En réponse à la décision du gouvernement du Québec d'autoriser Loto-Québec à développer son offre de jeu en ligne, les directeurs de santé publique des 18 régions du Québec demandent au gouvernement et à Loto-Québec de retarder le projet.

"Il semble, à ce moment, plus important de préserver la santé de la population que de se lancer de toute urgence dans l'aventure du jeu sur Internet en faisant l'économie d'une sensibilisation auprès du public", disent-ils. À cet effet, ils considèrent que "Loto-Québec ne doit porter seul la responsabilité de développer l'offre de jeu sur Internet au Québec et d'en évaluer les impacts".

"Bien que peu de Québécois s'adonnent actuellement aux jeux d'argent en ligne, cette problématique est en émergence et les plus récentes données issues de différentes études invitent à la vigilance. (...) la prévention doit primer tout autant sur les avantages économiques attendus de cette nouvelle offre de jeu", peut-on lire dans un communiqué émis jeudi le 18 février.

"Sachant que le jeu en ligne est une réalité", ils demandent au gouvernement :
    1) Le report d'au moins un an de l'implantation des jeux d'argent sur Internet afin de permettre des travaux préalables qui intégreraient :

      a) La mise sur pied d'un comité d'experts indépendants pour étudier préalablement les impacts potentiels et connus d'une augmentation ou d'une diversification de toute offre de jeu
      b) L'examen approfondi d'alternatives juridiques, technologiques et financières à l'étatisation pour protéger la population des risques pour la santé du jeu en ligne
      c) Le financement de campagnes de prévention pan-québécoise indépendantes préalables à toute augmentation ou diversification de l'offre de jeu
      d) La tenue d'études scientifiques indépendantes démontrant l'efficacité des dispositifs envisagés pour empêcher la participation des mineurs au jeu étatisé et pour endiguer l'augmentation des problèmes de jeu
      e) L'accès aux données de la société d'état à des fins de prévention et de recherche.

    2) La formation d'un Comité d'éthique sociale sur le jeu étatisé, relevant de l'Assemblée Nationale et une Commission parlementaire.

    3) Si, suite à ces travaux, le lancement est jugé sécuritaire, les activités pourraient être lancées pour une période transitoire d'une durée de deux ans pendant laquelle ses modalités de commercialisation et ses impacts seraient monitorés. Le projet serait ensuite réévalué sur la base des informations documentées de l'expérience.

    4) La création d'une politique québécoise sur les jeux d'argent, tel que proposé lors de l'implantation des Salons de jeux en 2007. Celle-ci permettrait de développer une vision globale où chaque modification à l'offre de jeu serait analysée en fonction de son impact sur le développement de problèmes de jeu.
Selon les directeurs de santé publique, les moyens annoncés par Loto-Québec n'apparaissent pas garants de la protection des joueurs, notamment en ce qui concerne le programme d'auto-exclusion.

Ils indiquent notamment que selon les données de l'Institut de la Statistique du Québec, le nombre d'élèves québécois du secondaire s'adonnant aux jeux d'argent sur Internet a doublé entre 2006 et 2008 pour atteindre près de 25000 jeunes. En Suède, où le jeu en ligne a été étatisé, les autorités de santé publique rapportent que, dans la tranche des 18-24 ans, 1 adepte sur 5 présente des problèmes de jeu.

Psychomédia avec source:
CNW Telbec (communiqué Direction de santé publique)