La Coalition pour une intégration réussie, a été lancée le 10 mars pour réclamer une meilleure intégration des élèves en difficulté dans des classes régulières. Parmi les membres à l'origine de la coalition se trouvent l'Association des pédiatres du Québec, la Fédération autonome de l'enseignement, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), M. Gérald Boutin, professeur au Département d'éducation et formation spécialisées de l'UQÀM.

La coalition "vise à sensibiliser la population aux problèmes liés à l'intégration, telle qu'elle se pratique actuellement, des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA), et à interpeller le gouvernement pour qu'il respecte ses engagements et apporte les correctifs à une situation devenue inacceptable."

"La coalition s'appuie sur une déclaration de principes énonçant, entre autres, que la responsabilité d'accueillir les élèves incombe à l'école, et non pas nécessairement à la classe ordinaire et que la décision d'inclure un élève à la classe ordinaire doit prendre en compte le meilleur intérêt de l'élève, mais aussi l'impact de sa présence sur la réussite des autres élèves."

Des ressources devraient être ajoutées pour le dépistage précoce, l'embauche de spécialistes en orthophonie et en orthopédagogie et l'aménagement de classes spécialisées ou de classes ressources, considère la coalition.

«Les enseignants sont à bout de souffle, indique Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE). Même si la ministre reconnaît qu'on est allés trop loin dans l'intégration, les mesures tournent toujours autour de ce qui peut être ajouté dans la classe ordinaire sans ajout réel de ressources.»

«[On] est préoccupé par le manque de services disponibles pour les enfants», indique de son côté la présidente de l'Association des pédiatres du Québec, Pascale Hamel. Elle dénonce le manque criant de spécialistes, surtout d'orthophonistes, d'ergothérapeutes et de pédopsychologues, ainsi que les trop longues listes d'attente pour obtenir un diagnostic, y compris au privé. Et, «il n'est pas rare de voir des enfants qui ont un diagnostic de trouble de langage depuis l'âge de deux ans, qui finissent par entrer en maternelle sans avoir eu aucun service», note-t-elle.

Selon M. Pierre St-Germain, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), "depuis une décennie, avec sa politique de l'adaptation scolaire, le gouvernement a donné priorité à la socialisation au détriment de la mission d'instruire. Cette façon de faire a compromis la réussite d'un grand nombre d'élèves et ajouté un énorme fardeau sur la tâche des enseignantes et des enseignants. L'intégration ne peut continuer comme elle se pratique actuellement. Elle ne peut surtout pas reposer sur les seules épaules des profs. L'inclusion en classe ordinaire ne doit pas être un dogme."

Selon M. Gérald Boutin (UQÀM), "la volonté d'imposer aux enseignants des classes ordinaires le fardeau de l'inclusion de tous les élèves en difficulté se révèle contreproductive. Effectivement, les élèves en grande difficulté d'apprentissage ou de comportement requièrent une aide, un soutien, que l'enseignant de telles classes n'est pas en mesure de leur accorder, du fait notamment de sa formation. On ne peut pas lui demander, en plus d'être enseignant, de jouer le rôle d'orthopédagogue, de psychologue ou de travailleur social".

Pour Mme Marjorie Lévesque, mère de deux enfants ayant des difficultés d'apprentissage, présente au lancement de la coalition, "de l'aide par des spécialistes, ça n'existe plus et c'est inacceptable. Ces enfants devraient avoir droit à des services de dépistage précoce, des évaluations qui respectent un temps d'attente raisonnable, mais surtout, des services d'aide qui les motivent, leur redonnent confiance en eux et les aident à se créer une bonne estime de soi."

Lors d'un forum sur cette question qui s'est déroulé l'automne dernier, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, a indiqué que le débat sur l'intégration ne se résume pas à deux seuls choix - la classe spécialisée et l'intégration en classe ordinaire -, ouvrant la porte à des formules hybrides comme des «classes-répit», où l'élève est retiré du groupe ordinaire pour l'enseignement de certaines matières, indique Cyberpresse. Selon M. Saint-Germain (FAE), les classes-répit ne représentent qu'une partie de la solution. Il y a des enfants qui vont toujours avec des troubles graves de comportement, peu importe la matière. Dans certains cas, ça prend des classes spécialisées, considère-t-il.

Lors de ce forum, la ministre constatait qu'en 10 ans, l'intégration dans des classes régulières n'avait pas donné les résultats escomptés. Elle se donnait jusqu'en juin pour revoir le modèle d'intégration et établir de nouvelles orientations.

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Illustration : Site Coalition pour une intégration réussie

Psychomédia avec sources:
Fédération autonome de l'enseignement, Le Devoir, Radio-Canada, Cyberpresse
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