Un homme de 47 ans, Didier Jambart, un cadre de la Direction des constructions navales à Indret, près de Nantes, devenu accro aux jeux à cause de son traitement pour la maladie de Parkinson, devrait connaître dans un mois le montant de l'indemnisation que devront lui verser le laboratoire américain (80 %) fabriquant du médicament et le neurologue (20%) lui ayant prescrit le médicament.
La Commission régionale de conciliation et d'indemnisation (CRCI) des accidents médicaux a jugé que le fabricant américain avait minimisé les effets secondaires néfastes sur la notice du médicament et que le médecin a manqué à son devoir d'information.

Il est connu dans les milieux médicaux que les médicaments agonistes dopaminergiques contre la maladie de Parkinson sont liés à un risque accru d'addiction aux jeux.

Ces médicaments stimulent les récepteurs de dopamine. Le développement de l'addiction au jeu serait causé, selon certaines recherches (voir les liens proposés plus bas), par une sensibilité accrue aux résultats positifs des comportements et une sensibilité diminuée aux résultats négatifs. Alors que les pertes au jeu amènent une baisse de dopamine chez les gens en santé, la médication empêcherait cette baisse de se produire.

De façon plus générale, ces médicaments amèneraient à n'apprendre qu'à partir des conséquences positives des comportements et à ne pas tenir compte des conséquences négatives. Des cas d'achats compulsifs et d'hypersexualité sont également rapportés.

Le journal Le Monde rapporte le récit de M. Jambart. En février 2003, le traitement a fait "l'effet d'un coup de fouet" raconte-t-il. "Le médicament m'a donné une énergie folle. Du jour au lendemain, j'ai commencé à faire un footing à 5 heures du matin".

Rapidement, il est pris d'hypersexualité. Puis, à l'été 2004, alors que la posologie de son médicament est augmenté, vient la passion du jeu sur Internet. "J'ai commencé par 10 euros et je suis monté en flèche. Au mois de novembre, je perdais 10 000 euros par mois."

En un an, M. Jambart engloutit "pas loin de 150 000 euros", dilapide économies et héritages, utilise frauduleusement les numéros de cartes bancaires de ses proches : "Je ne pouvais plus résister à mes envies. Je jouais pour jouer, pas pour gagner. Toute mon euphorie passait par là. J'ai même vendu des jouets de mes enfants pour récupérer de l'argent."

Après trois tentatives de suicide, il rencontre le professeur Philippe Damier, chef du service de neurologie du CHU de Nantes, qui fait le lien entre ses déboires et le médicament. Après la modification du traitement, les troubles s'estompent. En octobre 2006, le tribunal correctionnel de Nantes a déclaré M. Jambart irresponsable de la trentaine de vols qu'il a commis. M. Jambart a été aidé par l'association Mediapark qui regroupe des malades de Parkinson. "Le cas de Didier Jambart n'est ni isolé, ni unique", relève la présidente de l'association, le Dr Anne Frobert, elle-même atteinte de cette maladie.

Son indemnisation sera fixée dans un mois. M. Jambart estime son préjudice à 400 000 euros.

Psychomédia avec sources:
Le Monde
TF1

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