Le gouvernement français veut encadrer les programmes des compagnies pharmaceutiques "d'aide à l'observance" des traitements médicamenteux auprès des patients. Il propose une disposition à cet effet dans le cadre du projet de loi sur le médicament.

Concrètement, voilà ce à quoi peut ressembler une aide à l'observance selon le journal Libération: «M me V, je vous appelle de la part du laboratoire X, pour voir si vous n'avez pas oublié de prendre votre médicament.» Deux jours après, nouvelle piqûre de rappel, cette fois-ci par le biais d'un SMS. Encore un peu plus tard, une infirmière va se déplacer au domicile de la personne, toujours dans le même but : «observer l'observance de la patiente» à son traitement.

Cette disposition du projet de loi a soulevé un tollé. Le syndicat MG-France (médecins généralistes) « n'accepte pas que le suivi de la prescription soit opéré par un tiers non médecin ». Le collectif des associations de malades (CISS) se dit « favorable à un encadrement des pratiques bénéficiant aux patients », mais s'inquiète de dérives commerciales. Ainsi Christian Saout, vice-président du CISS, juge-t-il « grandement suspectes les intentions du gouvernement, qui centre l'action publique sur des programmes initiés par le privé ». L'association UFC-Que Choisir l'accuse même de « céder au vieux rêve de l'industrie pharmaceutique d'entrer en communication directe avec les patients ». La Mutualité française, la revue Prescrire et le collectif Europe et Médicament s'y opposent également vivement.

Ces programmes existent en France depuis 2001. Ils visent à assister les patients quand le traitement nécessite un apprentissage - stylo injecteur, reconstitution d'une préparation -, ou quand le respect de l'observance s'avère capital. C'est le cas du Forsteo d'Eli Lilly, un traitement de l'ostéoporose dont l'efficacité implique que la cure soit suivie pendant toute la durée prévue (18 mois).

Financées par les laboratoires, les prestations sont assurées par des sociétés d'assistance qui envoient des infirmières au domicile des patients, leur téléphonent pour vérifier la prise d'un hypertenseur ou leur envoient un SMS pour rappeler une vaccination à faire. Cet accompagnement doit être au préalable initié par un médecin. Pour l'heure, seuls cinq programmes de ce type ont été validés par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), mais les demandes des laboratoires se multiplient.

« Il n'est pas question de faire des cadeaux aux laboratoires mais de mettre fin à un vide juridique », rétorque-t-on dans l'entourage du ministre de la Santé, Xavier Bertrand.

Ce dernier va déposer des amendements apportant plusieurs garanties dans la loi : les autorisations seront délivrées en cohérence avec les programmes sanitaires publics, la prescription médicale restera obligatoire, le patient devra donner son accord, aucun contact direct avec le laboratoire ne sera possible, les prestataires feront l'objet de contrôles. Et, en cas de manquement, les programmes seront suspendus et des amendes pourront être prononcées.

Et si médecins et patients subissaient des pressions diverses?

Psychomédia avec source:
Les Échos, 12 janvier 2007
Libération, 12 janvier 2007