Parallèlement à la conférence annuelle de l'American Psychological Association (APA) qui se tient du 17 au 20 août à San Francisco, un groupe représentant la coalition "Psychologists for an Ethical APA" (Psychologues pour une APA éthique) organise un rassemblement pour protester contre la politique officielle de l'organisation qui permet aux psychologues de participer aux interrogatoires militaires à Guantanamo et dans d'autres établissements militaires et de la CIA où des gens soupçonnés de terrorisme sont détenus sans procès.
Dimanche un comité de l'APA votera sur un moratoire proposé sur la participation de psychologues à des interrogatoires. Une seconde résolution, rédigée par la direction de l'APA, qui liste les techniques de tortures prohibées, doit être votée dans la même session.

La coalition pense que la résolution anti-torture mise de l'avant par la direction de l'APA est trop faible. Elle souhaite que l'association fasse un pas de plus et interdise complètement la participation des psychologues aux interrogatoires.

Jusqu'à maintenant, l'APA permet aux psychologues d'apporter leur assitance pour des interrogatoires, même quand ces derniers violent la loi internationale.

"Nous espérons convaincre l'APA qu'utiliser nos connaissances pour trouver des moyens d'accroître la détresse psychologique des détenus est au-delà des limites de l'éthique professionnelle," dit la psychologue Ruth Fallenbaum. Membre de la coalition, elle a aussi travaillé pendant 11 ans avec l'organisation "Survivors International", fournissant des services de santé mentale à des réfugiés et des victimes de la torture.

"Comme les médecins, les psychologues sont supposés être engagés à ne pas faire de tort ("to do no harm")" explique la psychologue Jeanne Wolff Bernstein. "Les techniques d'interrogation coercitives peuvent être considérées comme de la torture", dit-elle. L'APA ne devrait pas tolérer ça."

Les psychologues de la coalition espèrent exercer une assez grande influence pour persuader l'organisation professionnelle de prendre une position similaire à celle prise par l'American Medical Association et l'American Psychiatric Association qui ont déclaré qu'il n'y a pas de rôle de consultation légitime auprès des services militaires dans les sites de détention illégaux comme Guantanamo.

Puisque les médecins et les psychiatres se sont exclus des interrogatoires, le Pentagone favorise le recours aux psychologues.

"Les psychologues ont été impliqués d'une manière et d'une autre dans diverses formes de torture psychologique pendant des années," dit Leonard Rubenstein, président de " Physicians for Human Rights" (Médecins pour les droits humains). Le sujet est à l'ordre du jour parce qu'il y a beaucoup de gens dans la profession qui sentent réellement que c'est l'intégralité de la profession dans son ensemble qui est en jeu".

La position de l'APA peut cependant n'avoir qu'une portée limitée sur ce qui se passe dans la réalité car les psychologues impliqués militairement peuvent ne pas être membres de l'association tout simplement.