuses. Elles infiltrent les plaques et parviennent à les détruire avec une efficacité que ne possèdent pas les microglies du cerveau. Les souris transgéniques dépourvues de pareilles cellules de défense sont moins aptes à contenir le développement des plaques.

La raison pour laquelle ce mécanisme ne suffit pas à contenir la maladie est l'objet de spéculation. "Le recrutement de nouvelles microglies survient à un moment clé dans la progression de la maladie, précise Serge Rivest. Au début, le mécanisme n'est pas activé, et lorsque les plaques deviennent trop abondantes, il ne suffit plus à les contenir." Selon le chercheur, les anti-inflammatoires seraient à proscrire dans les cas d'Alzheimer parce qu'ils entraveraient ce moyen naturel de défense. Au contraire, ajoute-t-il, il faut trouver moyen de stimuler le recrutement d'un plus grand nombre de microglies issues de la moelle osseuse.

Son équipe fait d'ailleurs appel au génie génétique pour fabriquer des microglies qui se fixent plus solidement aux plaques et qui sont dotées d'enzymes plus efficaces pour les détruire. "Les cellules souches proviendraient de la moelle osseuse du patient lui-même, ce qui limiterait les risques de rejet et les effets secondaires, précise Serge Rivest. Cette thérapie cellulaire ne permettra pas de prévenir l'Alzheimer, mais en limitant le développement des plaques, nous croyons qu'elle aidera les malades à conserver leur autonomie et leurs capacités cognitives. Nous croyons qu'il s'agit là d'un nouvel outil très puissant dans la lutte contre l'Alzheimer."

Source: Université Laval

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