Deux méta-analyses (c'est-à-dire qui analysent les résultats d'un ensemble de recherches) qui impliquent des milliers d'enfants et d'étudiants de niveau collégial montrent que l'anxiété a beaucoup augmenté chez les enfants et les jeunes adultes depuis les années 1950. Par exemple, les enfants normaux d'âge scolaire dans les années 1980 rapportaient autant d'anxiété que les enfants présentant des troubles psychiatriques des années 1950.

Dans ces études, le type d'anxiété considéré est la propension à être anxieux qui est un trait de personnalité relativement stable chez une personne. Ce qui est différent de l'état d'anxiété qui est une émotion vécue dans une situation particulière.

Ces recherches représentent un avancement intéressant dans le domaine de la psychologie de la personnalité car jusqu'à maintenant, l'impact des facteurs familiaux et génétiques sur la personnalité ont davantage été appréhendés par les recherches que les facteurs environnementaux impliqués, dans les présentes recherches, dans la comparaison de cohortes à différentes époques. Selon l'état actuel de la recherche dans ce domaine, les facteurs génétiques expliqueraient environ 40% de la variance dans la propension à l'anxiété et les facteurs familiaux environ 10%. Selon les présentes recherches, la différence entre les cohortes, que l'on considère comme étant due aux facteurs environnementaux, rend compte de 20% de la variance. Différents facteurs environnementaux peuvent être identifiés: le plus grand isolement amené par l'augmentation des séparations, l'augmentation de certaines menaces comme les crimes violents, la peur de la guerre nucléaire (maintenant à peu près disparue), la peur de maladies, etc. La plus grande couverture par les média contribue à une conscience plus grande des différentes menaces.

Par ailleurs, le choix de la propension à l'anxiété comme trait étudié est intéressant car selon une méta-analyse récente, parmi les cinq grands facteurs de la personnalité ("Big five"), le neurotisme (étroitement relié à l'anxiété) est le plus fort prédicteur de satisfaction, de bonheur ou d'affects négatifs. D'ailleurs selon l'auteur de ces recherches, il faut prévoir pour les prochaines décennies une augmentation des dépressions (auxquelles l'anxiété prédispose) et des maladies reliées à l'anxiété (asthme, colon irritable, ulcères, maladies coronariennes, etc.).

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