Une nouvelle molécule qui agit sur les cellules cancéreuses et métastatiques résistantes aux chimiothérapies conventionnelles a été découverte par des chercheurs français (du CNRS, du CEA, de l'Institut Curie et de l'Inserm), australiens et anglais dont les travaux sont publiés dans la revue Cancer Research.

Une grande proportion des cancers avancés s'étant propagés à plusieurs parties du corps (cancers métastatiques) devient résistante aux traitements de chimiothérapie conventionnels, ce qui limite considérablement leur efficacité. Les métastases sont à l’origine de 90% de la mortalité par cancer.

La nouvelle molécule, identifiée par Laurence Lafanechère du CNRS et ses collègues, agit sur la multiplication des cellules et sur leur mobilité, empêchant ainsi la formation de métastases.

Appelée Liminib, cette molécule est un inhibiteur sélectif de la LIM Kinase (LIMK). Cette dernière régule la dynamique du squelette interne de la cellule, constitué d'un réseau de fibres, dont les filaments d'actine et les microtubules, qui permettent à la cellule de se mouvoir et de se multiplier.

"Les microtubules sont des filaments enchevêtrés que la cellule assemble ou désassemble pour en faire des autoroutes, pour transporter tout ce qu’il faut d’un endroit à l’autre ou pour construire l’appareil mitotique, qui permet à la cellule de se diviser correctement et de distribuer comme il faut les chromosomes lors de la division", explique la chercheuse.

Liminib bloque la mobilité des cellules en stabilisant les microtubules par un mécanisme différent de celui du Taxol (paclitaxel) de la classe des taxanes et du Navelbine (vinorelbine), des médicaments de chimiothérapie qui inhibent aussi la fonction des microtubules mais provoquent de nombreux effets secondaires indésirables et, souvent, une résistance des cellules traitées.

Les chercheurs ont montré in vitro que Liminib est toxique sur plusieurs lignées cellulaires cancéreuses dont des lignées résistantes aux chimiothérapies. Une étude menée chez des souris atteintes de leucémie montre une bonne efficacité et une bonne tolérance.

Ces travaux pourraient aboutir, dans un premier temps, au développement de traitements alternatifs pour les personnes en impasse thérapeutique. "Si tout va bien, il faudra encore quatre ou cinq ans avant de pouvoir démarrer les premières études clinique chez l'Homme", précise la chercheuse. Trois options sont envisagées pour la valorisation de cette découverte : intéresser un industriel auquel une licence serait cédée, trouver une start-up existante ou créer une nouvelle start­up.

Illustration : Les microtubules sont des structures filamenteuses des cellules.

Psychomédia avec sources: CNRS, Le Dauphine. Tous droits réservés.