Les antibiotiques chez les enfants pourraient augmenter les risques d'obésité, d'allergies et d'asthme ainsi que de diabète de type 1, de maladies inflammatoires du tube digestif et de certains cancers, selon un article publié dans la revue Nature, intitulé «Arrêtez de tuer les bactéries bénéfiques».

En moyenne un enfant d'un pays développé a reçu 10 à 20 traitements d'antibiotiques avant d'atteindre l'âge adulte, selon le Pr Martin Blaser de l'Université de New York.

Or, indique-t-il, il semble qu'un traitement antibiotique, même court, peut éliminer certaines des bactéries utiles colonisant le tube digestif, ce qui pourrait avoir des conséquences sérieuses pour la santé.

Par exemple, «une seul traitement d'amoxicilline ou de macrolides, les antibiotiques les plus couramment prescrits contre les infections respiratoires et les otites infantiles, peut éradiquer les bactéries Helicobacter pylori dans 20 à 50% des cas», indique le chercheur. Ces bactéries étaient, au début du XXe siècle, dominantes dans l'estomac de la plupart des humains. Actuellement, moins de 6% des enfants américains ou européens en sont porteurs.

Les personnes non porteuses d'Helicobacter sont plus susceptibles de développer diverses allergies (asthme, rhume des foins), ont montré des études menées par le chercheur. D'autres études ont montré, par exemple, que deux hormones produites par l'estomac, la ghréline et la leptine, se comportent différemment en l'absence de cette bactérie. Cette perturbation pourrait être liée à l'obésité, ces hormones jouant un rôle dans l'appétit et la satiété.

Chez les animaux d'élevage d'ailleurs, des petites doses d'antibiotiques sont utilisées pour augmenter la croissance aux États-Unis (une pratique interdite en Europe). Cette utilisation représente la moitié des antibiotiques consommés aux États-Unis. Chez des souris, le Pr Blaser a démontré que les antibiotiques induisent des modifications des graisses tissulaires.

Enfin, des études ont suggéré que, chez les enfants, le risque de maladies inflammatoires du tube digestif était proportionnel au nombre de traitements antibiotiques reçus.

Il faudra développer, dit le chercheur, des antibiotiques qui ciblent beaucoup mieux les bactéries nocives et des probiotiques qui permettent de remplacer les bactéries bénéfiques perdues.

Psychomédia avec sources: Le Figaro, Los Angeles Times
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