Dans un article publié dans la revue Science, le psychologue social Jonathan Haidt, de l'Université de Virginie, expose ce qu'il considère être un "nouveau consensus" parmi les scientifiques sur les origines et les mécanismes de la moralité.

Selon Haidt les idées dans les domaines de l'évolution, de la neurologie et de la psychologie sociale s'intègrent pour supporter trois principes:
1) La primauté de l'intuition, c'est-à-dire que les émotions dirigent les jugements moraux;

2) Le raisonnement moral sert des intérêts sociaux, c'est-à-dire que les gens s'engagent généralement dans des raisonnements moraux, non pas pour saisir la vérité, mais pour persuader les autres de leur mérite et rechercher leur support;

3) La moralité relie et construit, c'est-à-dire que la moralité et les commérages sont cruciaux pour l'évolution de l'"ultrasociabilité" qui permet aux humains de vivre dans de grands groupes coopératifs.

Mettre ces trois principes ensemble force à ré-évaluer plusieurs notions à propos de nous-mêmes, dit Haidt, dont les recherches démontrent que les gens suivent généralement leur intuition et leur sentiments et font des raisonnements moraux après coups.

"Depuis le "siècle des lumières" (XVIIIe siècle) plusieurs philosophes ont célébré le pouvoir et les mérites du raisonnement froid et impartial. Malheureusement, peu de gens autres que les philosophes peuvent s'engager dans un tel raisonnement froid et honnête lorsqu'il s'agit de questions morales", considère Haidt.

"La plupart des gens se conduisent plutôt comme des avocats, dit-il, utilisant n'importe quels arguments pour défendre leur cause plutôt que comme des juges ou des scientifiques recherchant la vérité."

"Cela ne veut pas dire que nous sommes immoraux, précise-t-il, mais plutôt que les racines de la moralité sont ailleurs, dans les émotions qui nous rendent si généralement décents et coopératifs, mais voulant aussi quelquefois blesser ou tuer en défense à un principe, une personne ou un territoire."

Haidt argumente que la moralité humaine est une construction culturelle élaborée au-dessus, et contrainte par, un petit ensemble de systèmes psychologiques.

Il présente des arguments selon lesquels le libéralisme politique (gauche) s'appuierait sur deux de ces systèmes, impliquant la sensibilité émotive au mal et à la justice.

Le conservatisme construirait sa compréhension morale sur ces deux systèmes plus trois autres qui sont la sensibilité à la protection des limites du groupes, à l'autorité et à la spiritualité.

Chacun apprend un sous-ensemble seulement des vertus et valeurs humaines, "ce qui résulte en démonisation des gens avec des idéologies politiques différentes à cause de l'incapacité à apprécier les motifs moraux opérant de l'autre côté d'un conflit".

La capacité d'émotions est nécessaire au jugement moral

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