Le trouble déficitaire de l'attention et hyperactivité (TDAH) implique deux types de symptômes, l'inattention et les comportements hyperactifs et impulsifs. Pour connaître les critères diagnoastiques du TDAH, voyez: "Qu'est-ce que le trouble déficit de l'attention et/ou hyperactivité?"

Selon Russell A. Barkley, la compréhension de ce trouble a beaucoup changé ces dernières années. Les spécialistes découvrent que DAH n'est pas un trouble de l'attention en soi comme ils l'ont longtemps cru mais plutôt un problème du développement des régions du cerveau qui sous-tendent l'inhibition et le contrôle de soi. Ce manque de contrôle affecte des fonctions importantes pour maintenir l'attention, incluant la capacité de retarder la satisfaction immédiate pour de meilleurs gains plus tard.

Les recherches de la dernière décade utilisant les nouvelles techniques d'imagerie montrent que le cortex préfrontal droit et au moins deux des ensembles de cellules nerveuses situées plus profondément dans le cerveau qui constituent les "basal ganglia" sont plus petits chez les enfants souffrant de DAH. Ces découvertes sont consistantes par rapport aux symptômes observés car ces régions sont précisément celles qui sont impliquées dans la régulation de l'attention. Le cortex préfrontal, par exemple, est impliqué dans "l'édition" du comportement, la résistance aux distractions et le développement de la conscience du temps et de soi. Les structures en cause des "basal ganglia" aident à passer de réponses automatiques à des réponses plus délibérées orchestrées par le cortex et à coordonner les inputs neurologiques des différentes régions du cortex. Certaines recherches suggèrent aussi l'implication d'une région ("the vermis region") jouant un rôle dans la régulation de la motivation. Selon les recherches, 80% des cas de DAH auraient une origine génétique et que les gènes impliqués seraient possiblement ceux qui agissent sur la dopamine, un neurotransmetteur très actif dans le cortex préfrontal et les "basal ganglia". La Ritaline ou Ritalin, efficace dans 70% à 90% des cas pour atténuer les symptômes du DAH, agit sur le transport et la capture de la dopamine.

Le contrôle de soi, c'est-à-dire la capacité d'inhiber ou retarder sa réponse motrice (et peut-être émotionnelle) initiale à un événement constitue une base nécessaire pour la performance de toute tâche. En grandissant, les enfants développent la capacité de s'engager dans des activités mentales, appelées les fonctions exécutives, qui les aident à écarter les distractions, à se rappeler leurs buts et à franchir les étapes nécessaires pour les atteindre. Par exemples, pour atteindre un but au travail ou au jeu, il faut se rappeler le but, anticiper les étapes pour réaliser ce but, garder les émotions modérées et se motiver. Si une personne ne peut inhiber les pensées et impulsions qui interfèrent, aucune de ces fonctions ne peut être exécutée avec succès.

Dans les premières années, les fonctions exécutives sont souvent effectuées de façon externe: les enfants se parlent tout haut en se rappelant une tâche ou en se questionnant. À mesure qu'ils prennent de la maturité, ils internalisent ces fonctions de telle sorte que nous ne pouvons connaître leurs pensées. Les enfants avec un DAH semblent développer plus tardivement le contrôle nécessaire pour inhiber la performance publique de ces fonctions exécutives.

Les fonctions exécutives peuvent être groupées en quatre activités mentales:

- La mémoire de travail: Elle consiste à maintenir les informations nécessaires à l'esprit pendant l'exécution d'une tâche. Elle permet de se rappeler le but, d'anticiper les étapes pour l'atteindre et d'imiter les comportements complexes et nouveaux des autres. Toutes ces habiletés sont déficientes chez les gens souffrant de DAH.

- L'internalisation du langage dirigé vers soi-même: Avant l'âge de six ans, la plupart des enfants se parlent tout haut à eux-mêmes, se rappelant comment exécuter une tâche ou résolvant un problème ("Où ai-je mis ce livre?"). À l'école primaire, ce langage évolue pour devenir un marmonnement inaudible qui disparaît habituellement vers dix ans. Le langage interne qui s'adresse à soi-même permet de se faire des réflexions, de suivre les règles et les instructions, de se questionner afin de résoudre des problèmes et de se construire des métarègles (des règles pour utiliser les règles). Une recherche montre que l'internalisation du langage dirigé vers soi est retardé chez les garçons souffrant de DAH.

- Le contrôle des émotions, de la motivation et de l'état d'activation: Ce contrôle aide à atteindre des buts en permettant de retarder ou d'altérer des réactions émotionnelles potentiellement distrayantes à un événement particulier et à générer des émotions et une motivation privées. La capacité de modérer les réactions immédiates permet des comportements plus acceptables socialement.

- La reconstitution: Elle consiste à décomposer les comportements observés en petites unités et à les combiner en nouvelles actions non apprises antérieurement. Cette capacité permet la fluidité, la flexibilité et la créativité. Elle permet aux enfants, à mesure qu'ils gagnent de la maturité, de diriger leurs comportements sur des intervalles plus longs en combinant des chaînes plus longues de comportements. Certaines études mettent en évidence que les enfants souffrant de DAH sont moins capables de reconstitution que les autres.

L'auteur suggère que, comme le langage dirigé vers soi-même, les trois autres fonctions exécutives deviennent internalisées durant le développement neurologique typique de l'enfance et que les enfants souffrant de DAH n'ont pas atteint cette habileté et manifestent ainsi trop de comportements et de langage externe. Il croit que l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité sont causés par leur difficulté à être guidés par des instructions internes et par leur inhabileté à refréner leurs comportements inappropriés.

Si le DAH est une difficulté de l'inhibition comportementale qui retarde la capacité de privatiser et d'exécuter les quatre functions exécutives, un environnement structuré pourrait constituer un complément important à un traitement médicamenteux. Les enfants pourraient être aidés par l'utilisation de méthodes qui compensent pour la faiblesse des formes internes d'informations, de règles et de motivation: par exemples, leur fournir des conséquences à leurs actions plus fréquentes et immédiates, augmenter le nombre de directives et d'indices sur les règles et les intervalles de temps, anticiper les événements pour eux, décomposer les futures tâches en plus petites étapes et utiliser des récompenses immédiates artificielles.

PsychoMédia avec source: Scientific American