Une molécule, baptisée mambalgine, présente dans le venin de serpent mamba noir agirait comme un puissant antidouleur, selon une étude française publiée dans la revue Nature. Les chercheurs ont déposé un brevet en France et espèrent que des essais cliniques pourront bientôt évaluer son efficacité et son innocuité chez l'homme, rapporte Le Figaro.

Éric Lingueglia et Anne Baron ont, avec leurs collègues du Conseil national français de la recherche scientifique (CNRS) et de l'université de Nice-Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), testé la mambalgine sur la souris.

Certains canaux ioniques des membranes cellulaires, comme les canaux Asic (Acid-Sensing Ion Channels), sont impliqués dans la transmission de la douleur.

Une acidité extracellulaire (causée par une inflammation ou une lésion tissulaire), active ces canaux, ce qui contribue à la création d'un signal électrique dans les neurones sensoriels. Ce signal constitue un message qui est transmis au cerveau et qui produit une sensation de douleur. La mambalgine bloque certains Asic présents dans le système nerveux central.

Les chercheurs ont déjà découvert deux autres nouvelles molécules analgésiques: l'une présente dans le venin d'une mygale (2000) et l'autre dans le venin d'une anémone de mer (2004).

La mambalgine semble particulièrement efficace. "Elle a un effet durable contre la douleur chez les souris qui peut être aussi fort que la morphine. Elle agit à la fois sur le système nerveux périphérique et le système nerveux central", indique Anne Baron, co-auteure.

"Il n'y a pas eu de médicaments vraiment nouveaux contre la douleur au cours de la période récente. Les laboratoires ont souvent optimisé d'anciennes molécules", souligne Éric Lingueglia. La morphine a des effets secondaires parfois très préjudiciables comme des troubles digestifs qui peuvent provoquer, par exemple, des occlusions intestinales chez les personnes âgées, dit-il. Elle provoque aussi une accoutumance et ses effets analgésiques diminuent avec le temps. De plus, elle est sans effet contre la douleur de certains cancers en phase terminale ou certaines douleurs neuropathiques.

La voie d'action de la mambalgine par les canaux ioniques Asic est différente de celle utilisée par la morphine et pourrait éviter l'apparition de certains effets secondaires.

Des études sont encore nécessaires chez l'animal mais le développement d'un nouveau médicament est envisagé. Il serait réalisé par l'entreprise Theralpha dont l'un des créateurs, Michel Lazdunski, a longtemps dirigé le laboratoire de Sophia Antipolis.

Illustration : L'activation des canaux Asic par l'acidité extracellulaire contribue à la création d'un signal électrique dans les neurones sensoriels. Lequel entraîne une sensation de douleur. La mambalgine bloque certains Asic présents dans le système nerveux central. Source: CNRS

Psychomédia avec sources: CNRS, Le Figaro. Tous droits réservés.