En France, près de 800 professionnels de santé se sont associés à une lettre du collectif pour une Formation Médicale Indépendante (Formindep), adressée au Directeur Général de la Santé, M. Didier Houssin, qui s'interroge sur la recommandation de la Direction de la Santé de prescrire de manière "systématique" le médicament antiviral Tamiflu (oseltamivir) en cas de grippe, qu'ils jugent "en contradiction" avec des "données scientifiques fiables".

Contrairement à ce qui se faisait jusqu’à maintenant, le Tamiflu (oseltamivir) n'est ainsi plus réservé aux cas les plus graves de grippe A H1N1, mais doit être prescrit dès les premiers symptômes pour tous les cas. Cette recommandation, explique le Directeur Général de la Santé, dans un courrier envoyé aux médecins le 9 décembre, a été formulée « sur proposition des experts ».

Or, considère le Formindep, « ces recommandations sont en contradiction avec les données scientifiques fiables actuellement portées à notre connaissance. »

Les règles de prescriptions des médicaments doivent se conformer au résumé des caractéristiques des produits (RCP). Le chapitre 5.1 du RCP décrit l’efficacité de l’oseltamivir. Il précise que l’effet attendu en traitement curatif est une diminution de la durée de l’épisode grippal évaluée à 24 heures et qu’en traitement post-exposition le traitement diminue le risque de contamination secondaire de 6 %. Il est par ailleurs indiqué que les études auxquelles se réfèrent le RCP ne mettent en évidence aucune efficacité du médicament dans le traitement des personnes âgées de 65 ans atteintes d’ insuffisance cardiaque et respiratoire, ni chez les enfants asthmatiques.

En outre, poursuit le Formindep, « L’oseltamivir n’a jamais démontré aucun effet sur la diminution de la mortalité ni le taux d’hospitalisation des personnes atteintes d’un syndrome grippal à l’exception d’une méta-analyse entièrement contrôlée par le laboratoire Roche commercialisant le Tamiflu, dont les données brutes sont inaccessibles, et dont les résultats qui font polémique sont largement remis en cause par le British Medical Journal du 12 décembre et les membres de la Collaboration Cochrane. »

Le Formindep demande au Ministère de la santé de communiquer dans les meilleurs délais l’ensemble du texte de la recommandation, son argumentaire, et les éléments et niveaux de preuve sur lesquels elle se fonde. Il demande également de communiquer l'identité des experts ayant proposé la recommandation de prescription systématique et leurs déclarations publiques d’intérêts ainsi que l’exige la loi pour tout collaborateur de la Direction Générale de la Santé.

Psychomédia avec sources:
Formindep
Viva Presse