L'immunothérapie a été la vedette de la conférence mondiale annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) qui a réuni des dizaines de milliers de spécialistes à Chicago à la fin mai.

Les dernières années, est-il rapporté, la conférence avait largement mis en vedette les thérapies ciblées qui sont des traitements dits de précision choisis en fonction du profil moléculaire de chaque tumeur.

Alors que la chimiothérapie vise à s’attaquer directement à la tumeur avec des produits toxiques, l’immunothérapie vise à aider le système immunitaire à cibler spécifiquement les cellules cancéreuses pour les détruire.

Pendant plusieurs dizaines d'années, les efforts de recherche en immunothérapie, qui visaient à s'attaquer directement à la tumeur, ont connu des échecs. Le problème est que les cellules tumorales ont la capacité de bloquer l'action du système immunitaire. Depuis 2010, une nouvelle génération d’anticorps dits monoclonaux, produits en laboratoire, vise à inhiber ce bouclier.

Certaines de ces molécules, sur la base de leur efficacité et de la tolérance en phase III de plusieurs essais cliniques présentés au cours de cette conférence, ont obtenu une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) en France, rapporte AFP. C’est le cas du nivolumab dans le cancer du poumon et du pembrolizumab dans le mélanome.

Des résultats prometteurs ont également été présentés dans le cancer de la vessie après échec de la chimiothérapie et dans les tumeurs hépatiques.

Plusieurs molécules visant divers types de cancers devraient atteindre le marché prochainement.

Les effets indésirables « sont essentiellement digestifs et correspondent à des réactions auto-immunes », a indiqué le Dr Olivier Mir de l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) à AFP.

Malgré l'efficacité de ces traitements, a souligné le Dr Leonard Saltz en session plénière du congrès, au sujet d'une combinaison de deux immunothérapies, le nivolumab et l'ipilimumab, pour le traitement des métastases du mélanome, leur valeur en termes de coûts-bénéfices est toujours en question.

Les prix actuels pour le nivolumab et l'ipilimumab, 28,78 $ et 157,46 $ par mg respectivement, impliquent un coût total des traitements qui se situent dans les centaines de milliers de dollars.

Ces coûts reflètent une tendance à la hausse, depuis des décennies, des coûts des médicaments d'oncologie. Une tendance qu'il qualifie d'« insoutenable ». La hausse des coûts de ces médicaments, dit-il, ne reflète pas les coûts de développement, pas plus qu'ils ne contribuent à stimuler l'innovation. Les prix ne sont pas liés à la valeur du médicament mais sont plutôt basés sur les précédents, et sur ce que le vendeur estime que le marché peut supporter.

Pour commencer à changer cela, dit-il, la communauté doit commencer par reconnaître qu'il y a une limite supérieure à ce que nous payons pour traiter chaque patient pour le cancer. « Il s'agit d'une discussion très désagréable. Elle est très inconfortable », mais elle est nécessaire, dit-il.

Psychomédia avec source : La Dépêche (AFP), La Croix, ASCO.
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