Un an après la mise en place par le gouvernement français d’un plan national de lutte contre les algues vertes, leur prolifération est toujours en forte augmentation.

"Cette année, toutes les conditions ont été réunies pour voir un accroissement des algues vertes, explique Alain Ménesguen, ingénieur à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer)", dont le Monde rapporte les propos. "Le soleil et la chaleur de mai leur ont permis de réaliser leur photosynthèse, puis les pluies de juin leur ont apporté tout l’azote qu’elles nécessitaient pour se développer."

Les algues vertes sont partout et en quantité, constate André Ollivro, porte-parole du collectif Urgence marées vertes. C’est la première fois que l’on en voit en Normandie, à la Baule ou en même en Vendée, avec l’île de Noirmoutier ou d’Oléron."

Selon Alain Ménesguen, "le ramassage intensif est un pis-aller (...). Il coûte très cher, il transforme les plages en chantier permanent ce qui pénalise le tourisme et il pose la question du stockage et du séchage de ces algues, qui s’avèrent dangereuses en cas de décomposition anaérobie".

"Comme on ne peut pas utiliser d’herbicide en mer (...), la seule solution pour lutter contre les algues reste donc de réduire l’excédent de fertilisation azotée des terres en diminuant soit la taille des cheptels, soit l’apport de nitrates dans l’agriculture", poursuit-il.

Mais les autorités, qui n'ont jamais cessé de délivrer des permis d'élevage, se préparent à publier des décrets et arrêtés permettant d’augmenter de 20 % les taux d'épandage du lisier.

En visite sur la presqu’île de Crozon dans le Finistère jeudi, Nicolas Sarkozy aurait déclaré : « Sur cette affaire d'algues vertes, il serait absurde de désigner des coupables, de montrer du doigt les agriculteurs qui font d'énormes progrès en la matière (…). Il y aura toujours les intégristes qui vont protester et on n'entend qu'eux. Plus c'est excessif, plus on leur donne la parole ». Il a ensuite défendu la méthode de la méthanisation qui consiste à valoriser les déchets organiques pour limiter la dispersion des nitrates.

Une solution peu prometteuse, estime cependant, l’association Eau et Rivières de Bretagne, qui a appelé le président, dans une lettre ouverte publiée avant son déplacement en Bretagne, à abandonner tout assouplissement de la règlementation sur les épandages de nitrates pour laisser priorité à la lutte contre les algues vertes: « En laissant croire que la méthanisation du lisier, qui ne supprime pas l'azote, permettrait d'éradiquer les marées vertes, le président de la République abuse l'opinion et rend un bien mauvais service à la protection du littoral ».

  • Le premier constat de pollution par l’algue verte à Saint Michel-en-Grève (Côtes d’Armor) a été fait en 1971, rapporte Le Nouvel Observateur qui publie une chronologie de 40 ans. La mort d'un joggeur sur la plage de Saint Michel-en-Grève a été attribuée à ces algues en 1989. En 2009, un camioneur transportant des algues est décédé.

Le Monde, JIM.fr, 20 minutes.fr, Le Nouvel Observateur
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