Étonné(e) de ne pas entendre parler davantage des conséquences pour la santé de l'accident nucléaire de Fukushima? Le collectif d'associations OMS Indépendante (Independent WHO) dénonce une raison qui soutendrait ce silence.

Il dénonce un conflit d’intérêts entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Il réclame la révision de l’Accord “WHA 12-40” signé en 1959 qui inféode l’OMS à l’AIEA en cas d’accident nucléaire. L’OMS se retrouve "pieds et poings liés, dans l’impossibilité d’accomplir sa mission et de venir en aide aux victimes".

Ainsi sur ce sujet, affirme le collectif, l’OMS ne fournit pas l’information essentielle, n’entreprend pas les actions appropriées comme l’exige sa constitution afin "d’amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible".

Tous les jours ouvrables, depuis le 26 avril 2007, la Vigie d’Hippocrate soutenue par le collectif, est présente devant le siège de l’OMS à Genève, rapporte La Tribune de Genève.

«L’OMS ne dénombre qu’une cinquantaine de morts attribuables à Tchernobyl. Auxquels elle ajoute 4000 décès à terme. Le sort des 800 000 liquidateurs n’est pas pris en compte», dénonce Alison Katz, du collectif, dont les propos sont rapportés par le quotidien.

«En cas d’accident nucléaire, l’AIEA est seule compétente, l’OMS ne s’en mêle pas. En 1986, lors de l’accident de Tchernobyl, les victimes des radiations ont été abandonnées à leur sort, alors même que les systèmes de santé russe, biélorusse et ukrainien étaient en pleine déliquescence. L’OMS a des milliers de morts sur la conscience, autant de personnes qui auraient pu être sauvées. Aujourd’hui avec Fukushima, c’est pareil, ils ne font rien! Alors que pour un poulet mort, on débloque des dizaines de millions de francs», s'indigne Jean Ziegler, membre du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

Alors que la Vigie d’Hippocrate entame cette semaine sa cinquième année de piquet, pour la première fois, Margaret Chan, la directrice de l’OMS, leur a demandé une entrevue qui est prévue pour mercredi le 4 mai.

Plusieurs scientifiques et personnalités ont participé à cette vigie.

Les associations fondatrices du collectif, en 2006, sont les Enfants de Tchernobyl – Bélarus, P.S.R. / I.P.P.N.W., People’s Health Movement, la CRIIRAD, le Réseau Sortir du Nucléaire, Brut de Béton Production, ContrAtom et Sortir du Nucléaire – Loire et Vilaine.

Dans un article publié le 6 avril, Rue89 interviewait Michel Fernex, professeur émérite à l'université de Bâle, ancien membre d'un comité directeur à l'OMS et ancien président de l'association Enfants de Tchernobyl-Bélarus, sur cet accord entre l'OMS et AIEA, l'action de l'OMS et les impacts pour la santé de l'accident de Tchernobyl.

Illustration : Mme Danielle Mitterand devant le siège de l'OMS, le 28 mars 2008. Collectif OMS Indépendante.

Psychomédia avec sources: Tribune de Genève, Collectif OMS Indépendante.
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