De faibles concentrations d'antidépresseurs et autres médicaments psychotropes dans l'eau du robinet déclenche, chez les poissons, l'expression de gènes associés à l'autisme, selon une étude publiée dans PLoS One .

Dans la plupart des communautés, les systèmes de purification de l'eau ne peuvent pas filtrer les médicaments qui se retrouvent dans l'approvisionnement en eau potable, soulignent les chercheurs. Leur concentration est très faible mais puisqu'ils sont conçus pour agir sur le système nerveux, Michael Thomas de l'Université d'État de l'Idaho à Pocatello et ses collègues ont fait l'hypothèse que même de faibles doses pourraient affecter un fœtus en développement.

Ils ont exposé des poissons d'eau douce pendant 18 jours à un cocktail de médicaments, à cette faible concentration, incluant le thymorégulateur (stabilisateur de l'humeur, anti-épileptique) carbamazépine (Tegretol) et deux antidépresseurs de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), la fluoxétine (Prozac) et la venlafaxine (Effexor). Et ont ensuite analysé les gènes exprimés dans leur cerveau.

Alors qu'ils s'attendaient à ce que les médicaments puissent activer des gènes impliqués dans tous types de troubles neurologiques, seuls 324 gènes associés à l'autisme chez l'homme semblaient significativement modifiés. La plupart de ces gènes sont impliqués dans le développement précoce du cerveau et la formation des circuits neurologiques.

Ces résultats sont concordants avec ceux d'études précédentes qui ont trouvé que les ISRS pendant la grossesse augmentent légèrement le risque d'autisme chez l'enfant.

Pour tester si ces changements modifiaient effectivement le comportement des poissons, ils ont mené une expérience consistant à effrayer les poissons. Ceux exposés aux médicaments avaient tendance à paniquer et à se comporter différemment.

Cette étude est très préliminaire, soulignent les chercheurs qui testent actuellement si cette concentration de médicaments a un effet similaire chez les mammifères, spécifiquement les souris. Ils mènent aussi une étude pour vérifier s'il y a, dans les zones où les concentrations de médicaments sont particulièrement élevées, une plus grande expression des gènes liés à l'autisme chez les poissons et les humains.

Une étude de l'Anses publiée en février 2011, montrait notamment que les médicaments les plus fréquemment retrouvés dans l'eau du robinet en France sont la carbamazépine (Tegretol) et l'anxiolytique benzodiazépine oxazépam (Seresta, Sérax).

Psychomédia avec source: New Scientist. Tous droits réservés.