Une partie du cerveau est plus volumineuse chez les personnes ayant de meilleures capacités d'introspection (ou métacognition), selon une étude publiée dans la revue Science.

Certaines personnes connaissent mieux leur fonctionnement mental que d'autres et cette étude constitue une étape pour la compréhension de la biologie sous-tendant cette composante importante de la conscience humaine, commentent les auteurs.
Certaines lésions cérébrales résultants de traumatismes ou d'accidents vasculaires cérébraux ainsi que certaines maladies éliminent des aspects de la capacité de réflexion sur soi-même (par ex., les personnes atteintes de schizophrénie qui ne sont pas conscientes d'être malades). Ces travaux constituent une étape importante pour mieux comprendre ces maladies.

L'introspection est ici définie comme étant la pensée sur la pensée. Elle consiste à porter un jugement sur ses propres pensées et actions. Dans ce sens, est souvent aussi appelée métacognition.

Stephen Fleming et Geraint Rees de l'Université College London ont, avec leurs collègues, mesuré la capacité d'introspection en mesurant la confiance de participants dans l'exactitude de jugements qu'ils portaient. L'idée étant que ceux ayant de bonnes capacités d'introspection seraient plus confiants quand ils ont raison, et plus susceptibles de douter quand ils se trompent.

Ils ont mené cette étude avec 32 personnes en bonne santé à qui ils montraient des motifs plus ou moins brillants sur un écran d'ordinateur. Le niveau de difficulté était ajusté à la capacité de chaque participant de sorte que chacun avait un niveau de réussite de 71 %.

Alors que tous les participants réussissaient aussi bien, leurs capacités d'introspection variaient considérablement.

Et, des images du cerveau montraient que la capacité d'introspection était fortement liée à la quantité de matière grise (constituée de corps cellulaires) dans une région du cortex préfrontal antérieur (voir illustrations), située derrière les yeux. Elle était aussi liée à une plus grande activité dans la matière blanche (constituée de fibres nerveuses qui permettent la communication d'une cellule à l'autre) dans cette région du cerveau.

Renforçant ces résultats, des études antérieures ont montré que la schizophrénie est associée avec un pauvre fonctionnement du cortex préfrontal, et que les accidents vasculaires cérébraux dans cette région peuvent amener une incapacité d'introspection, indique Fleming.

La corrélation n'indique toutefois pas si cette différence biologique est innée ou due à une plus grande activité introspective (due à l'entraînement). Les variations interpersonnelles sont probablement le produit d'un peu des deux, ont tendance à croire les chercheurs.

Quoiqu'il en soit, la plus grande partie de la recherche sur le cerveau à ce jour a porté sur des questions plus simples, comme la formation de la mémoire. Ces nouveaux résultats contribuent à faire la lumière sur des capacités plus sophistiquées, de niveau supérieur, commente Hakwan Lau, chercheuse en psychologie de l'Université Columbia, dans un éditorial de la revue.

Dans une autre veine de recherche qui ouvre sur l'étude de processus de haut niveau, des chercheurs en neurosciences considèrent aujourd'hui possible d'étudier des processus liés au concept de soi grâce aux avancées concernant l'activité du cerveau au repos (c'est-à-dire non mobilisé par une tâche spécifique).

Illustration 2: Matière grise en corrélation avec les capacités introspectives. Science/AAAS

Psychomédia avec sources: Scientific American, Eurekalert
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